Il n'y aura pas de commission indépendante de gestion et d'organisation des élections, mais une haute instance de surveillance de ces dernières. Le pouvoir l'a décidé, mettant fin aux appels des partis de l'opposition qui en ont fait une condition sine qua non pour une participation aux prochaines échéances. L'on parle surtout des législatives de 2017. Le Conseil des ministres, réuni mardi sous la présidence du chef de l'Etat, «a examiné et approuvé un avant-projet de loi organique relative à la Haute instance indépendante de surveillance des élections», indique le communiqué de la présidence. Instituée par l'article 194 de la Constitution révisée en février dernier, elle «sera composée de 410 membres, dont la moitié sera des magistrats proposés par le Conseil supérieur de la magistrature, et l'autre moitié des compétences indépendantes issues de la société civile représentant toutes les wilayas et la communauté nationale à l'étranger, ainsi que tous les acteurs de la société civile», précise la même source. Une approche qui ne répond pas aux aspirations et aux espoirs de l'opposition, notamment les partis réunis autour de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso). «Le pouvoir a pris l'idée que nous avons proposée sans son contenu», estime Mohamed Douibi, président du parti Ennahda, membre de l'Icso. Selon lui, «il y a détournement de la revendication de l'opposition». D'où la réticence de ces partis à s'aventurer à l'avenir dans le jeu électoral. L'option du boycott collectif, bien qu'elle ne soit pas encore tranchée définitivement, reste d'actualité et le nombre de partis en faveur de cette option au sein de l'opposition n'est pas faible. «Effectivement, l'idée du boycott existe. Reste qu'il faut que l'on débatte sérieusement, une fois que tous les paramètres sont clairs», indique prudemment Douibi, joint au téléphone. Et d'ajouter cependant : «S'il y a consensus dans les positions des uns et des autres, une décision commune n'est pas à exclure.» Ayant revendiqué, au lendemain de la dernière élection présidentille, l'institution d'une instance indépendante de gestion du processus électoral du début jusqu'à la fin, l'opposition n'a finalement eu droit qu'à une haute instance de surveillance. Raison pour laquelle «beaucoup de travail reste encore pour que soient réunies toutes les conditions d'une élection libre et transparente», estime le chef du parti Ennahda. Après donc son introduction dans la Constitution révisée, dans son article 194 qui précise qu'«elle est présidée par une personnalité nationale nommée par le président de la République, après consultation des partis politiques», cette haute instance fera désormais l'objet d'une loi organique qui en définira les prérogatives. Mais, il est clair que le pouvoir ne veut pas trop lâcher sur cette question, de l'avis même de l'opposition. «On a perdu une chance lors de la révision constitutionnelle et on vient encore d'en rater une seconde», regrette Mohamed Douibi. Pour lui, «il n'y pas de volonté à aller de l'avant pour la transition démocratique». «Larges pouvoirs», «autonomie administrative et financière» et «veille à la régularité des dépouillements», ce sont des concepts qui ne séduisent pas vraiment l'opposition qui reste attachée à sa revendication de commission indépendante de gestion des élections. C'est dire qu'entre elle et le pouvoir, le fossé est encore large pour qu'un consensus soit enfin trouvé sur la transparence des élections en Algérie…