Le débat est vieux, aussi usé que les sandales du Juif errant, mais tellement d'actualité qu'il serait préjudiciable de ne pas le relancer. C'est par ces mêmes mots que le Quotidien d'Oran ouvrait son éditorial en date du 9 décembre 2015 sur la réhabilitation ou non de la peine de mort. 18 mois ou presque sont passés et le sujet revient de nouveau sur la scène médiatique avec d'autres cas de kidnapping, viol et meurtre d'enfants. Le viol d'un enfant à Annaba impliquant toute une fratrie, le procès à Tébessa et la condamnation à la peine capitale des trois violeurs et assassins du petit Baha Eddine, ainsi que d'autres cas de rapt suivis de meurtre de petits enfants, souvent médiatisés par la presse, font scandale. L'opinion publique atterrée devant tant de sauvagerie a peur pour ses enfants. Une crainte viscérale alimentée par un sentiment d'impuissance doublé d'un pressentiment d'impunité chez ces bourreaux d'enfants qui ne craignent plus le peloton d'exécution. En effet, si la législation la prévoit, l'exécution de la peine de mort est suspendue en Algérie depuis 1993. Devant l'ampleur prise par le crime organisé, les kidnappings et meurtres d'enfants ainsi que les crimes économiques, nombre de voix s'élèvent pour que soit mis fin à ce sentiment d'impunité que ressentent les criminels. Interpellé, en 2014, par un député sur les motifs de la non-application de la peine de mort en Algérie, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait répondu que la question est sociétale et nécessite un débat dépassionné, «ouvert et objectif». Le ministre, qui avait souligné la sensibilité du dossier, a précisé que la question revêt des considérations politiques, sociales et morales. Pourtant aucune invitation au débat n'a été lancée et le peuple algérien aurait pu être saisi par référendum pour se prononcer sur un sujet qui divise profondément au sein d'une société tiraillée entre abolitionnistes et adeptes de la loi du talion. Si le dossier est convoqué à chaque fait divers sordide qui touche plus particulièrement les enfants, il n'en demeure pas moins qu'on en est encore au stade de la réflexion. Si l'Algérie subit la pression de l'Europe des droits de l'homme sur la question de la peine capitale, elle doit se prononcer sur le sujet quitte à fâcher. Si, concernant les meurtres d'enfants, le débat est toléré, s'interroger sur une éventuelle levée du moratoire contre la peine de mort devrait aider beaucoup de familles à faire le deuil.