Les Algériens, femmes ou hommes, soignent de plus en plus leur apparence et se soucient de leur bien-être. En plus d'une large gamme de produits cosmétiques qui inondent chaque jour le marché national, ce secteur c'est aussi les soins spécialisés du corps et du visage dans des établissements qualifiés tels que les SPA, les instituts de beauté et bien-être, les centres esthétiques Considéré comme porteur et concurrentiel avec un taux de croissance de 12% et une valeur d'importations d'une quinzaine de milliards de dinars par an, ce marché est le plus touché par la contrefaçon. Cependant, cette activité a aussi ses problèmes. Pour connaître la situation de ce marché en plein essor, la parole a été donnée aux exposants et visiteurs de la 14ème édition du Salon international forme et beauté, Jouvençal, organisé par Krizalid'Or sous le patronage de la ministre de la Solidarité nationale en collaboration avec l'APC d'Oran, ouvert hier au Centre des Conventions d'Oran (CCO), et ce jusqu'au 11 mars. Tous s'accordent à dire que la demande est importante pour tous types de produits de beauté et que la production locale peine à répondre à ces besoins grandissants. Pour M. Chaouch Islam, représentant de la société Turck Ulusoy Golden Rose, spécialisée dans le maquillage, «depuis une dizaine d'années, le marché des cosmétiques, de la parfumerie et des produits dermo-cosmétiques, a enregistré un boom spectaculaire. On trouve tous genres de produits et, même ceux des grandes firmes internationales. Ce marché est caractérisé par un fort taux d'importation, la concurrence et la contrefaçon qui causent un grand préjudice». Selon les douanes algériennes, la France est le premier exportateur de produits cosmétiques (huiles essentielles, eaux distillées aromatiques et shampooings..) vers l'Algérie, suivie par la Chine pour les produits de beauté et maquillage. La contrefaçon ou le crime contre le consommateur Entre une forte demande, des produits locaux qui n'ont pas la cote car méconnus, et le prix relativement élevé des produits de certaines marques étrangères, la contrefaçon a trouvé une bonne brèche. Les produits qui ont fait leur preuve, notamment les plus chers, sont les plus exposés à ce phénomène. L'imitation du packaging est si parfaite que le consommateur ne peut faire la différence. Des produits copiés, qui constituent une menace pour la santé des citoyens, notamment ceux qu'on applique sur les parties sensibles du corps, la tête et le visage. De nombreux cas d'eczéma et d'irritation ont été signalés ses dernières années après l'utilisation de ces produits aux composants douteux. Mais comment distinguer un produit d'origine d'une «vulgaire » copie ? Selon M. Chaouch, «les contrefacteurs utilisent des machines et des techniques d'emballage très sophistiquées, ce qui rend la détection difficile, et ce n'est qu'après l'utilisation du produit que les conséquences se font ressentir. Mais toute différence, même légère, dans la couleur, la forme du flacon ou de l'emballage, la taille des caractères, l'absence de cellophane, les informations comportant la moindre faute d'orthographe et les bas prix sont des facteurs d'avertissement». Pour ce qui est de la production locale, en dépit d'une offre croissante souvent moins chère et un risque de contrefaçon moindre, les consommateurs se tournent majoritairement vers les produits d'importation. Pour éviter de tomber dans le piège de l'imitation, il faut éviter les produits vendus dans les marchés informels et s'approvisionner auprès des points de vente réglementés. Les salons et les grandes expositions comme Jouvençal sont aussi une occasion pour rentrer les producteurs et les fournisseurs de produits d'origine et permettre de connaître le vrai produit. Néanmoins, certains clients optent pour les produits locaux. Pour Asma, 22 ans, étudiante, rencontrée à Jouvençal, «les produits locaux sont beaucoup moins chers que ceux des marques internationales. Certains produits que moi-même j'utilise sont de très bonne qualité. Des crèmes capillaires à 80 dinars, des shampoings à 100 dinars, crème pour visage et corps entre 200 et 400 dinars ; je trouve cela très abordable et je n'hésite pas à les conseiller à mes amies et mes cousines. Je suis venue au salon pour faire mes emplettes ». «J'avoue aussi que les marques étrangères ont fait leurs preuves ». Entre cosmétique bio et e-beauté A la recherche de la beauté et du bien-être en toute sécurité, certains consommateurs se sont tournés vers les produits de beauté naturels connus aussi sous le nom «produit bio ». Au Salon Jouvençal, quelques producteurs de cosmétiques à base de produits naturels sont venus exposer leurs produits, soins anti-taches, masque, gommage, shampoing anti-chute, crème éclaircissante, crème anti-rides. Les marques bio vantent les bienfaits de toutes sortes de plantes puisées dans un herbier planétaire de plus en plus varié. Selon M. Abdelah El Assouad représentant de société algéro-syrienne, Alma de cosmétiques bio, «le label «bio» semble séduire de plus en plus les consommateurs à en juger par l'engouement observé pour les produits cosmétiques naturels. On est installés à Sétif depuis 2012, et on a des représentations à travers les 48 wilayas. La majorité des femmes ayant déjà testé des produits cosmétiques bio sont aujourd'hui des consommatrices régulières. Idem pour les hommes ». Pour Imen, secrétaire, «je suis adepte des produits à base de plantes. Des composants qui ne présentent aucun risque ni pour la peau ni pour les cheveux». M. El Assouad a saisi cette occasion pour lancer un appel : «Si on veut encourager la production locale, il faut accorder plus de facilité au producteurs, surtout lorsque il s'agit de l'importation de matières premières ». Entre produit local, importé ou à base de plantes, en somme, le marché algérien est très attractif et offre de grandes opportunités d'investissement. Chose qui a donné lieu à un nouveau phénomène, le e-beauté. Cela consiste à tenir un blog, une page sur Facebook, Twitter, Youtube ou autre, pour livrer les secrets de la beauté comme réussir son maquillage, sa coloration ou sa coiffure, ou encore la manière d'utiliser un matériel. Même si le phénomène n'est pas très répandu chez nous, il existe quand même. Interrogée sur ce domaine virtuel, Mme Boukhari, qui est représentante de la direction de la formation professionnelle, nous dira que «donner des conseils est une responsabilité. Les vidéos ne remplaceront jamais la technique du professionnel. Au centre de formation, nos stagiaires sont formés dans plusieurs domaines (chimie, cosmétologie, anatomie, dermatologie, législation) pour bien maîtriser leur métier de beauté et de forme. Il s'agit de stage théorique, pratique et d'immersion professionnelle. Un secteur dynamique que les vidéos ne remplaceront jamais ». Notons que Jouvençal est aussi un riche programme d'animation. Un carrefour incontournable pour les inconditionnels de la beauté et de la remise en forme pour découvrir et comparer les différents produits exposés par une cinquantaine de firmes nationales et étrangères provenant d'une douzaine de pays. Le salon est également une occasion de développer l'activité économique des entreprises algériennes et permettre des échanges entre professionnels nationaux et internationaux du secteur.
