Béjaïa reste l'une des wilayas les plus visitées dans le pays. Mais sa réputation pâtit de son incapacité à surmonter un cumul de handicaps «fruit» de l'absence d'une politique touristique centrale digne de ce nom. Son littoral a toujours été l'une des premières destinations nationales en période estivale. Mais à l'instar de tout le pays, son champ d'attractivité ne dépasse pas les frontières de l'Algérie. La capitale des Hamadites est loin de rivaliser avec la dernière ville côtière tunisienne ou marocaine. L'an dernier, Béjaïa n'a pu offrir qu'un demi-million de nuitées aux estivants, soit dix fois moins que ce qu'offre, en moyenne, une ville côtière marocaine comme Agadir. Les touristes sont tous ou presque des nationaux, dont une minorité constituée de la clientèle émigrée. Le tourisme est l'une des premières activités économiques, avec son lot de recettes et d'emplois directs notamment durant la saison estivale. L'on estime que le tourisme emploie un actif sur 5 dans la ville de Béjaïa, dans les secteurs d'activité directement liés au tourisme ou dans les domaines concernés par la fréquentation touristique (restauration, alimentation…). Ville accueillante, ouverte sur la mer, offrant de plus majestueux sites naturels, Béjaïa n'attire pourtant pas suffisamment de touristes. Elle dispose pourtant d'atouts lui permettant de proposer une large palette d'activités, en hiver et tout au long de l'année. La diversité et la richesse des milieux sont assurément les atouts les plus caractéristiques de la destination Béjaïa : littoral, montagne, rivières, plaines et autres paysages ruraux. Ses points forts sont, avant tout, la beauté et la variété de ses paysages et la richesse de son patrimoine culturel, historique et naturel. En témoignent ses célébrissimes sites féeriques comme Pic des singes, cap Carbon, le mont Gouraya, la Grotte d'Aokas, l'île des Pisans, des monuments et sites historiques et surtout ses 45 plages à la beauté qui n'est plus à prouver ainsi que d'autres joyaux naturels. Ces atouts demeurent, en revanche, sous-exploités. Un handicap de taille la contraint –et c'est peu dire- à se contenter de n'assurer que de modestes prestations : l'offre d'accueil est loin d'être satisfaisante. En clair : la qualité de l'offre touristique est loin d'être à la hauteur. «Le tourisme à Béjaïa fait d'abord face à une double contrainte : l'espace (concentration exclusive sur la côte littorale et le temps (l'affluence est réduite à la période estivale uniquement) », relève, M. Souidani, enseignant universitaire. 120 établissements d'hébergement Cette région, hélas, est exclusivement une destination littorale. L'hôtellerie à Béjaïa est marquée par la saisonnalité, l'été étant la seule période à forte fréquentation. « Les hôtels, restaurants et tous les maillons de la chaîne touristique doivent impérativement s'adapter aux besoins de ses visiteurs qui sont de plus en plus exigeants », plaide un élu de l'APW d'obédience FFS. Les prestations offertes par les hôtels, les campings et les chambres d'hôte sont trop modestes quand elles ne sont pas carrément médiocres. La wilaya ne compte, en tout et pour tout, que 120 établissements d'hébergement (hôtels, campings et centres de vacances). Béjaïa ne compte qu'une vingtaine d'hôtels balnéaires et un peu plus en modestes établissements d'hébergement urbains. La carence infrastructurelle est criarde notamment dans le haut standing. Béjaïa ne compte aucun hôtel classé haut de gamme. Aucune chaîne hôtelière n'est pour le moment implantée à Béjaïa. Le Sheraton, Ibis et autres grandes enseignes, pour l'heure, boudent cette région et son littoral. Moins d'une dizaine de petits hôtels ont ouvert leurs portes depuis dix ans. Une quarantaine d'hôtels sont en projet. Des projets qui traînent en longueur malgré les annonces des facilités à l'investissement. Autre maillon faible : le tourisme de montagne est inexistant. La wilaya ne dispose d'aucun gîte rural. Pourtant, Béjaïa compte de magnifiques sites montagneux inexploités, à l'image d'Ichalaten, Ifri, Akfadou, Adkar, Toudja, Tizi N'Berber et bien d'autres. Les seuls sites exploités sont la promenade du parc de Gouraya (pour les randonnées) et le village Djoua. En outre, aucun professionnel de la randonnée n'est à dénombré. Aucun hébergement spécialisé, non plus. La mise en marché de l'offre de randonnée reste à faire. Bureaucratie à Alger Le transport constitue aussi une lacune. Les transports en commun, censés amener les visiteurs, sont totalement défaillants. Le rail est un secteur à l'abandon. Une seule desserte quotidienne par autorail sur Alger assure le service. Mais ce train affiche souvent complet. Béjaïa attend impatiemment l'aboutissement du projet de modernisation de la voie ferrée la reliant à la capitale et surtout la mise en chantier du projet de la pénétrante autoroutière. Deux projets en proie à une grande bureaucratie à Alger. M. Souidani estime aussi que «le tourisme social, qui propose une offre de vacances à des populations à revenus modestes, gagnerait à améliorer ses prestations». Ce parc représente 40 campings (15 000 lits), 10 centres de vacances (2500 lits), 15 écoles que l'on transforme en lieux d'hébergement durant l'été, trois centres de la DAS, deux auberges de jeunesse (155 lits) et une maison de jeune (120 lits), soit un total de près de 22 000 lits. Côté thermalisme, Béjaïa dispose de trois piètres stations thermales. Aucune d'entre elles ne dispose de commodités minimales tant en matière d'infrastructures que d'hygiène. Pour autant, la thalassothérapie profiterait d'un meilleur niveau de service. Enfin, ces dernières années, le ministère en charge du Tourisme s'est distingué par sa promesse de faire ériger des villages touristiques d'excellence. Une quinzaine de porteurs de projets se sont manifestés pour réaliser des villages d'excellence sur les 11 zones d'extension touristiques (ZET), totalisant 102 hectares. Parmi eux, figure un projet du groupe Cevital (qui prévoit de réaliser un village touristique de haut standing de 2 600 lits sur 26 ha). L'on attend toujours le lancement des procédures de la concession des terrains. Béjaïa à l'instar de toute l'Algérie attend impatiemment l'avènement d'une salutaire politique touristique digne de ce nom.