Leader technique de Leicester, toujours devant en Premier League à trois journées de la fin, Riyad Mahrez a reçu dimanche le trophée de meilleur joueur de la saison, un aboutissement pour l'ancien joueur du Havre. Le plus beau dans l'obtention de titre de meilleur joueur de l'année en Premier League pour Riyad Mahrez, c'est le fait que cela paraisse comme une juste récompense, alors qu'en début de saison, voir le nom de l'Algérien au palmarès de ce trophée aurait paru comme l'une des plus grosses surprises de la saison. Et ça le serait si son équipe, Leicester City, n'était pas en passe de devenir le premier club hors «Top 4» (Manchester United, Chelsea, Arsenal, Manchester City) à remporter le championnat anglais depuis 1995. Dimanche encore, lors de la large victoire de son équipe face à Swansea (4-0), Mahrez a ouvert la voie à ses coéquipiers en inscrivant le premier but de la rencontre, son 17e but cette saison. Après des prestations XXL tout au long de la saison, qui l'ont parfois vu ridiculiser les défenses de Premier League, comme ce but magnifique face à Chelsea en décembre dernier. Impressionnant, comme en témoigne les éloges, qu'il récolte de ses adversaires après coup : «La capacité de jouer à Barcelone ou au Real Madrid ? Pourquoi pas ? Laissez-le avoir sa médaille en Premier League puis nous verrons. Il a le talent, il travaille dur, je crois qu'il peut jouer pour les meilleurs clubs», disait Cesc Fabregas après avoir vu le milieu à l'œuvre. Une saison qui résonne comme un aboutissement, pour un joueur que la France a bien connu, et qu'elle a même laissé passer. Né à Sarcelles, Mahrez arrive au Quimper CFC en 2009, alors en CFA. Très rapidement il attire l'œil du Havre, avec qui il joue d'abord en équipe B, encore en CFA, avant de passer professionnel en 2011, toujours sous les couleurs du HAC. Il est finalement repéré par Leicester qui le recrute en 2014, la suite fait depuis un peu moins d'un an régulièrement la Une de tous les quotidiens britanniques sportifs. Et pourtant son histoire aurait pu s'inscrire en Ligue 1. Vincent Labrune au sujet de Riyad Mahrez .En 2009, Mahrez passe des essais à l'OM, mais ne retient pas l'attention des dirigeants phocéens. Pire, alors que son entourage avait sondé Franck Passi sous l'ère Bielsa, quant à un éventuel intérêt pour le Franco-Algérien, que l'actuel entraîneur des Marseillais avait alors redirigé vers Vincent Labrune, il avait essuyé un refus terrible. Proposé avec un compatriote, Zineddine Ferhat, Mahrez se fait sèchement renvoyé dans les cordes par Labrune : «Pensez-vous réellement que des joueurs de Leicester et de l'USM Alger peuvent aujourd'hui avoir leur place à l'OM dans le projet qui est le nôtre ? Bref, de façon à gagner du temps, je me permets de vous préciser que nous essayons d'être professionnel et qualitatif en terme de recrutement et qu'en conséquence la probabilité que nous prenions des joueurs de cette façon est égale à zéro», avait affirmé en décembre 2014 le président olympien, dans des mails que s'était procuré France Football.fr fin 2015. Aujourd'hui, Mahrez se bat pour le titre en Premier League, quand l'équipe de Vincent Labrune lutte pour le maintien en Ligue 1. Avec ce trophée de meilleur joueur -il devient d'ailleurs le premier joueur africain à recueillir cette distinction- le virevoltant numéro 26 tient enfin sa revanche, et l'homme de main de Margarita Louis-Dreyfus devient la risée des dirigeants français. Mais dimanche soir encore, le Fennec avait le triomphe modeste, sachant ce qu'il devait à son équipe : «Tout le crédit est pour eux ainsi qu'à mon entraîneur et au staff. Sans eux, je ne recevrais pas ce prix et je n'aurais pas marqué. C'est ça l'esprit d'équipe et je veux leur dédier». Et ça, c'est courtois.