La fédération algérienne des malades atteints de sclérose en plaques continue à réclamer l'introduction des médicaments par voie orale pour les personnes atteintes de cette maladie, en remettant en cause le traitement par voie injectable. Tel est l'appel lancé par le président de la fédération, Dr Kenzoua Smail, jeudi dernier, lors de la tenue du 11ème congrès maghrébin de neurologie, organisé par la société algérienne de neurologie et neurophysiologie clinique en collaboration avec le groupe allemand Merck, à l'hôtel Aurassi. Tout en reconnaissant que l'Etat participe activement à la prise en charge des malades en garantissant la gratuité des traitements pour tous les malades atteints de sclérose en plaques (SEP) et dont le nombre est estimé à plus de 10.000 cas par an, le président de la fédération soutient que ces malades souffrent encore de ruptures de médicaments et du mode de traitement par voie injectable. Il explique que les malades atteints de sclérose en plaques en Algérie continuent à être traités à raison de trois injections par semaine, «c'est très lourd pour un malade, sachant que ces injections entraînent le plus souvent des douleurs et des irritations cutanées, notamment quand on sait que la majorité des malades sont sur des fauteuils roulants», dira-t-il. Pourtant, affirme-t-il, un substituant par voie orale existe, «des médicaments en comprimés existent, avec une garantie de tolérance et de confort d'utilisation qui sont déjà prouvés», explique Dr Kenzoua. Et de souligner que «le traitement par voie orale est aujourd'hui fortement recommandé pour le traitement de la SEP, il est utilisé en Europe et chez nos voisins en Tunisie et au Maroc, mais toujours pas en Algérie». Il poursuit «c'est une honte pour notre pays, qui a fait des pas considérables dans le domaine de la neurologie, l'Algérie compte 500 neurologues, alors que la Tunisie en compte 200, le Maroc 300, la Libye et la Mauritanie n'ont que trois à quatre neurologues». Le retard enregistré par notre pays dans l'introduction d'un traitement par voie orale de la SEP est dû, selon le président de la fédération, à la réticence des experts algériens quant au risque ou effets secondaires que peut entraîner ce nouveau mode traitement. Il affirme que les choses ont évolué, aujourd'hui, puisqu'il y a eu un consensus thérapeutique des experts sur la possibilité d'introduire ce genre de médicament. «C'est sur la bonne voie, selon nos sources, les médicaments par voie orale pour le traitement de sclérose en plaques sont en voie d'enregistrement dans notre pays», a-t-il affirmé en appelant les autorités sanitaires à accélérer les démarches pour atténuer un tant soit peu la souffrance des malades atteints de cette maladie, dont la grande majorité finit inéluctablement sur des fauteuils roulants. Le président de la société algérienne de neurologie, Sadi Belouiz Mustapha, a affirmé pour sa part que plusieurs médicaments innovants traitant la sclérose en plaques «qui ralentissent considérablement l'évolution de cette maladie sont en voie d'introduction dans notre pays, l'on prévoit l'introduction du dernier médicament pour le traitement de cette maladie». La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique de dégénérescence du système nerveux central (cerveau et moelle épinière). C'est une maladie chronique qui peut entraîner des handicaps moteurs graves. Elle touche les sujets jeunes de 20 à 40 ans, causant des inflammations appelées poussées au niveau du système nerveux central entraînant des troubles visuels, moteurs et sensitifs d'équilibre. La sclérose en plaques touche deux fois plus de femmes que d'hommes. Elle est plus sévère dans les pays du Maghreb, selon les experts européens, et selon le professeur Arezki Mohamed, vice-président de la société algérienne de neurologie, qui a recommandé des études dans ce sens. Par ailleurs, le président de Merck pour l'Afrique du Nord et de l'Ouest, Dr Karim Bendhaou, a annoncé le lancement prochain d'un programme innovant de soutien à tous les patients souffrant de sclérose en plaques en Algérie. Et d'affirmer que l'objectif de ce programme est d'apporter un soutien aux patients tout au long de leur traitement et accompagnement qui les aidera à avoir une meilleure qualité de vie.