Les révélations de Abdelouahab Nouri sur le détournement du foncier touristique à Dounia Parc illustrent, si besoin est, la déliquescence de l'Etat. Alors que l'Algérie a fait de la relance du tourisme une priorité nationale, 65 ha du Parc des Grands Vents d'Alger destiné à la villégiature des habitants ont été détournés de leur vocation initiale. Le ministre du Tourisme, catastrophé, a annoncé que ses services ont résilié des contrats relatifs à 96 projets, dont une quarantaine de fast-foods. C'est dire le laisser-aller, l'absence de contrôle et la complicité de l'administration compétente est engagée. Si le ministre a appelé à prendre des «mesures urgentes et rigoureuses», il ne donnera pourtant aucune indication sur l'éventuelle ouverture d'une enquête judiciaire ou administrative à ce propos. Encore moins des poursuites contre les responsables de ce dossier. L'affaire est extrêmement grave pour qu'on se limite seulement à indemniser les bénéficiaires et à récupérer les lots de terrain en question. Nouri s'est désolé qu'on veuille relancer le tourisme alors que les zones d'expansion touristique sont squattées et détournées. Mais qu'on se le dise, ces autorisations et ces permis de construire ne sont pas tombés du ciel dans la poche des promoteurs. Le schéma d'acquisition est clair et les premiers responsables de ces situations restent le chef de l'exécutif de wilaya et son équipe. Y aura-t-il pour autant une enquête ? La logique nationale répond par la négative et les arguments sont à chercher dans les nombreux dossiers à scandale où les enquêtes sont étouffées lorsqu'elles ne sont pas tout bonnement zappées. Le ministre de tutelle reste seul maître de la décision, lui donnant un habillage purement politique ou clanique alors que les affaires citées, dénoncées ou rendues publiques sont du seul ressort de la justice. Qu'il s'agisse de dilapidation de deniers publics, d'utilisation des moyens de l'Etat à des fins personnelles, cas de nombreux maires algériens, d'accusations de sabotage, exemple de Makhloufi lors des JO de Rio, ces dossiers doivent avant tout être traités par une justice libre et indépendante. Mais voilà, la justice en Algérie reste au centre de toutes les critiques, reléguée au banc des témoins par le pouvoir exécutif. Qu'un ministre comme Hadi Ould Ali décide qu'il n'y aura pas d'ouverture d'enquête après les déclarations du double médaillé de Rio n'a aucun sens. L'homme n'est ni juge ni procureur pour décider de lui-même de fermer le dossier du JO sauf s'il a reçu des injonctions d'en haut. Le cas Hadi Ould Ali n'est qu'exemple illustratif de cette propension à enterrer toute affaire qui risque d'éclabousser le clan au pouvoir ou ses relais. L'opinion publique reste toujours effarée devant ce cynisme gouvernemental et le silence de la justice, première garante d'un Etat de droit.