C'est «en application de la Déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre l'Algérie et la France» que s'est tenue hier, la 3ème session du Comité intergouvernementale de haut niveau(CIHN). La Déclaration d'Alger a été signée, rappelle le communiqué commun algéro-français, le 20 décembre 2012 «à l'occasion de la visite d'Etat, en Algérie, du Président François Hollande.» C'est donc dans ce cadre que s'est tenue, hier, à l'hôtel El Aurassi, en marge du Forum économique algéro-français, la 3ème session du CIHN, sous la présidence des deux Premiers ministres, Sellal et Valls. Plusieurs ministres algériens et français (10) y ont pris part. «Cette session a été l'occasion, pour les deux parties, de dresser un bilan des progrès réalisés dans la feuille de route bilatérale, retenue lors de la 2ème session du CIHN, tenue le 4 décembre 2014, à Paris, et de dégager de nouvelles perspectives de coopération, dans l'ensemble des domaines, à même de hisser la relation bilatérale à un partenariat d'exception que les deux parties ambitionnent de construire,» lit-on, dans le communiqué commun sanctionnant cette rencontre. Près de 26 accords ont été signés entre les deux délégations, notamment, dans les transports, la santé, l'énergie, l'agroalimentaire et l'industrie. Cependant, Sellal a qualifié de très important, surtout l'accord d'entre-aide judiciaire signé par les ministres des deux pays «portant sur l'échange d'informations et la transmission des actes de procédures.» Les deux pays s'engagent à poursuivre leurs discussions sur les projets de convention relatifs à l'extradition et l'entraide judiciaire en matière pénale «en vue de leur signature et leur ratification, dans les meilleurs délais,» dit le communiqué. Tout en se félicitant de l'accord politique libyen, signé le 17 décembre 2015, les deux parties, lit-on, «sont convenues de continuer à soutenir, activement, le processus politique appuyé par les Nations unies, seule solution à même d'apporter la stabilité en Libye et de préserver sa souveraineté, son intégrité territoriale et l'unité de son peuple.» Les deux délégations estiment que «l'arrivée à Tripoli du 1er ministre libyen et des membres du Conseil présidentiel représente une évolution positive pour la Libye.» L'Algérie et la France soulignent à partir d'Alger que «le gouvernement d'entente nationale doit s'installer dans la capitale libyenne et prendre dans le cadre de sa mise en œuvre des dispositions de l'accord politique libyen, le contrôle des administrations et des institutions financières nationales.» Alger et Paris interpellent la Communauté internationale Les deux délégations ont également «souligné la responsabilité qui incombe à la Communauté internationale pour soutenir ce gouvernement, face aux défis politiques, sécuritaires et économiques auxquels le pays est confronté ainsi que celui de la lutte contre les groupes terroristes.» A propos du Mali, les deux parties veulent que la mise en œuvre de l'accord d'Alger soit «diligente et intégrale, avec l'appui politique, technique et financier de la Communauté internationale( ).» Les deux pays ont parallèlement «exprimé leur préoccupation à l'égard des retards pris dans l'application de l'accord et ont appelé les parties à s'engager pleinement et de bonne foi, et à assumer leurs responsabilités respectives dans un esprit de coopération et en toute sincérité en vue de la concrétisation des engagements auxquels ils ont souscrit.» L'Algérie et la France affirment «marquer leur détermination à poursuivre leur dialogue et approfondir leur coopération, en matière de lutte contre le terrorisme transnational.» Elles veulent inscrire la lutte contre ces organisations terroristes «dans la dimension globale qui requiert, entre autres, l'assèchement des ressources de financement de leurs actions, notamment, par les revenus du trafic des stupéfiants, du commerce illicite des armes et des produits des hydrocarbures ainsi que des rançons.» Dans le domaine de la Défense algéro-française, elles rappellent qu'«une réflexion a été mise en avant concernant la nécessité de développer de nouvelles coopérations, entres autres, le renforcement de la coopération opérationnelle dans le domaine maritime en Méditerranée occidentale, l'initiation d'une coopération entre les forces spéciales des deux pays ainsi que la mise en place d'un cadre réglementaire et d'un mécanisme pour la coordination frontalière, dans la bande sahélo-sahélienne.» Les deux pays veulent développer «des projets d'évaluation technique communs ou des partenariats industriels dans le domaine de l'armement.» Ils font part à ce titre de «processus de consultation en cours pour aboutir à l'établissement de partenariats, dans plusieurs domaines incluant le transfert de technologie, le savoir-faire et la santé militaire.» «Améliorer les conditions pratiques de la mobilité» La dimension humaine constitue, disent les deux pays «un élément central et structurant de la relation bilatérale.» Ils se sont engagés à «poursuivre les efforts entrepris, de part et d'autre, pour améliorer davantage les conditions pratiques de la mobilité et du séjour des Algériens en France et des Français en Algérie.» Ils ont alors appelé à «l'activation des discussions en cours, en vue de parvenir à un arrangement sur la facilitation de la procédure de délivrance des visas, au profit des ressortissants des deux pays.» Ils veulent, en outre, que le groupe de travail mixte sur «certains ressortissants français restés en Algérie, après l'indépendance et propriétaires légaux de biens immobiliers», poursuive l'examen des cas qui lui sont soumis. Le règlement des problèmes des enfants issus de couples mixtes a aussi été retenu. «La paix des mémoires» a, elle aussi, été soulignée dans le communiqué, tout autant que le contentieux archivistique, l'indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français au Sahara et les disparus algériens et français de la guerre d'indépendance. La coopération éducative et culturelle, le partenariat économique figurent dans le communiqué commun. Les deux pays sont convenus de tenir, durant l'année en cours, la réunion ministérielle du Comité mixte économique et la réunion du comité de suivi du CIHN et du dialogue stratégique, présidé par les deux secrétaires généraux de leurs MAE respectifs. La 4ème session du CIHN est retenue, elle, pour 2017, en France.