« Nous sommes décidés à produire localement tout ce dont ont besoin les Algériens, et à procéder, dans une deuxième étape, à l'exportation de ces produits. C'est une décision définitive et il n'est plus question de revenir en arrière », a insisté le Premier ministre, dans une déclaration faite à l'unité de production de la Société algérienne pour la fabrication des véhicules Mercedes-Benz (Safav-MB) de Tiaret. Il a saisi cette opportunité pour appeler les concessionnaires à revenir à la raison, en respectant la loi en vigueur. « La loi est claire. La LFC 2013 vous a accordé un délai de trois années pour la réalisation d'une unité industrielle ou semi-industrielle afin de pouvoir arrêter l'importation des véhicules. Si vous voulez poursuivre votre activité en Algérie, vous devez, d'ici l'année prochaine, installer une unité de production de véhicules ou de pièces de rechange. C'est ça le chemin décidé et tracé. Autrement, dès 2017, vous n'aurez plus de licences d'importation de véhicules », a-t-il expliqué. Cette mesure d'annulation des licences d'importation sera élargie, selon Sellal, à plusieurs produits de large consommation, en plus des médicaments et de la poudre de lait. « Les importateurs de médicaments sont tenus, eux aussi, de procéder à la réalisation d'unités de production en Algérie », a tranché Sellal. Fini l'économie basée sur les hydrocarbures Cette décision concerne aussi les producteurs de l'agroalimentaire. « Nous sommes en train d'aider les fabricants des produits dérivées du lait à importer la poudre de lait. D'ici l'année prochaine, ces producteurs doivent investir localement pour assurer la fabrication de ces produits en Algérie », a-t-il averti. Sellal estime que toutes les conditions et tous les moyens sont disponibles en Algérie. « Nous pouvons aller loin dans le domaine de la production, qu'il faut d'ailleurs augmenter, et nous sommes déterminés à atteindre cet objectif. » Dans ce contexte, le Premier ministre explique que ces mesures viennent en application de la feuille de route tracée pour l'industrialisation de l'Algérie. « L'industrie est notre seule alternative. Il n'est plus possible de penser à développer l'économie algérienne en se basant sur les hydrocarbures », a-t-il souligné. Il a rappelé que les mesures d'allègement prises par le gouvernement ces dernières années commencent à porter leurs fruits. « Il y a un répondant que nous allons soutenir davantage », a-t-il indiqué. La priorité est accordée au développement de la production agricole. Il cite, à ce titre, l'exportation de la pomme de terre vers le Qatar et la Suisse après la Russie. Le gouvernement compte aussi sur le secteur automobile. « Il en sera de même pour le secteur automobile où il faut passer à l'exportation. L'Afrique est un marché prometteur que nous devons absolument exploiter », a-t-il ajouté. A l'usine de montage rachetée par Tahkout en partenariat avec Hyundai, Sellal a demandé au partenaire algérien de « bien négocier son contrat pour augmenter le taux d'intégration et le ramener à plus de 40% d'ici quatre années ». Il a également insisté sur l'exportation et la fabrication, en Algérie, de tous les nouveaux modèles créés par le concessionnaire coréen. Pas d'endettement extérieur « En dépit de la crise économique qui nous affecte depuis deux ans, nous n'avons pris aucune mesure d'endettement extérieur. Mieux, nous sommes en train d'améliorer la situation de certains secteurs qui peuvent apporter de la valeur ajoutée », a insisté Sellal. A ce propos, il estime que le peuple doit savoir que la conjoncture est très difficile mais « nous avons une parfaite maîtrise de la situation financière, notamment avec l'arrivée du nouveau ministre qui ne parle pas beaucoup mais qui fait bien les choses ». Par ailleurs, Sellal s'est réjouit de la hausse de la production des hydrocarbures. « Cette hausse va soutenir l'économie nationale mais il n'est plus question qu'elle constitue, elle-même, l'économie nationale », a-t-il souligné. L'examen du dossier de Sonatrach a fait ressortie plusieurs décisions dont l'exécution sur le terrain s'avère importante pour pouvoir remporter cette guerre enclenchée contre « la non-industrialisation » et le « non-investissement » en Algérie. Le premier axe de développement de Sonatrach concerne le développement de la raffinerie. « Au lieu de commercialiser 30 millions de produits pétroliers brut, il faut penser à les transformer ici puis à les exporter », a souligné Sellal, précisant que c'est « l'une des actions retenues dans le nouveau modèle économique et social ». En rassurant les cadres de Sonatrach, Sellal les interpelle à œuvrer pour augmenter la production. « Il faut augmnter la production de gaz et de pétrole pour contribuer à la diversification de l'économie nationale ». Le deuxième axe de développement concerne la pétrochimie. « Il faut développer la pétrochimie à travers une coopération avec les nationaux ou les étrangers dans le cadre de la règle 51-49 », a-t-il insisté. La réduction de la consommation interne est l'autre défi à relever à travers l'institution du « mixte énergétique ». Sellal annonce le rattachement de l'Institut algérien de pétrole à Sonatrach afin « d'assurer une formation de haut niveau aux cadres », a-t-il dit. Pas de hausse salariale Abdelmalek Sellal a appelé les Algériens, peuple et opérateurs économiques, à changer leur vision du rôle de l'Etat et à opérer leur mutation vers une nouvelle vision économique basée sur la productivité et le travail. « l faut oublier l'ancienne vision. L'Etat vient aujourd'hui en appui des initiatives prises à travers un financement mixte mais il n'est plus question de donner tout gratuitement », a-t-il indiqué. Il a évoqué, à ce propos, l'annulation de la retraite anticipée. « Les travailleurs doivent comprendre qu'il n'est plus possible de maintenir la retraite anticipée. Le travailleur ne peut plus partir à la retraite à 40 ans car celui qui travaillera jusqu'à 60 ans payera pour lui. Ce n'est plus possible de le faire, d'autant que l'espérance de vie des Algériens est passée à 77 ans », a-t-il expliqué, insistant sur « l'instauration d'un équité dans le traitement de ce dossier ». Néanmoins, Sellal a rassuré les femmes qui « peuvent partir à la retraite à partir de 55 ans » et travailleurs exerçant des métiers pénibles de la prise de mesures « d'allégement ». « Nous allons leur réduire quelques années », a-t-il annoncé, en réponse à ceux qui travaillent sur chantier au sud. Il a rappelé la conjoncture spéciale qui a vu l'instauration de la retraite anticipée et du déficit que connaît la Caisse nationale des retraites. « Ces deux dernières années, nous avons été obligés d'emprunter pour couvrir les pensions des retraités », a-t-il indiqué. Par ailleurs, Sellal a écarté toute augmentation salariale dans la fonction publique. « Nous ne pouvons pas augmenter les salaires », a tranché Sellal, affirmant que l'Etat encourage et maintient les entreprises rentables et ne se démarquera pas, ceci dit, de sa mission de protection des couches défavorisées. « Il n'est plus possible de dépenser plus. Les Algériens doivent travailler davantage et mieux et on doit aussi inculquer cette culture de rationalisation des dépenses », a souligné le Premier ministre qui a insisté sur la nécessité « de réintroduire la valeur du travail ». « On n'est plus dans une situation d'aisance financière. Le nouveau modèle économique prévoit des mesures pour la relance et nous comptons beaucoup sur le secteur agricole », a-t-il indiqué. Bac : révolutionner la famille éducative Intervenant au dernier jour du déroulement des examens du bac partiel, Sellal a annoncé « le placement, dès la rentrée prochaine, de brouilleurs électroniques de dernière technologie dans tous les centres d'examen du bac ». En saluant la compréhension de l'ensemble de la société à propos des mesures prises pour assurer le bon déroulement du bac partiel, le Premier ministre a appelé à « une révolution dans la famille éducative. « Nous n'avons jamais pensé ou espéré atteindre un niveau aussi bas. Nous avons beaucoup régressé », a regretté le Premier ministre, affirmant qu'il est « inadmissible » et « inacceptable » d'accepter le triche dans les domaines du savoir. Car, a-t-il poursuivi, « un pays qui porte atteinte et préjudice au patrimoine scientifique et culturel ne peut pas avoir un avenir glorieux », a-t-il insisté. « Le réduction du niveau d'instruction aura forcément des répercussions sur le niveau du pays même dans le secteur de la défense nationale que nous ne pouvons développer avec de telles pratiques. » Le Premier ministre s'est montré intransigeant avec les cadres de l'Etat qui ne respectent pas la loi. « out commis de l'Etat magouilleur sera écarté. Les cadres se doivent d'adopter la politique de l'Etat et d'appliquer strictement ses instructions », a-t-il insisté. Sellal a instruit le ministre de l'Enseignement supérieur à « plus de rigueur » dans le déroulement des examens dont les résultats doivent « refléter le niveau des étudiants ». En affirmant que le bac partiel s'est déroulé « dans de bonnes conditions » et « sans fuites », il est revenu sur l'urgence de redoubler d'efforts pour mieux avancer. « Nous sommes dans une conjoncture sensible. Nous avons besoin de nous unir et de travailler plus pour ne pas sombrer dans des situations de surenchère et de fraude », a-t-il indiqu ». Foncier : une semaine pour le traitement des dossiers Evoquant le sujet du foncier, Sellal a appelé les gouvernement en la matière. Il a donné des instructions pour « satisfaire » toutes les demandes exprimées et de « régler » tous les dossiers en suspens. « Les wilayas ont besoin de faire un travail de marketing et de communication pour pouvoir attirer les investisseurs », a-t-il affirmé. Les dossiers soumis aux instances concernées doivent être traités dans un délai d'une semaine. « Il faut oublier les méthodes du Calpiref », a-t-il indiqué. Sellal a relevé l'« important » potentiel agricole et industriel de la wilaya de Tiaret. Outre la production agricole diversifiée, il a demandé aux agriculteurs de revenir à la production des légumes secs.