Au ministère du Commerce, la flambée des prix des principaux produits agricoles, dont les fruits, durant les deux premières semaines de ce mois de ramadhan, en particulier les trois premiers jours, n'a pas provoqué de réaction salutaire. Une réaction allant dans le sens de la régulation des prix et la lutte contre la spéculation effrénée adoptée par beaucoup de commerçants durant ce mois sacré. Invité à expliquer la position du ministère sur ces questions qui, comme à chaque ramadhan, ont fait jaser les Algériens, M. Abdelaziz Ait Abderahmane, directeur de la régulation et des marchés, a indiqué que «les prix ont commencé à baisser». La hausse constatée les premiers jours est due selon lui à «l'effet de la demande qui fait que les prix augmentent. Maintenant, les prix baissent et retrouvent leur niveau habituels», ajoute-t-il sans pour autant donner d'indications sur une éventuelle intervention des services de contrôle des prix du ministère. Très évasif, il a ajouté que «les prix des principaux produits ont baissé par rapport aux trois premiers jours de ramadhan. On pense que la tendance va baisser dans les prochaines semaines», donnant quelque prix de produits qui ont baissé, mais seulement les produits non consommés durant ce mois de jeûne, alors que les haricots blancs, la tomate notamment restent dans une tendance haussière à 280 DA/kg et 100-120 DA/kg. Le directeur de la régulation et des marchés au ministère du Commerce n'a pas détaillé les raisons de la flambée de ces produits ainsi que certains fruits de saison. Par ailleurs, il a reconnu que le prix de la pastèque est «passé du simple au double», mais là également, il estime que «c'est l'effet de la forte demande qui a coïncidé avec le début du ramadhan». Pour les viandes rouges, il a souligné qu'il y a une «stabilité» des prix. M. Abdelaziz Aït Abderahmane n'a pas donné d'autres explications sur ces hausses subites et récurrentes des prix des produits de large consommation qui sont enregistrées à chaque ramadhan se bornant à rappeler que cette fois-ci les préparatifs ont commencé dès le mois de mars. «Chaque année on prépare ramadhan avec les parties concernées ; on prépare au plan de la disponibilité, notamment pour les céréales, farine, laits, légumes frais et viandes». Pour le poulet, l'ONILEFV a mis en place, selon lui, 114 points de vente et 200 points de vente franchisés. Et, pour que les quantités de viandes rouges soient suffisantes sur le marché, il a indiqué qu'un programme d'importation a été mis en place par le ministère du Commerce. Quant à la désorganisation et l'anarchie qui règnent depuis des années sur le marché national des grands produits, dont ceux agricoles, le responsable du secteur au ministère du Commerce estime que la solution réside dans la densification des «hypermarchés» en Algérie. Car, selon lui, même s'il a botté en touche sur cette question cruciale de la désorganisation du marché des produits agricoles notamment, «9 hypermarchés sont insuffisants pour 40 millions d'habitants». «Il faudrait de grands moyens, un circuit de distribution dense, on encourage la grande distribution pour que nous ayons une disponibilité de produits ;... il faut une distribution équilibrée dans l'espace qui permet aux services de contrôle du ministère de contrôler et surveiller», car «on pourrait réguler le marché avec les hypermarchés». Seul problème : l'indisponibilité du foncier pour la construction de telles infrastructures. Fête de l'Aïd, les commerçants joueront-ils le jeu ? En attendant, il reconnaît le «bide» des marchés de proximité qui ne fonctionnent pas, faute d'avoir été distribués par les walis. Par ailleurs, l'autre gros souci de ce mois de ramadhan, ou plutôt la fin de ce mois sacré et les jours de l'Aïd el-Fitr, qui coïncide cette année avec le 5 juillet, est la disponibilité des produits de large consommation durant cinq jours. Pour la permanence des jours fériés et de l'Aïd el-Fitr, M. Abdelaziz Aït Abderahmane a voulu être rassurant en indiquant que les 33.276 commerçants réquisitionnés cette année assureront leur permanence. «Cette année, on a décidé que la permanence aille au-delà de l'Aïd, avec la fête du 5-Juillet, s'ils vont au-delà de quatre jours, ce ne sera pas correct de la part des commerçants». Cette année, le nombre de commerçants devant assurer la permanence de l'Aïd el-Fitr est en hausse de 23%, et les boulangers réquisitionnés sont au nombre de 4.932 (+9%), et 20.167 magasins d'alimentation générale (+28%). En outre, 435 unités entre laiteries, minoteries et unités de production d'eau minérale sont également réquisitionnées pour les fêtes de l'Aïd. Quant aux agents de contrôle du respect de la permanence, ils sont au nombre de 2314, ajoute M. Abdelaziz Aït Abderahmane. «Généralement, ce sont 30% des commerçants qui doivent ouvrir durant les jours de l'Aïd.'' Enfin, sur la prolifération des marchés informels durant ce mois sacré, il a simplement éludé la question en mettant en avant qu'en 2011, il y avait 1368 sites de vente informels, et maintenant, «nous sommes à moins de 300 sites informels. On a éradiqué, en 4 ans, 1032 commerces informels et dans certaines villes il n'y a plus de commerce informel».