Si l'ex-tout-puissant ministre de l'Energie, Chakib Khelil, polarise actuellement le débat sur la corruption, au point de passer aux yeux du citoyen lambda, pour la figure archétypale du phénomène, la prédation, hélas ! n'est pas circonscrite aux seuls scandales de Sonatrach et de l'autoroute Est-Ouest. La corruption s'est démocratisée sous Bouteflika, devenant du coup un marqueur de son règne. Elle est à tous les étages. Tout le monde "en croque" pour peu que l'opportunité existe. Si bien qu'un citoyen honnête, tant la pratique est devenue un sport national, passe pour un pauvre gogo. L'univers mafieux de l'import-import est un des autres visages de la corruption au niveau des ports. En témoigne la récente arrestation de huit importateurs, alors que quatre autres font l'objet d'un mandat d'arrêt international, pour transfert illégal de devises à l'étranger. Le dommage est évalué à neuf milliards de dollars. C'est-à-dire le solde de l'Algérie en devises, dans les années 1990, au moment elle était contrainte de passer sous les fourches caudines du FMI ! C'est dire l'ampleur de la saignée. La technique utilisée par ces importateurs, pour contourner les rigueurs de la législation sur le transfert des devises, est d'une simplicité biblique : surévaluation des marchandises importées pour transférer les devises à l'étranger via les banques pour les récupérer ensuite auprès des fournisseurs qui y trouvent leurs comptes. Que le Premier ministre ait instruit son ministre du Commerce pour essayer d'endiguer la saignée, car l'exercice n'est pas du tout évident, voilà qui est de nature à avoir, à tout le moins, l'assentiment de tous ces citoyens qui n'ont que leur impuissance à opposer à l'extension de la corruption en Algérie. Que, aussi, la justice ait enfin décidé de lancer un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil and co, dans l'affaire Sonatrach, c'est encore une démarche qu'il convient de souligner. Mais face à ce subit branle-bas des pouvoirs publics face au phénomène de la corruption, les citoyens se posent des questions. Et ils ne sont pas loin de redouter qu'il s'agisse encore de quelque chose de déjà vu : un défouloir collectif en prévision de la présidentielle. Quant aux sommes volées, personne, y compris les pauvres gogos, ne se fait d'illusions quant à leur récupération. O .O Nom Adresse email