L'opposition algérienne ne croit pas à des élections transparentes. En dépit de toutes les mesures décidées dans la nouvelle constitution, le système va, encore une fois, procéder au rapt de la volonté populaire. C'est ce qu'a indiqué hier, le président de Talai El Houriat, Ali Benflis, à l'occasion de l'ouverture de la réunion de l'instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO), à Alger. Selon Benflis, il ne faut se faire d'illusions. Les prochaines échéances électorales, de 2017, seront comme toutes les précédentes, à savoir entachées de fraude. Le système n'a jamais eu l'intention, comme il le prétend, d'instaurer une nouvelle culture dont le socle est le respect de la loi, estime encore Ali Benflis, qui souligne que les «changements radicaux» opérés dans la loi fondamentale et dont parle le système, comme d'un trophée, n'est, en fait, qu'un habit et une vitrine pour tromper l'opinion. La «haute instance indépendante de surveillance des élections n'est autre qu'une ruse de plus, une tergiversation pour maintenir le système en place», dira Ali Benflis qui note que l'administration va, encore une fois, être instrumentalisée aux dépens du droit et de la liberté. Il faut rappeler que l'article 194 de la Constitution révisée stipule que la Haute instance est composée à parité: de magistrats proposés par le Conseil supérieur de la Magistrature, nommés par le président de la République, et de compétences indépendantes choisies parmi la société civile, nommées par le président de la République. Quant au président de la Haute instance, il «sera choisi à l'issue de consultations avec les partis politiques». Cette instance disposera de l'autonomie administrative et financière et sera articulée autour d'un Président, d'un Conseil plénier et d'un Comité permanent de dix membres élus par le Conseil plénier, à parité entre magistrats et représentants de la société civile. Pour Ali Benflis, toutes ses mesures ne servent à rien. «Entre ce qui est décidé et ce que nous vivons sur le terrain, il y a une grande différence» tonne le président de Talai El Houriat qui a tenu, par ailleurs, à rappeler, à l'adresse des détracteurs de l'ICSO que l'opposition est pacifique, n'a jamais pris les armes et ne travaille pas dans l'ombre. «Notre nationalisme, notre patriotisme ne souffrent d'aucune ambiguïté» a ajouté Benflis qui reste convaincu que la survie du système dépend de la fraude. «En 2016, on se demande, encore, si on va participer ou non aux élections ?» ironise Ali Benflis, dont le parti semble trancher, en faveur du boycott des prochaines échéances électorales qui seront organisées, en 2017. A noter que la réunion de l'ICSO organisée, au siège de Talai El Houriat, à Ben Aknoun (Alger) devait évoquer justement cette question de la participation ou non aux élections. Les membres de l'ICSO se sont concertés, hier à huis clos, et devaient sortir avec une «décision commune» pour préserver la cohésion de tout le groupe, même si des divergences existent entre plusieurs partis politiques qui siègent au sein de cette instance, sur cette question de la participation à la prochaine élection.