Les praticiens grévistes n'excluent pas le recours à d'autres formes de protestation, notamment les marches et rassemblements. Combien de consultations ont été annulées? Combien de malades ont vu leur rendez-vous médical reporté? Des centaines d'interventions chirurgicales attendent d'être programmées. Les blocs opératoires sont désertés. L'activité hospitalière est au ralenti. Ces reports et déprogrammations ont eu un impact négatif sur des centaines de patients contraints d'attendre que la grève s'achève. En attendant, les privés se font la part belle. Entre-temps, les médecins et leur tutelle sont à «bistouris» tirés. «Nous avons abattu toutes les cartes bien que le jeu ne soit pas encore terminé», affirme à L'Expression, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), le Dr Lyès Merabet. Joint, hier, par nos soins, le président du Snpsp a reconnu que «les réunions de conciliation entre les praticiens généralistes et spécialistes et la tutelle n'ont abouti à aucun résultat concret». «Mais cela n'empêche pas la poursuite de ces rencontres avec la tutelle dans le but de mettre fin à la crise», enchaîne-t-il. Selon l'interlocuteur, ces rencontres avec le ministère en charge du secteur, s'inscrivent dans le cadre de la loi 90-02 du 6 février 1990 portant sur la prévention et le règlement des conflits collectifs de travail. A ce propos, des réunions regroupant les praticiens grévistes et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sont programmées au courant de la semaine, a fait savoir le Dr Mérabet. Optimiste, le praticien dira: «Nous espérons que ces prochaines réunions seront fructueuses.» Les deux premières réunions de conciliation tenues il y a quelques jours entre les deux syndicats et le ministère de la Santé, s'étaient achevées sans résultat palpable, rappelle le Dr Mérabet. A ce titre, les praticiens grévistes n'excluent pas le recours à d'autres formes de protestation comme les rassemblements et les marches si les discussions entamées avec la tutelle n'aboutissent pas à la mise en oeuvre de la plate-forme des revendications. La grève est suivie par 75% à 80% des médecins du secteur public, a indiqué leur représentant. Les revendications portent notamment sur la révision du statut particulier promulgué fin 2009, l'ouverture de discussions sur le régime indemnitaire, des facilitations pour l'accès au logement. «En 1989, le salaire d'un médecin débutant dans le secteur public était de 5 à 6 fois le salaire minimum garanti contre seulement le double aujourd'hui», a tenu à préciser leur représentant. Les praticiens généralistes de la santé publique sont en grève depuis le 23 novembre. Ils ont été rejoints le 4 janvier par les spécialistes adhérents au Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), présidé par le Dr Mohamed Yousfi. Ce débrayage se poursuit en assurant un service minimum dans les hôpitaux et les structures de santé publiques. En Algérie, le secteur de la santé publique emploie quelque 30.000 médecins dont 8500 spécialistes, selon les présidents des deux syndicats. «Cette action est un durcissement de la grève cyclique de trois jours que le Snpsp a entamée le 23 novembre dernier et qui a duré un mois. Face à l'indifférence des pouvoirs publics, la tutelle à leur tête, les assemblées générales locales puis le conseil national extraordinaire qui s'est réuni le 10 décembre, ont décidé de prolonger cette contestation, mais sous forme d'une grève ouverte et illimitée», a expliqué à L'Expression le président du Snpsp, le Dr Mérabet.