Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a vivement critiqué les «manœuvres» et «les pressions» exercées par la France au sein du Conseil de sécurité et sur les pays de l'Union européenne, en faveur du Maroc. Pour lui, «la France ne veut ni paix au Sahara occidental ni stabilité dans le nord-ouest d'Afrique». Intervenant hier, lors d'une conférence de presse animée à l'ambassade du Sahara occidental à Alger, Le MAE sahraoui a affirmé que «selon les dernières informations, le Maroc, soutenu par la France et certains pays du Golfe à l'exemple de l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes, n'a fait preuve ni de bonne volonté ni de bonne intention pour appliquer la dernière décision du Conseil de sécurité». Une décision portant sur le retour de la Minurso dans un délai ne dépassant pas les 3 mois. Le personnel civil de la mission de l'Onu avait été expulsé par Rabat en signe de protestation contre des propos tenus en mars dernier par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon. Le Maroc a reproché au SG de l'ONU d'avoir utilisé le terme « occupation » pour qualifier la présence marocaine au Sahara occidental. Le conférencier a affirmé que le Maroc est en train de gagner du temps pour entraver toute initiative à la faveur de l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Le chef de la diplomatie sahraouie a fait état de connivence et de complicité de certaines parties au sein du Conseil de sécurité, qui entravent les efforts de l'ONU pour l'autodétermination du Sahara occidental. Mais ce qui est intrigant, selon le conférencier, est la position contradictoire de la France vis-à-vis du Sahara occidental. Il s'est interrogé «comment la France intervient militairement en Libye et en Syrie sous prétexte d'instaurer la démocratie et de défendre les droits de l'homme, et d'un autre côté, elle soutient et encourage le Maroc, en justifiant les violations des droits de l'homme au Sahara occidental et en entravant tout processus de règlement de ce conflit à la faveur des Sahraouis ?» Mohamed Salem Ould Salek dit comprendre la position espagnole qui a adopté un choix tactique pour préserver ses intérêts au Maroc, mais il dit ne rien comprendre de la position française qui ne sert ni ses propres intérêts ni ceux de l'Union européenne. Il l'accuse de vouloir torpiller tous les efforts au Sahara occidental et dans la région. Ould Salek a également dénoncé l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. Il a expliqué que la France a tout fait pour pousser les Etats membres de l'Union européenne à déposer un pourvoi en appel visant à contester la décision prise par la Cour européenne de justice portant sur l'annulation de l'accord agricole et de pêche avec le Maroc. Le ministre des Affaires étrangères sahraoui s'est dit également intrigué par la position française et de certaines parties qui soutiennent le Maroc alors que ce dernier « inonde la région africaine et maghrébine de drogue ». Et d'ajouter : « Pourtant, ils savent que les commanditaires des attentats de Madrid, de France et de Bruxelles sont des trafiquants de drogue dont la plupart portent des noms marocains», a-t-il attesté.