Dans un contexte mondial où les morts violentes se banalisent du fait de guerres civiles et des exécutions extrajudiciaires, il devient presque dérisoire d'évoquer le principe de l'abolition de la peine de mort qui, elle, est une sanction découlant d'une décision de justice. Elle existe dans les textes juridiques les plus anciens. Celle-ci représente la punition du groupe envers un individu qui contrevient aux règles de vie de sa communauté. La sentence est prononcée par l'institution judiciaire à l'issue d'un procès. Elle est prévue dans les textes de loi de 100 pays, mais seuls 22 des 198 pays du globe ont procédé à des exécutions en 2013. Mais l'idéal humaniste fait reculer de plus en plus le recours à cette peine maximale. La majorité des Etats ont adopté un moratoire sur la question. Des voix continuent, pourtant, de défendre l'idée du maintien de la peine de mort dans le cas d'infanticide ou d'homicide volontaire. Le développement du système carcéral et surtout l'évolution du respect de la dignité humaine a considérablement réduit l'exécution de ce type de peine, même rendu par les tribunaux. L'Algérie a commencé à réduire l'application de cette sentence depuis 1993 en vertu du mémorandum qui préconise de suspendre l'exécution de la peine de mort. Elle l'a fait dans un contexte difficile de terrorisme marqué par de cruelles exactions. Si la peine de mort n'est pas exécutée depuis, elle continue à être prononcée par les tribunaux devant certains crimes abjects. C'est la ligne de démarcation avec l'abolition pour laquelle les militants des droits de l'homme et les instances internationales se battent, non sans se heurter, à de sérieuses réserves. Maître Farouk Ksentini estime que l'opposition à l'abolition de la peine de mort, dans notre pays, est le fait de position religieuse, associée « à un héritage sociétal, idéologique et de traditions », qui ne peuvent être « éludées ». Dans les faits, des actes de violence à l'égard des catégories fragiles de la population, notamment les enfants, apportent de l'eau au moulin des partisans du maintien de la sentence. Dans le monde, le mouvement abolitionniste conquiert chaque jour des espaces. Convainc les réticences. Depuis l'appel des Nations unies le 20 décembre 2012 pour un moratoire, 111 Etats l'ont adopté. Aujourd'hui, au sein de cette instance, 100 Etats sont abolitionnistes de droit et 48 de fait. Les trois quarts des membres de l'instance onusienne récusent donc la peine de mort. Partout, le débat sur ce sujet est difficile. Les pour et les contre l'abolition se neutralisent assez souvent. La recrudescence des crimes appelle une coercition ferme. Alimente la résistance. Au grand dam de l'idéal humaniste.