Invité hier au Forum hebdomadaire de Liberté, Boumediene Derkaoui, président directeur-général du groupe Saidal, est revenu sur des aspects liés à la production pharmaceutique et notamment, sur les investissements projetés dans le domaine de la production de médicaments. Dans sa lancée, M. Derkaoui a estimé que Saidal “va mieux". Elle l'est d'autant plus que les responsables de cette EPE ont lancé, dans le cadre du plan d'investissement de 2010, plusieurs projets portant sur la création d'une multitude d'unités de production et d'usines, afin de renforcer la présence des produits de Saidal sur le marché national. Un programme d'investissement ambitieux, dira-t-il, puisqu'il vise à élargir l'offre en médicaments et couvrir 20% des besoins nationaux à l'horizon 2015. “Plusieurs études ont été réalisées pour les 4 nouvelles usines de production de médicaments génériques de Saidal", a encore indiqué M. Derkaoui. Il s'agit, a-t-il précisé, d'une usine à Constantine, une autre à Annaba, une usine à Alger (El-Harrach) et enfin, une nouvelle usine de production à Cherchell. Ces nouvelles usines permettront, selon le P-DG de Saidal, de renforcer la présence du produit Saidal sur le marché. Un marché inondé jusqu'ici par des produits pharmaceutiques d'origine étrangère, l'Algérie important chaque année pour pas moins de 3 milliards de dollars de médicaments. Ces nouvelles infrastructures viendront s'ajouter aux différentes unités de production déjà existantes. Pour rappel, Saidal compte 10 usines de production, un centre de recherches et de développement et 3 unités de commercialisation. Le P-DG de Saidal a ajouté, par ailleurs, que la société compte lancer, dès juin prochain, un nouveau centre de recherches à Sidi-Abdallah, à Alger. Le plan de développement 2010-2014, adopté par le CPE de Saidal, prévoit aussi “l'extension et l'élargissement de la production de l'insuline à l'unité de Constantine, la réalisation d'une unité d'oncologie et une autre, industrielle, de biotechnologie". Cela s'ajoute au programme de modernisation de cinq sites déjà existants. Une unité d'oncologie en partenariat avec les Koweitiens À propos de la mise sur pied d'une unité de production en oncologie, M. Derkaoui a souligné que Saidal s'est associée avec un groupe koweitien, précisant que Saidal détient 49% du fonds d'investissement, 2% reviennent au Fonds national d'investissement et 49% aux associés. “Ce groupe détient une usine d'anticancéreux au Caire", a-t-il indiqué. L'objectif de cette association avec ce groupe “est de dupliquer cette usine en Algérie", a-t-il dit. M. Derkaoui s'appuie, en outre, sur la réussite de Wataniya (Nedjma), en tant qu'investisseur koweitien, dans les télécommunications pour défendre le choix porté sur un partenariat avec ce pays, même s'il n'est pas particulièrement connu par son industrie pharmaceutique. “Les associés détiennent le droit de vente, mais avec préemption", a-t-il ajouté. Rappelant que le coût des anticancéreux est de 20 milliards de dinars et que l'enveloppe allouée à ce chapitre a doublé durant les deux dernières années, M. Derkaoui estime que “Saidal a le devoir de prendre ce risque pour produire des anticancéreux". Le problème lié aux solutés À une question concernant le recul de Saidal dans la production des solutés, M. Derkaoui a indiqué que l'usine de Gué-de-Constantine (Alger) produisait 12 millions d'unités. Cette unité, mise sur pied depuis plusieurs années, a vu sa capacité de production reculer à 8,5 millions d'unités, alors que la demande est de 40 millions d'unités. Avant, elle couvrait toute la demande nationale, “mais une crise financière a provoqué cet état de fait", a-t-il expliqué. Mais pas seulement puisqu'à ce problème de financement s'ajoutent, selon M. Derkaoui, des problèmes liés à la modernisation de l'unité, qui ont freiné sa capacité. D'où la décision de mettre sur pied une unité de production complémentaire avec des partenaires étrangers. Le choix des partenaires étrangers Le partenariat qui lie Saidal avec des laboratoires mondialement connus ne se résume pas uniquement à la production d'un produit médical sûr. Ce partenariat se décline aussi, estime le P-DG du groupe, par des alliances et des contributions à l'effort de recherche et aussi par le partage des risques. Il a reconnu la difficulté de s'engager dans un processus de fabrication de médicaments sans appui et association de laboratoires reconnus, et il expliquera que même la procédure à engager auprès des spécialistes relève d'un effort considérable. Il a cité comme exemple le contrat pour la fabrication de l'insuline contracté avec Novo Nordisk, qui a permis la production de 3% de la demande nationale. Le marché est de 20 millions d'euros. M. Derkaoui, qui a évoqué le code des marchés publics, a indiqué que le texte régissant l'activité économique et des marchés a été revu, récemment, par les pouvoirs publics. Sur ce point, il a souligné que les dispositions intégrées dans le texte ne concernent pas les entreprises publiques économiques, ce qui est, de son avis, “un avantage pour la gestion efficace des EPE". “Ce sont les organes sociaux des EPE qui sont appelés à élaborer leur plan de travail et d'investissement", chacun selon son terrain de prédilection. Conflit avec la PCH : pas de polémique Interrogé sur “le conflit" entre Saidal et la Pharmacie centrale des hôpitaux, M. Derkaoui a indiqué qu'il ne “veut pas polémiquer". Néanmoins, il invite les responsables de la PCH à une réunion “pour situer les responsabilités", a-t-il répondu. Gestion des ressources humaines à Saidal : une dérive salariale de 30 ans À propos des travailleurs de Saidal, M. Derkaoui a révélé que la situation dont il a hérité à Saidal est faite, principalement, “de dérives". Il a révélé, à titre d'exemple, que des secrétaires de direction étaient mieux payées que les ingénieurs chimistes. Une situation “ubuesque", a-t-il résumé. En revanche, il a fait savoir qu'une nouvelle politique salariale est mise sur pied à l'entreprise, avant de marteler qu'“on ne bâtit pas une entreprise en satisfaisant tout le monde". M. M. Bio-express Boumediene Derkaoui est né en 1948 à Saïda. Ancien dirigeant de la Sempac, il a occupé différentes fonctions au niveau de plusieurs ministères. Ainsi, cet ancien normalien, licencié en sciences économiques à l'université d'Alger et titulaire d'un DEUA en économie à la Sorbonne, était conseiller du ministre de l'Industrie, durant les années 1980, ensuite chef de cabinet du ministre du Travail durant les années 1990. Après avoir été secrétaire général du ministère de la Participation, il sera consultant indépendant durant plus de 8 ans, avant d'être rappelé en 2010 à la tête de Saidal.