Rien n'est pire que l'immobilisme !Aujourd'hui, plus que jamais, le remaniement ministériel, voire le changement de Premier ministre et la Constitution semblent étroitement liés. Et la semaine qui vient, promet d'être riche en annonces. La constitution sera, certainement, endossée par le parlement ce dimanche ; et comment ne le serait-elle pas ? A titre de comparaison, la loi de finances, si décriée, a été votée par une majorité écrasante : 513 voix ! Quant à la démission d'Abdelmalek Sellal, elle apparait comme une évidence pour les observateurs qui pensent qu'il est tenu de respecter les formes et de s'en remettre au président dans la conjoncture présente. A ce dernier de décider de son sort : sa reconduction ou son départ. Dans la deuxième hypothèse, son successeur éventuel -qui ne sera pas, automatiquement, issu de la majorité- n'aura pas à se poser la moindre question : il appliquera le programme du président de la République ! Mais à quoi ça sert de changer de premier ministre si le président de la République ne change pas son programme ? Là n'est pas le problème, rétorquent certains. La formalité d'adoption de la constitution accomplie, le président Bouteflika devra, probablement, reconsidérer la composition du gouvernement et nommer un premier ministre. Il faut, tout de même, avoir l'objectivité de le reconnaitre, le premier ministre n'est, en définitive, qu'une courroie de transmission du programme choisi et imposé par le président Bouteflika. Il en sera autrement, plus tard, peut-être, dans un cas de cohabitation ou là, le premier ministre venant de l'opposition installée à l'APN, aura une assez grande liberté de décision. Mais, techniquement parlant, qu'est-ce qu'un remaniement ministériel ? Cela consiste à modifier la composition du gouvernement, sans pour autant provoquer sa démission ; selon son ampleur, il sera gratifié de politique lorsqu'il est important, ou de technique s'il est confiné dans des proportions réduites. Il peut prendre trois formes : 1. un ou plusieurs ministres souhaitent quitter le gouvernement, parce qu'ils se sont présentés, avec succès, à une élection ou parce qu'ils veulent tout simplement, être déchargés complètement de leurs fonctions pour raisons personnelles, 2. un membre du gouvernement peut être révoqué, après avoir commis une grave faute politique ou autre impair rédhibitoire, l'empêchant de poursuivre son action au sein du gouvernement, 3. le remaniement peut avoir une portée plus grande et se produit : soit lorsque le gouvernement est en place depuis quelques années et que le besoin de changement semble avéré. soit lorsqu'il essuie de fortes critiques de l'opinion publique ; dans cette optique, l'ampleur des changements est alors non seulement importante mais, également, fortement médiatisée afin d'adresser un message de renouveau aux observateurs et à l'opinion publique. soit, au lendemain de l'adoption d'une nouvelle constitution où le premier ministre démissionne ainsi que son gouvernement. En France, François Hollande vient d'évoquer, volontairement, l'hypothèse d'un remaniement, pour mettre d'abord la pression sur ses ministres. Il a commencé par pourvoir, déjà, le poste laissé vacant suite à la démission de Christiane Taubira, la garde des sceaux. Se voulant rassurant, il a affirmé ensuite que le changement de gouvernement n'était pas d'actualité, voulant ainsi mettre un terme à la panique qui avait saisie son équipe gouvernementale qu'il a délibérément déstabilisée. C'était sa stratégie de départ. Il lui fallait donc, ré-stabiliser et rassurer. Il a donc refermé la parenthèse qu'il avait ouvert avec son annonce «oui, un remaniement est possible, mais pas aujourd'hui» en engrangeant tous les dividendes possibles : ses ministres sont depuis sous pression, positive ou négative, c'est selon ; tous travaillent davantage, sachant que leur destin est entre les mains du président. Selon les politologues, cette façon d'agir constitue une forme de management utile, au besoin par le stress et la pression, l'équipe ministérielle française après avoir été rassurée sur les intentions du président de ne pas brusquer le changement, s'est remise sérieusement à la tâche, tout en prenant acte de l'avertissement qui lui a été infligé et peut-être même penser à rattraper le temps perdu et corriger ce qui peut l'être. S'il arrive aussi que des rumeurs de remaniement s'avèrent totalement non fondées, il reste néanmoins, qu'après l'adoption d'une constitution même amendée, et c'est le cas en Algérie, un remaniement, fut-il minimal, soit nécessaire ! Par le passé, nos gouvernements battaient des records de longévité ! Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et les ministres, notamment technocrates, se suivent et se ressemblent. Ils n'arrivent toujours pas à impacter, positivement, la vie économique et sociale ! On leur reproche des sorties hasardeuses, des déclarations intempestives, leur langue de bois, des promesses non tenues et surtout de mentir au chef de l'Etat en enjolivant leurs bilans. A sa décharge, il faut dire aussi que le premier ministre actuel a été amené, peut-être, a composer avec certains ministres dont il aimerait, maintenant, s'en séparer pour des raisons d'homogénéité de son staff, pour rester dans le politiquement correct ; ou crise oblige, pour apporter quelques correctifs à son équipe gouvernementale dont la majorité éprouve d'énormes difficultés à suivre le rythme imposé par la conjoncture. Trop tard, peut-être pas. Encore, faut-il que le président accepte de le reconduire dans ses fonctions, une 5ème fois, un record absolu ! Avec la crise, Sellal a compris, peut-être, que le pays doit bouger et aussi relancer son secteur industriel ; qu'il lui faut aussi identifier et concrétiser toutes les opportunités en termes de relèvement de la croissance et de création d'emploi. Seulement voilà, beaucoup de ministres sont à «la ramasse»: L'éducation nationale qui reste l'otage des chocs idéologiques. Une décennie s'est écoulée sans que le système éducatif n'en sorte bonifié. La fonction pédagogique de l'enseignant est reléguée, le programme n'a pas été réformé et la bureaucratie a phagocyté le système éducatif. Sans compter les syndicats qui imposent leur diktat. La santé ou le bras de fer persiste entre un responsable, peu ou prou, enclin au dialogue, mettant en avant des menaces de sanctions contre les gestionnaires et les syndicalistes, ces derniers, répondant par des mouvements de grève qui pénalisent les malades. L'agriculture où règne un optimisme béat malgré la facture d'importation du blé de l'ordre de 400.000 à 500.000 tonnes, ce qui aurait fait grimper le prix de la tonne d'un euro à 207 euros (270 USD ) au niveau de la bourse de Paris, selon les traders. Les besoins de l'Algérie en céréales sont estimés à 800.000 de tonnes, elle qui n'en produit que 5,12 millions (campagne 2011/2012). Le transport et l'Energie, très peu diserts sur l'action de leur département La pêche qui ne se préoccupe même pas de prélever son quota de thon ! Ou la solidarité nationale dont l'efficacité n'est pas évidente La culture, la jeunesse et le sport où des budgets faramineux sont engloutis sans résultats probants il y a aussi les ministères dont la vocation première est normalement de créer de l'emploi, comme le ministère du même nom ou celui du tourisme. On les entend très peu intervenir sur ce registre. Il en est de même du ministère de l'enseignement et de la formation professionnelle qui apparemment n'a pas réussi encore à mettre en adéquation le triptyque formation-emploi-besoins du marché, à telle enseigne que le ministre de l'habitat, lui qui au moins, a redonné vie à tous les programmes en veilleuse, se plaint de ne pas pouvoir disposer d'entreprises nationales compétitives, techniquement et humainement, à même de prendre en charge son programme. Le ministère de l'industrie qui arrive tout de même à tirer son épingle du jeu, mais qui gagnerait à favoriser l'émergence d'un tissu industriel diversifié constitué de PMI/PME innovantes, compétitives où les hydrocarbures ne contribueront alors, qu'à hauteur de 40% de la prospérité nationale. Le ministère des finances qui a fort à faire en ces moments de disettes ; il vient d'engager son joker dans l'opération de bancarisation de l'informel qui n'a pas atteint le rythme souhaité. Le gouvernement devra réfléchir, selon les experts, sur un autre moyen pour capter tout cet argent au besoin en recourant au changement des billets de banque. Mais pour l'instant, les regards sont braqués sur Abdelmalek Sellal : partira, partira pas ? Les spéculations vont bon train. De tous les noms qui sont avancés pour le remplacer, figure celui d'Ahmed Ouyahia, l'actuel directeur de cabinet de la présidence de la République. C'est vrai que sa côte est au plus haut, lui qui, en plus de son expérience comme chef de gouvernement, a été aux manettes des discussions autour du projet de la constitution. L'homme n'a de cesse de renouveler sa fidélité au président et aussi son inimitié à Amar Saâdani. Ce qui va déplaire au président qui sera tenté de voir ailleurs ! Du côté de Youcef Yousfi, par exemple ? Grillé lui aussi par la faute de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs qui l'a adoubé et qui n'est plus, elle-même, en odeur de sainteté. Il y a aussi Abdeslam Bouchouareb, de retour de Davos où il a soigné son image d'homme d'Etat. Son nom a été évoqué, mais, connaissant son aversion bien connue et plusieurs fois déclarée à Louisa Hanoune, encore elle, il apparait risqué, aujourd'hui, de le désigner à ce poste au regard des commentaires qui vont suivre. Il est évident que le président Bouteflika recherche comme premier ministre, une personnalité qui ne lui fera pas d'ombre. Et s'il en est un qui convienne, il risque de ne pas être plus efficace que le tenant actuel du poste, crise économique oblige ! C'est ce qui accrédite, aux yeux de certains, la thèse de reconduction d'Abdelmalek Sellal ! A charge pour lui de resserrer son équipe ministérielle et de nommer aux départements régaliens des hommes d'expérience capables de prendre toutes les décisions qu'exige la conjoncture. Et aussi, pour mener les réformes de plus de 30 textes de loi, conséquemment, à la nouvelle constitution. Les ministres, quels sortants, quels rentrants ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est que quelques uns d'entre ceux encore en poste auront du mal à trouver le sommeil, comme à chaque fois qu'on parle de remaniement. Les jours à venir, les rumeurs et les contre rumeurs vont se succéder, en attendant la décision d'Abdelaziz Bouteflika qui, rappelons-le, n'aime pas qu'on lui force la main ! Et l'on renouera l'histoire d'un temps, avec les intenses négociations génératrices de consécration pour les uns et de déception pour les autres. En dépit de rumeurs ou d'offres réelles, certains ne seront pas, finalement, du casting ! Et l'annonce du nouveau gouvernement, à peine rendue publique, que voilà certains farfelus dont le nom a été cité par les médias, s'appliqueront à expliquer pour se justifier : « ( ) oui, j'ai été contacté pour prendre tel et tel ministère, mais en dernière minute etc ( ) » ; et aux plus effrontés de dire : « ( ) j'ai décliné la proposition d'intégrer le gouvernement, j'ai posé des conditions etc ( ) ». Pour le président de la République, personne n'est protégé dans le gouvernement, personne n'a d'immunité. Personne ne sait s'il va intégrer le gouvernement, ou le quitter ! Y compris le premier ministre ou son successeur éventuel. Personne non plus ne connait le calendrier du remaniement, sauf le maitre du jeu, Abdelaziz Bouteflika.