"Face à la gravité de cette crise, les élections à venir ne font pas le poids. Elles peuvent occuper ou distraire ceux qui veulent bien leur accorder une importance. Elles peuvent donner l'illusion d'une routine ou d'une normalité pseudo-démocratique", a soutenu Benflis. Le parti Talaie El-Houriat se dirige-t-il droit vers un boycott des prochaines élections législatives prévues en 2017 ? La réponse serait affirmative, si l'on se fie aux propos tenus par son président, M. Ali Benflis, dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien El Watan, dans son édition d'hier. "Je crois que la messe est dite et que les jeux sont faits. Le système politique en place répète ses mauvais choix et poursuit sa fuite en avant. Il sait pertinemment que la fin de la tricherie politique et de la fraude électorale signifierait du même coup sa propre fin. La tricherie politique et la fraude électorale sont vitales pour sa survie et il ne le sait que trop bien qu'il ne peut y renoncer", a tranché l'ancien chef de gouvernement qui, visiblement, ne se fait pas trop d'illusions sur cette échéance politique dont l'issue serait, d'après lui, déjà scellée. Ali Benflis s'est même montré loquace sur le sujet et s'est lancé dans une longue analyse pour décortiquer les raisons qui l'amènent à s'avancer sur un constat aussi négatif. "En ces affaires électorales, le régime politique en place ne cache rien et met tout sur la table. Il vient de nous signifier que rien ne changera et que les élections continueront à se dérouler dans les conditions qu'il aura lui-même fixées, qu'elles obéiront toujours aux règles qu'il aura lui-même édictées et que leurs résultats seront ceux qu'il aura lui-même prédéterminés", estime l'ancien chef de gouvernement qui affirme que "ces élections n'apporteront strictement rien de nouveau et un peuple qui sait pertinemment qu'il n'a rien à en attendre". Pour l'ancien chef de gouvernement, "à trop se focaliser sur ces mêmes élections, l'on oublie que le pays fait face à une crise politique, économique et sociale d'une envergure sans précédent à laquelle les élections à venir ne changeront rien et n'influeront en rien sur le cours particulièrement dangereux qu'elle est en passe de prendre". D'après M. Benflis, le plus urgent est de s'occuper de la crise multidimensionnelle qui secoue le pays avant d'évoquer l'organisation d'une quelconque échéance électorale qui ne serait, dans ce cas de figure, qu'une "devanture de la routine et de la normalité" derrière laquelle "il y a un Etat national dont les vulnérabilités s'accentuent, une économie nationale en perdition et une société saisie d'angoisse et de craintes quant à son avenir". "Face à la gravité de cette crise, les élections à venir ne font pas le poids. Elles peuvent occuper ou distraire ceux qui veulent bien leur accorder une importance. Elles peuvent donner l'illusion d'une routine ou d'une normalité pseudo-démocratique", poursuit le président de Talaie El-Houriat. Par conséquent, "la question de la participation ou de la non-participation aux prochaines élections apparaît pour ce qu'elle est : secondaire et dérisoire", assène l'ancien chef de gouvernement qui sous-entend ainsi qu'une participation de sa formation aux prochaines législatives reste peu envisageable. Interrogé sur le risque de voir ces échéances politiques accélérer la dislocation de l'opposition, celle, notamment, rassemblée au sein de l'Instance de consultation et de suivi de l'opposition (Icso), dans le cas où certains décideraient d'y participer et d'autres non, M. Benflis tente de minimiser la portée d'un tel impact, "dès lors que l'opposition nationale n'est liée que par des liens de consultation, la participation ou la non-participation aux prochaines échéances électorales relèvent des prérogatives souveraines des partis". Pour lui, "le ciment qui unit les forces politiques organisées dans le cadre de l'Icso, c'est la revendication d'une transition démocratique et non pas la participation ou la non-participation aux élections". Hamid Saïdani