Malgré le fait que nous sommes en période dite basse saison cet hôtel, situé sur la côte ouest de la capitale tunisienne, affiche presque complet. En plus des clients algériens, des touristes espagnols, italiens et français ont opté pour la destination Tunisie pour passer les fêtes de fin d'année. En Tunisie, l'industrie du tourisme est une machine bien huilée. Une industrie qui rapporte, en termes de devises, et qui crée beaucoup d'emplois. En cette soirée du réveillon, une armée de serveurs, bien encadrée par des maîtres d'hôtels, a assuré un service irréprochable pour plus de 650 clients. Le dîner du réveillon, qui a débuté à 21h, n'a pris fin qu'à une heure du matin. Et à aucun moment les serveurs de l'hôtel n'ont failli à leur mission, ni à la qualité de service qu'ils fournissent à la clientèle. Ici, les enfants sont des rois. L'hôtel leur offre des jouets et des distractions, et ils peuvent se déplacer là où ils veulent, sans être réprimandés. «Nous aurions aimé passé les fêtes de fin d'année chez nous, en Algérie. Mais, malheureusement, dans notre pays il est difficile de trouver une structure hôtelière qui puisse nous proposer un séjour avec un service qualité-prix qui égale ce que nous offre la Tunisie», nous dira un père de famille originaire de Annaba. L'hôtel où nous sommes descendus est un vrai complexe touristique intégré. Il compte près de 570 chambres avec plusieurs suites. Cette infrastructure donne sur une immense plage, qui va de Carthage à la commune d'El Marsa, en passant par le village touristique de Sidi Bousaïd. L'hôtel dispose, aussi, de quatre restaurants, dont le plus grand à une capacité de 900 places. Deux bars, un night club et un café maure, dans la pure tradition maghrébine, complètent la partie distraction. Pour les séjours d'affaires, l'hôtel offre une salle de congrès de 700 places. Cette infrastructure est dotée d'une piscine extérieure et d'une piscine couverte, chauffée en hiver. Sans oublier un bassin pour enfants. Enfin, l'hôtel propose plusieurs autres activités, comme le tir à l'arc, tennis, billard, pétanque et sports nautiques, durant la saison estivale. L'hôtel dispose, aussi, d'un mini golf, tandis que, pas très loin de là, les touristes ont à leur disposition le terrain de golf de Carthage, aux normes internationales. Il est important de rappeler que la Tunisie a réaliser huit terrains de golf. «Il est anormal qu'un pays, comme l'Algérie, ne dispose d'aucun terrain de golf digne de ce nom», fera remarquer un homme d'affaires algérien, en vacances en Tunisie. Avant d'ajouter «dans notre pays, nous avons un corps diplomatique et de nombreux dirigeants d'entreprises étrangères et algériennes, y compris dans le secteur pétrolier, qui aimeraient bien faire une partie de golf une fois par semaine. Malheureusement, ces personnalités doivent se déplacer en Tunisie, ou au Maroc, pour jouer au golf. Et ce sont nos voisins, tunisiens et marocains, qui bénéficient des retombées financières des déplacements de ces touristes, au détriment de l'Algérie». Dans tous les projets touristiques en réalisation actuellement, en Algérie, aucun, à notre connaissance, n'a inclus un espace dédié au golf. Pourtant, dans certaines régions à fortes potentialités touristiques, à l'exemple du grand Sud algérien, la disponibilité de vastes terrains et l'abondance des ressources en eau encouragent la réalisation d'une telle infrastructure. «Quand il fait très froid dans l'hémisphère Nord de la planète, les mordus du golf sont prêts à payer un prix fort pour faire une partie de ce sport sous un soleil radieux dans l'hémisphère Sud. Les Algériens doivent saisir ce genres d'opportunité pour développer le tourisme dans leur pays», nous dira un touriste allemand. Tous les atouts sont utilisés pour attirer la clientèle L'autre attrait de l'hôtel, la thalassothérapie. Le centre comprend une trentaine de cabines de soins, une piscine intérieure d'eau de mer, un hammam, et deux saunas. Pas moins de 130 curistes peuvent être pris en charge quotidiennement. Les équipements dont est doté ce centre sont au diapason de ce qui existe ailleurs dans le monde. Et les prix proposés à la clientèle ne sont pas très élevés. Une cure commence à partir de 22 euros (2 500 dinars algériens), tandis qu'une prestation totale de remise en forme est payée à 80 euros, soit l'équivalent de 9 000 dinars. Beaucoup de touristes étrangers viennent ici pour faire des cures de remise en forme à bon marché. «Les prix pratiqués en Europe pour de telles prestations sont très élevés», explique un technicien en massage. Avant d'ajouter «notre clientèle est surtout composée, en basse saison, de retraités. Les prix pratiqués par l'hôtel sont très attractifs. Et comme vous le constatez, vous pouvez passer un week-end ici et profiter de la thalassothérapie à un prix très abordable». En Algérie, il n'existe qu'un seul centre, celui de Sidi Fredj, et il est devenu obsolète. En Tunisie, presque chaque grand hôtel situé en bordure de mer est doté d'un centre de thalassothérapie», explique un curiste algérien. Les prix, compétitifs, concernent aussi les chambres. En basse saison, une chambre double, en demi-pension, est louée à 130 dinars tunisiens, soit l'équivalent de 80 euros (9 900 dinars algériens). «Comme vous le constatez, et proportionnellement à la qualité des services hôteliers fournis en Tunisie, les prix pratiqués par les hôtels, en cette saison, sont largement compétitifs, par rapport à ce qui se pratique en Algérie», dira un touriste originaire de Tébessa. Avant d'ajouter «à partir de Annaba, de Constantine, de Souk Ahras, ou de Tébessa, nous pouvons nous rendre, en voiture, en Tunisie pour passer quelques jours de vacances. Ce qui nous permet d'économiser le prix des billets d'avion. Surtout quand on a des enfants». Pour les fêtes de fin d'année, l'hôtel propose un diner spécial, pour une centaine de dinars tunisiens par personne, soit l'équivalent de 54 euros (6 000 dinars). Boissons non comprises. En ces vacances de fin d'année ils étaient, selon certaines sources, près de 20 000 Algériens à avoir fait le déplacement en Tunisie. Beaucoup sont venus par l'intermédiaire des agences de voyage activant en Algérie. Et, à première vue, la destination Tunisie est très rentable pour ces agences. Ainsi, un séjour de quatre nuitées, diner de fin d'année compris, pour un couple, a été payé à 62 000 dinars algériens (563 euros). Calculé sur la base des prix pratiqués par l'hôtel, le séjour n'a coûté que 384 euros. L'agence a, finalement, engrangé un bénéfice, net, de 180 euros sur chaque couple qui se rend en Tunisie. Ce qui est énorme. Et les dépenses des touristes ne s'arrêtent pas là. A la réception de l'hôtel, se trouve un bureau de change. La cotation de la Banque de Tunisie est affichée sur un tableau électronique, en temps réel. La direction de l'hôtel ne prend aucune taxe sur les opérations de change. Et le touriste n'a pas besoin de se déplacer à l'extérieur pour se fournir en liquidités. Les hôtels sont devenus d'importants pourvoyeurs, en devises, de l'économie tunisienne. La stratégie de rentabilité du secteur touristique va plus loin, en Tunisie. L'hôtel ne vend que des produits, made in Tunisie. Parmi ces produits, nous trouvons l'eau minérale, les jus, les boissons non alcoolisées, et alcoolisées, que les clients doivent payer à table. Le tourisme, en Tunisie, est un important soutien pour l'agriculture de ce pays. «On sait, par exemple, qu'il est difficile, pour beaucoup de pays, de placer leurs vins ou leurs jus sur le marché international. Quand un touriste commande une bouteille de bière, ou de vin, et qu'il consomme des fruits et légumes qu'il paie en devises, c'est comme si la Tunisie a exporté ces produits», dira un économiste. Une explication qui nous a arraché un sourire quand on sait qu'un grand hôtel à Alger, dépendant d'une célèbre chaîne internationale, proposait à ses clients du poisson importé. Les gérants de cet hôtel ne savaient, peut-être pas, que le meilleur poisson frais est méditerranéen et ne pouvait provenir que des ports de pêche algériens. Le tourisme, un pilier de l'économie Sidi Boussaïd, village touristique, situé à quelques kilomètres des localités résidentielles de Carthage et d'El Marsa. En ce début d'année 2010, nombreux étaient les touristes étrangers à visiter les lieux et à s'attabler dans les mythiques cafés maures de ce village. Nous prenons un thé dans un café qui surplombe la marina de Sidi Boussaïd. «Les autorités tunisiennes veillent à ce que le village de Sidi Boussaïd préserve son cachet architectural traditionnel. Aucune construction, qui n'est pas adaptée au cachet de ce village, n'est tolérée», explique notre guide. En bas de la falaise, le port de plaisance de Sidi Boussaïd. Un bon nombre des bateaux de plaisances qui y stationnent viennent des pays européens. «L'investissement dans ce genres d'infrastructures est devenu très rentable. La Tunisie a compris que les prix élevés pratiqués par les ports de plaisance européens obligeraient les propriétaires de bateaux de plaisance, et de voiliers, à chercher dans d'autres pays de la rive Sud de la méditerranée des ports moins chers. Un nombre, de plus en plus important, de propriétaires européens de bateaux de plaisance louent des espaces dans les innombrables ports de plaisance construits ces dernières années en Tunisie et au Maroc», dira notre interlocuteur. En Tunisie, tout investissement dans les infrastructures de base, dans l'immobilier où dans l'activité commerciale, est rentabilisé grâce au tourisme. (A suivre)