Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) entame aujourd'hui la première journée d'une grève cyclique pour protester contre la non prise en charge de ses revendications consignées, pourtant, dans un accord datant de près d'une année. Le président et le secrétaire général national du SNPSP, Dr. Lyès Merabet et N. Chibane, ont animé hier un point de presse pour exposer dans le détail les principales raisons de ce débrayage et, surtout, pour expliquer les raisons du retrait de la délégation du syndicat lors de la réunion de conciliation, prévue le 12 avril dernier, avec des représentants du ministère de la Santé (MSPRH), en présence de représentants du ministère du Travail. Concernant cette réunion, le SNPSP précise, comme il l'a également expliqué dans une lettre adressée au ministre, que son retrait était motivé par le fait que «les représentants du MSPRH sont également membres de la commission mixte centrale qui n'a pas respecté la fréquence des réunions de cette commission et dont certains éléments ont commis de graves dépassements à l'encontre des syndicalistes du SNPSP au niveau national», indique Dr. Merabet. Il est rappelé que les «engagements pris lors de la réunion de conciliation de mais 2015 n'ont toujours pas été respectés», d'où l'exigence de «la présence de Monsieur le Ministre ou du Secrétaire général du ministère» pour garantir une «application» des décisions. Le président du SNPSP estime que des membres de la commission mixte centrale, représentant le MSPRH, «font traîner» les discussions et «ne respectent pas les décisions». Parmi ces représentants du ministère, un «chargé des relations avec les partenaires sociaux» qui «a tout fait dans le mauvais sens» depuis «deux ans», affirme Lyès Merabet. Selon le président du SNPSP, ce cadre (dont il ne cite pas le nom) est «concerné par certains de nos conflits». «Il était médecin à l'EPSP des Ouacifs (wilaya de Tizi Ouzou) avant d'être détaché au ministère au titre de médecin inspecteur», explique Lyès Merabet. «Il a des intérêts à préserver. Et il bénéficie du soutien de la FNTS, affiliée à l'UGTA», ajoute Merabet qui explique aussi que ledit cadre, «perçoit une indemnité de risque de contagion, alors qu'il n'ouvre pas droit». En outre, le SNPSP dénonce les «propos graves» de la «présidente de la commission centrale» tenus le 12 avril dernier dans lesquels elle déclare, «devant les représentants du ministère du Travail», que la grève du SNPSP «est motivée par des considérations non professionnelles». «Nous l'avons invitée à retirer ses propos, elle a refusé», indique le président du SNPSP. Alerte à la violence Concernant les revendications du syndicat, les responsables du SNPSP insistent sur les «graves risques» qu'encourent les professionnels de la santé en raison du «phénomène de violence» qui prend de l'ampleur dans les structures de santé. «Nous ne voulons pas commencer à comptabiliser nos morts, après les blessés», alerte Dr. Merabet qui rappelle les «promesses non tenues» par la tutelle d'installer des «caméras de surveillance» et de «coordonner avec les services de sécurité» pour instaurer une surveillance «ne serait-ce que dans les zones à risque», dit-il. Concernant les «entraves au libre exercice de l'activité syndicale», il cite «un échantillon» de plusieurs cas dans différentes régions du pays. «Dans certaines wilayas c'est la jungle», affirme Merabet citant le cas des représentants du SNPSP dans un établissement de santé publique à Oum El Bouaghi qui, «pour obtenir l'accusé réception d'une demande pour organiser une assemblée générale, ont dû recourir à un huissier de justice», pour qu'à la fin, le directeur de la structure en question «leur refuse le droit de tenir cette AG». Il cite également le cas de ce «médecin légiste» (à Tipasa) qui a été sanctionné pour avoir «fait état des mauvaises conditions de travail» lors d'une émission radio. Cette première journée de grève entamée aujourd'hui sera suivie par deux autres journées prévues les 25 et 26 avril qui seront ponctuées par un « sit-in national devant le ministère de la Santé le 26 avril à 11h». En cas de non prise en charge des revendications, le mouvement se poursuivra par « trois autres journées de grève prévues les 2, 3 et 4 mai 2016». Lyès Merabet rappelle que le SNPSP est représentatif à «près de 70%», soit «12.300 adhérents sur environ 18.000 praticiens de la santé publique» et que la grève concerne les structures qui comptent des adhérents du syndicat à l'exclusion des CHU.