Le 1er ministre a effectué jeudi dernier une visite de travail dans plusieurs daïras et communes de la wilaya de Tiaret. En ce 18ème jour de ramadan à température caniculaire, il n'a pas été avare de déclarations. Il a tangué toute la journée entre menaces, avertissements, inquiétudes, rappels, assurances et promesses. Sa menace la plus directe a été dirigée contre les concessionnaires de véhicules dont l'obligation d'investir en Algérie a été rappelée durant toutes ces années sans résultat. Acculé par les effets drastiques de la crise économique et la baisse des ressources financières, le gouvernement semble décidé à aller au bout de sa logique d'utiliser le bâton contre ceux qui n'ont pas voulu comprendre par «le clin d'œil». Le 1er ministre a rappelé que «la loi de finances 2013 est claire, elle a donné trois ans aux concessionnaires de véhicules pour réaliser après un projet industriel ou semi-industriel, ils doivent créer en Algérie des usines de montage de véhicules ou au moins de fabrication de pièces détachées s'ils veulent continuer leur activité l'année prochaine, sinon en 2017, ils n'auront pas leur licence d'importation». Sellal a averti que «nous allons élargir cette obligation d'investir à l'ensemble des importateurs de produits de large consommation, les produits pharmaceutiques et agroalimentaires». Il rappelle à «ceux qui importent les intrants et les matières premières (qu'ils) doivent tous produire, ce que j'ai dit pour les concessionnaires est valable pour le lait, le yaourt et les médicaments». Il promet encore que «nous allons vous aider à importer de la poudre de lait mais aussi à produire le lait, le yaourt et dans l'agroalimentaire pour ne plus les importer mais pour les exporter». Lors de sa visite aux ateliers d'assemblage de véhicules de Tiaret, Sellal demandera à leurs propriétaires «il faut qu'on préserve la qualité, il ne faut pas qu'on produise le bas de gamme, on produira pour exporter». Son inspection de «l'établissement de développement de l'industrie des véhicules de Tiaret», un partenariat liant Défense nationale -Mercedes-Benz- Emiratis, le laissera dire que «c'est un projet qui montre que l'Algérie a commencé à s'améliorer dans la fabrication de véhicules utilitaires, il faut qu'on élargisse la gamme, dans deux ou trois, le taux d'intégration doit être plus important». Il appelle à «investir dans la sous-traitance automobile, il faut l'encourager pour la création d'emplois de jeunes à Tiaret». «Il faut investir au maximum dans le forage» Le 1er ministre promet qu' «on facilitera davantage l'investissement productif mais il faut qu'on sache exporter comme on le fait déjà avec la pomme de terre vers la Suisse et le Qatar, c'est notre challenge, on ne reviendra pas en arrière». Il a ainsi affirmé que «c'est la seule solution, parce qu'il est impossible de continuer de développer l'économie nationale sur la base de la rente pétrolière». Ceci, a-t-il assuré, «même si à Sonatrach, aujourd'hui, les choses s'améliorent puisque après une baisse dans les années 2000 jusqu'en 2009, on a eu une hausse -relative- de la production en 2013-2014 et continue d'augmenter à ce jour». Il fera savoir à ce sujet que «nous avons examiné (mercredi dernier), le dossier Sonatrach et notre politique et notre guerre sont pour développer la raffinerie et la pétrochimie, il faut que d'ici 2019-2020, Sonatrach n'importera plus de produits raffinés ; ils le seront ici en Algérie». Il veut que «tous les secteurs participent dans l'industrialisation et dans l'investissement, les raffineries doivent jouer un grand rôle pour traiter le pétrole ici, ce qui nous permettra de créer de l'emploi et de développer notre économie». D'ici donc «à fin 2019 début 2020, il y aura un changement de notre vision stratégique économique, il faut que Sonatrach mette tous ses moyens pour renforcer la production, il faut investir au maximum dans les appareils de forage pour produire plus, Hassi Messaoud n'est exploité qu'à 23%, il faut qu'on double notre production». Il n'omettra pas de souligner qu' «on s'en tiendra toujours au 51/49 mais il faut qu'on investisse dans la raffinerie, haro sur la pétrochimie et l'investissement». «Il faut qu'on sache que la situation est difficile» Sellal estime à cet effet que «l'INAPI doit revenir à Sonatrach pour former les cadres». Il souligne en parallèle que «ce qui n'empêche pas de diminuer du niveau de notre exploitation interne des carburants». Sellal en (r)appellera à la nécessité de se tourner vers le mix énergétique ou le bouquet énergétique qui permet d'investir dans les différentes sources naturelles pour la production d'énergie. «Nous sommes la génération qui doit définitivement régler les problèmes économiques du pays, il faut faire preuve de patriotisme dans ce domaine», pense-t-il. Il rappelle encore que «ces deux dernières années, on a connu le premier choc pétrolier mais on tient le coup et on tiendra encore, et on n'est pas allé vers l'endettement extérieur, mais il faut qu'on sache que la situation est difficile, il faut diversifier notre économie». Il lancera au passage «ne pensez pas qu'on laisse faire, on est au courant de tout, nous maîtrisons la situation, le ministre des Finances, certes, ne parle pas mais il sait compter». Il exposera un autre dossier, celui de la retraite pour réaffirmer qu' «il est impossible de prendre sa retraite à 40 ans alors que l'âge moyen de vie en Algérie est de 77, 5 ans, il ne faut pas que ceux qui auront travaillé jusqu'à 60 ans paient seuls». Il nuance ces propos en soulignant qu' «il faut une justice dans les retraites.» Il fait savoir qu'il est question pour le gouvernement de «déterminer les métiers à haute pénibilité, nous allons leur alléger les conditions de départ à la retraite». Sellal notera la fragilité des équilibres financiers de la caisse nationale de retraite (CNR) et fera savoir que «depuis deux ans, la CNR n'a pas les moyens pour payer les pensions, on a dû puiser dans les caisses de la sécurité sociale pour pouvoir le faire, heureusement qu'il y a la solidarité nationale.» (Voir P.2 du Le Quotidien d'Oran du mardi 21 juin 2016 l'article intitulé «La bataille de la retraite».) «Je n'augmenterai pas les salaires d'un sou !» Le 1er ministre évoquera le sujet brûlant de l'heure en l'occurrence la fuite des sujets du baccalauréat et la fraude dans les examens. Il commence en premier par assurer que «toutes les mesures ont été prises pour que la prochaine rentrée scolaire et universitaire se fasse normalement». Il avouera que «nous connaissions la fraude depuis plusieurs années mais si on triche dans le savoir, on touche à la crédibilité de notre culture». Tout en précisant qu'«heureusement que les épreuves partielles du bac se sont passées sans fuite de sujets», il liera la fraude à la sécurité pour souligner que «dans la Défense nationale, si on n'a pas d'ingénieurs et de techniciens performants, on ne peut moderniser les moyens de notre autodéfense». Il note la mise en place de «brouilleurs modernes» dans les centres d'examen non sans rendre hommage au ministère de l'Education nationale en soulignant qu'«heureusement que la famille de l'éducation était présente partout». Il soutient cependant qu'«on ne peut permettre que le niveau scolaire régresse à ce point» et menace encore «celui qui joue de la crédibilité de l'Etat, quels que soient son statut ou son rang, sera sévèrement sanctionné». D'autant qu'il réaffirme que «l'Algérie est dans une conjoncture économique très particulière, on a besoin de serrer les rangs». Dernier point fort précisé par le 1er ministre à partir de Tiaret, son refus ferme d'augmenter les salaires de la fonction publique «même pas de freinc (franc ndlr).» Il a déclaré ainsi que «si on ne change pas notre vision en économie, on ne peut même pas ajouter un sou dans les salaires notamment ceux de la fonction publique, parce que les entreprises qui travaillent et gagnent sont libres de le faire». Il appelle à la réhabilitation du travail et recommande qu'«on doit travailler plus».