Le Premier ministre a procédé, hier, à un changement à la tête du groupe pharmaceutique «Saidal» en destituant son directeur général par intérim, Mohamed Hamouche, pour le remplacer par Yacine Younes. Ce changement, Abdelmalek Sellal l'a opéré, en même temps, que d'autres, au secteur public, comme c'est le cas de la mise de fin de fonction du directeur général des Domaines et de celui de l'Instance de régulation des postes et télécommunications. Il est fort possible que d'autres vont suivre, incessamment. «Les changements répondent aux objectifs fixés, à travers la nouvelle stratégie économique, dont le 1er ministre a fait part lors de la dernière tripartite, » nous dit-on, du côté du premier ministère. C'est son statut de président du Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui donne à Sellal, la prérogative de changer les premiers responsables des entreprises publiques. Il est, aussi, représenté dans leurs assemblées générales respectives. AG qui doivent se réunir pour entériner tout changement de responsable. La mise de fin de fonctions du directeur général par intérim du groupe pharmaceutique Saidal, est la deuxième, en l'espace d'à peine, six mois. Le ministre de l'Industrie et des Mines avait, en effet, le 26 novembre 2015, destitué Boumediène Derkaoui de son poste de P-DG du groupe. Le ministre a laissé le poste de directeur général en «mode intérim» aux mains de Mohamed Hamouche, directeur des Opérations au sein de Saidal. Ce dernier a été remplacé, hier, par Yacine Younes, directeur du Développement au sein du même groupe. «Au cours de ces six mois, Saidal a enregistré des dégâts qui ont, considérablement, freiné son développement voire son simple fonctionnement,» nous disent des responsables, au ministère de tutelle. Le groupe pharmaceutique a, en effet, enregistré une hémorragie de départs de directeurs de départements et de cadres, qui, à peine quelques jours après le limogeage de Boumediene Derkaoui par Bouchouareb, ont démissionné de leurs postes parce que nous disent certains d'entre eux «on ne se retrouvait plus dans le climat de suspicion qui a été installé mais surtout on ne savait plus quoi faire face aux décisions incongrues qui ont été prises concernant le développement du groupe. » Repêchage de Saidal L'on rappelle que l'ancien P-DG de Saïdal, Boumediene Derkaoui, avait, le 20 août 2015, présenté au Premier ministre, « le projet de développement et de modernisation du groupe ainsi que de son ouverture sur l'extérieur. » Il l'avait fait durant la visite de Abdelmalek Sellal, à Constantine, dans le sillage de la pose de la première pierre du projet d'insuline. Derkaoui avait, alors, reçu le soutien du Premier ministre et a été encouragé pour enclencher la mise en œuvre du projet présenté. Trois mois après, il se voit limogé par le ministre de l'Industrie et des Mines. L'on pense, dans le milieu des cadres mécontents, qu'il est certain que le Premier ministre n'avait pas été avisé de la prise de cette décision d'autant que le jour de son exécution, par le ministre, il était en visite officielle à Téhéran, en Iran. «Après la lune de miel qui avait (ré)uni le ministre et le P-DG, il y a eu un divorce mais pas à l'amiable, » ironisent des cadres qui n'ont pas encore digéré le renvoi de Derkaoui. L'on nous rappelle que Bouchouareb n'avait pas accepté que Derkaoui remette en cause le choix de certains partenaires étrangers qu'il avait, lui-même, retenu pour la réalisation, en partenariat, de projets d'insuline et de vaccin. En tout état de cause, les cadres déplorent «la remise en cause du projet de développement de Saidal par l'intérimaire placé par Bouchouareb, alors qu'il avait été bien ficelé par l'ancien P-DG. » Selon nos sources, «tout s'est fait pendant ces six mois, pour contrecarrer ce qui avait été décidé et entrepris avant.» Des responsables au ministère de l'Industrie nous affirment que «le ministre s'est bien rendu compte que Saidal allait à la dérive et que les promesses de son développement et modernisation étaient parties en fumée. » L'investissement et le foncier en point de mire Première action de sauvetage du groupe, le changement opéré donc, hier, par Sellal, à la tête de la direction, en nommant un nouveau patron, en la personne de Yacine Younes. Pour «faire vite bouger les choses», instruction à été donnée, selon nos sources, pour prendre attache avec l'ensemble des directeurs et cadres qui ont démissionné. «Le ministre veut les rappeler et les convaincre de sa bonne foi, pour régler tous les problèmes en suspens et relancer le projet de développement de Saîdal.» La tutelle a, en parallèle, nommé, hier, Hocine Kerboub, comme président du conseil d'administration, dans lequel il siégeait comme membre. Kerboub est, en même temps, représentant des petits porteurs dans le groupe (actionnaires en bourse.) Le départ du directeur général des Domaines est, lui, incontestablement lié au règlement de la question du foncier qui se pose, depuis toujours, avec acuité. Pour rappel, les 48 walis ont été instruits, l'année dernière, par le Premier ministre pour se transformer, chacun pour sa part, en acteur économique actif et averti et ce, pour faciliter l'investissement et relancer le développement local. Il est évident que le foncier connaîtra d'autres prescriptions pour ne plus en être l'obstacle clé. Reste à savoir lequel des ministres, celui de l'Intérieur et des Collectivités locales ou celui de l'Industrie et des Mines arbitrera les problèmes liés à ce dossier épineux qui continue d'être au centre des affaires mafieuses, à l'intérieur du pays. Sa distribution, auprès des collectivités locales continue, ainsi, de se faire au profit de ceux qui manipulent grossièrement l'argent. De nombreux walis en savent, exactement, ce qu'il en est. Nouredine Bedoui a réuni, la semaine dernières, dix d'entre eux, à Oran et leur a fait savoir qu'ils étaient nombreux, à travers le pays, à ne pas être à la hauteur des missions qui leur sont dévolues