Saïda Benhabyles, la présidente du Croissant rouge algérien (CRA), a indiqué, hier, que 15.000 ressortissants nigériens ont été rapatriés dans leur pays depuis décembre 2014. En marge d'une opération similaire qui a concerné 350 Nigériens présents dans la wilaya de Blida et qui ont été conduits à Tamanrasset dans de «bonnes» conditions sanitaires et sécuritaires, Mme Benhabyles a réaffirmé que ces rapatriements se font sur demande des autorités de Niamey qui soupçonnent l'existence de réseaux criminels nigériens qui exploiteraient ces personnes. Les opérations se font sous le parapluie du CRA et se déroulent «normalement» dans le respect des protocoles internationaux (aide humanitaire, visites médicales, denrées alimentaires), a-t-elle encore annoncé. La présidente du CRA était déjà revenue sur la question en précisant que l'opération de rapatriement ne touche uniquement que les Nigériens. Alger s'interdit tout rapatriement de réfugiés étrangers installés sur son territoire «tant que la stabilité n'est pas rétablie dans leur pays», avait affirmé Mme Benhabyles. Pourtant, le dossier des clandestins et réfugiés africains se réactualise après chaque fait divers mettant aux prises ces derniers avec les locaux. Les cas enregistrés, même s'ils ne font pas la règle, ont suffi à jeter une ombre sur les rapports qu'entretiennent les populations locales avec ces différentes nationalités de l'Afrique noire et subsaharienne surtout dans les grandes villes du Sud algérien. Les derniers événements en date se sont produits en juillet à Tamanrasset où des échauffourées entre de jeunes autochtones du quartier réputé chaud de Gataâ El-Oued et des ressortissants subsahariens ont fait une cinquantaine de blessés. La confrontation aurait éclaté suite à un différend entre les deux parties autour de la finale de l'euro 2016 de football qui a ensuite dégénéré en rixes avec échange de jets de pierres qui se sont poursuivies jusqu'au lendemain à Gataâ El-Oued avant de s'étendre à des quartiers limitrophes, tels que Tahaggart et Choumoue. Si à Tamanrasset il n'est pas rare que ces affrontements se produisent, pour des raisons aussi variées que futiles, du fait même des caractéristiques intrinsèques de la ville et de son brassage ethnique, le phénomène tend à se reproduire un peu partout dans les grandes agglomérations du Sud algérien. En mars dernier, de violents affrontements ont éclaté à Ouargla entre de jeunes Algériens et des migrants subsahariens, suite à l'assassinat d'un Ouargli attribué à un ressortissant nigérien. 545 ressortissants originaires du Niger, de Gambie, du Sénégal, de Guinée, du Tchad, de Côte d'Ivoire et du Cameroun ont été acheminés vers le centre de rétention de Tamanrasset, en vue de leur expulsion vers leur pays d'origine. 600 autres ressortissants avaient été installés dans des centres d'hébergement de Ouargla et Touggourt en vue de leur expulsion. Le même mois, la cité Innara de Béchar a connu des échauffourées entre Algériens et ressortissants de pays subsahariens squattant des locaux publics. Plus de 100 migrants ont été arrêtés par la suite. Pour rappel, à la mi-novembre de l'année écoulée, 18 migrants subsahariens avaient trouvé la mort dans l'incendie d'un centre d'hébergement à Ouargla. Au-delà du fait divers, les dernières confrontations entre locaux et ressortissants africains renseignent sur un phénomène qui, à priori, paraissait presque anodin. Mais avec la multiplication des scènes violentes entre autochtones et migrants subsahariens, entraînant parfois mort d'hommes, la situation prend des proportions démesurées, balançant dans le crime et interpellant les consciences. Ces affrontements s'inscrivent dorénavant dans une relation de plus en plus conflictuelle entre Algériens et Subsahariens et trahit soit des difficultés économiques rencontrées dans une région, soit des tensions sur fond d'absence de l'autorité de l'Etat. Le mal, si mal existe, doit être solutionné à la racine en renforçant les contrôles aux frontières et en renvoyant chez eux tous les illégaux soit les légaliser en réadaptant les lois pour leur permettre de travailler en toute légalité en Algérie.