La crise économique et financière à laquelle l'Algérie est confrontée, conséquence de l'effondrement des cours du pétrole ayant drastiquement impacté à la baisse les revenus que lui procure l'exportation de cette matière, n'est pas près d'appartenir au passé. Tous les experts économiques et financiers qu'ils soit nationaux ou internationaux préviennent que: pour l'Algérie, il est au contraire à prévoir qu'elle va aller en s'aggravant car les autorités du pays faute d'autres alternatives qu'elles n'ont pas su ou voulu mettre en œuvre pour immuniser le pays se voient contraintes de puiser sans cesse plus amplement dans les réserves financières. Ce qui pour ces experts va inéluctablement générer à court ou moyen terme une situation de faillite qui forcera les autorités du pays à recourir à l'endettement international et par voie de conséquence revenir sous les fourches caudines des institutions financières que sont le FMI et la Banque mondiale, qui en contrepartie de leurs prêts ne manqueront pas de leur dicter des remèdes à la crise algérienne qui seront terribles socialement pour les citoyens et possibles déclencheurs d'une révolte populaire aux imprévisibles mais en tout cas graves développements. Bien qu'elles taxent cette prévision de n'être qu'une spéculation aux fondements erronés et en fustigent ceux qui la profèrent, les autorités en redoutent bel et bien la perspective et tentent vaille que vaille de s'organiser pour en gérer la survenance. C'est certainement à l'aune de cette préparation à faire face à cette situation qui s'annonce lourde de menaces pour lui que le pouvoir bat le rappel de ses tributaires et en exige l'unité des rangs. Les retours spectaculaires sur le devant de la scène nationale de Chakib Khelil et d'Ahmed Ouyahia sont un aspect de cette stratégie du pouvoir. Il est clair que les deux hommes sont programmés pour jouer des rôles de premier plan dans une situation pour laquelle du point de vue du pouvoir ils sont les mieux à même d'en gérer les contraintes et les risques. Chakib Khelil parce qu'il bénéficierait du «préjugé favorable» des institutions financières internationales dont il fut un fonctionnaire, semble-t-il, apprécié et respecté pour son «expertise» et serait donc susceptible d'en obtenir les moins contraignantes conditions aux prêts qui seront nécessaires à l'Algérie. Ahmed Ouyahia parce qu'il est lui l'homme à poigne indispensable dans les périodes de tempête et qu'il est peu enclin à des états d'âme s'agissant de faire avaler d'amères potions aux Algériens même celles dont les ingrédients sont la paupérisation généralisée, des conditions de vie insoutenables et le bradage de l'outil industriel algérien. Ce binôme est revenu probablement appelé à la rescousse par un pouvoir qui les tient pour sa planche de salut. S'il pense ainsi avoir trouvé les «oiseaux» rares qui vont lui sauver la mise dans la tourmente que le pays traverse, le pouvoir ne fera que confirmer qu'il est dans la totale déconnexion avec les citoyens et dans la méprise absolue de ce qu'il faut entreprendre pour faire face aux défis auxquels l'Algérie est confrontée. Autiste à ce qui lui est proposé d'entreprendre dans ce sens par les milieux qui ne sont pas courtisans, il n'a pour stratégie que celle du bricolage et de l'aléatoire sous-tendus par des calculs à la ruse aussi primaire qu'aisément éventable.