Tout juste après l'indépendance du pays, le secteur du tourisme n'a pas pu échapper, lui aussi, aux nationalisations circonstancielles plutôt que dogmatiques et sa gestion était confiée à des gestionnaires-fonctionnaires. C'était un grand défi pour des gens mal préparés et avec peu d'imagination. A ce moment-là, l'Algérie s'est trouvée avec quelques hôtels classés çà et là, et plus spécialement à Alger, Oran, Constantine et Annaba. Pour pallier les besoins les plus urgents et recevoir dignement ses hôtes de marque, l'hôtel Aurassi est construit pour la circonstance. Suivent dans les années 1970 la réalisation des complexes touristiques à Zéralda, Sidi Fredj, les Andalouses, Seraidi et d'autres stations thermales. Des bijoux architecturaux conçus pour le tourisme de masse se sont avérés avec le temps trop exigus et envahis pendant la période estivale par des milliers de vacanciers. La massification de la demande insatisfaite a tué une fois pour toutes les traditions d'accueil et le savoir-faire acquis pendant une dizaine d'années. Depuis, l'Algérien semble perdu pour s'offrir ou offrir à ses enfants et à sa famille des vacances dignes. Quoique des dizaines de stations estivales aient été construites par des investisseurs privés, la demande reste encore énorme. La loi du marché aidant, des prix astronomiques sont pratiqués pour un service de qualité très médiocre que ce soit pour le gîte, la restauration ou les distractions. Pour des prix beaucoup moins chers, les Algériens partent au Maroc, en Tunisie, en Turquie ou en Espagne et au Portugal, pour passer de vraies vacances et garder de beaux souvenirs. Une armada de ministres est passée par le secteur. Ils ont tous échoué à trouver des solutions pour réanimer le corps comateux. L'Algérien est un grand voyageur, connaisseur et au fait de la réalité et de ce qui se fait ailleurs et chez les voisins, il n'est pas satisfait de l'offre interne et s'il y va, ce n'est que par contrainte et sans enthousiasme. Des pays comme la France reçoivent l'équivalent de leur population en touristes chaque année. Le Maroc a créé un produit avec des moyens inimaginables : des gîtes exotiques chez le propriétaire dans des gourbis en torchis, sans électricité, sans eau courante, sans sanitaires, perdus dans la montagne et accessibles seulement par des pistes où l'on sert des plats typiquement marocains, dans une ambiance festive et folklorique très appréciée des touristes occidentaux à qui on vend des produits de l'artisanat, de l'huile d'argan, du safran et de l'extase...La semaine dernière, s'est tenue à Madrid du 20 au 24 janvier 2016, la foire internationale du tourisme «FITUR», toutes les grandes nations du tourisme étaient présentes pour promouvoir leurs produits (et les nôtres que proposent-ils ??). Les Jordaniens et les Marocains étaient des plus actifs. Ces derniers étaient représentés par une centaine de jeunes très professionnels, percutants et très engagés dans un méga-projet touristique qui sera réalisé à Zagora au sud de Marrakech. Alors qu'en Algérie de 2016, le décor de nos villes est fait de poubelles pleines, jonchant des trottoirs sales, cernant de jolis lampadaires payés cher avec du pétrole, quand trouver des sanisettes publiques relèverait du miracle. N'a-t-on pas pensé aux femmes et aux jeunes filles qui peuvent avoir des malaises dans la rue ? Nos maires ne savent-ils pas qu'il existe aussi des gens étrangers venus dans leurs villes et qui pourraient être contraints de faire leur besoins naturels sur la place publique ? Comment des responsables projettent-ils de diversifier l'économie et de développer le tourisme s'ils sont incapables de créer les rudiments du tourisme qui commencent par l'accueil aux ports et aéroports ? Le chemin est long et les mentalités restent figées, sans perspectives pour améliorer et changer le cours des choses. Comme dit le vieil homme : «Celui qui ne sait pas garder ses enfants, ne peut pas séduire ceux des autres».