La question des élections législatives divise les partis de l'opposition. Elle risque, de l'avis même des leaders de ces formations politiques, d'être à l'origine d'une fissure ou carrément de l'éclatement de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO) qui fait, officiellement, sa rentrée politique aujourd'hui. Les partis membres de cette instance seront en conclave chez Talaîe El Houriat dirigé par Ali Benflis. Une réunion durant laquelle les participants se pencheront, entre autres, sur le rapport de la commission juridique installée il y a quelques jours pour établir le constat général de la situation qui prévaut dans le pays, et aussi traiter des lois et projets de loi proposés dans le cadre de la mise en conformité des lois avec la nouvelle Constitution. Hier, les membres de cette instance se sont rencontrés pour apporter les dernières retouches et surtout pour s'entendre sur l'ordre du jour. Inévitablement, la question des législatives qui mine les rangs de cette instance a été au menu. «La question des élections législatives gêne certains partis qui ont tranché à la base leur participation à ce rendez-vous électoral, nonobsant de la décision de l'Instance», explique un membre de l'icso, précisant qu'aujourd'hui chaque responsable de parti sera contraint de s'expliquer et de clarifier sa position sur le principe de la participation ou non aux législatives du printemps prochain. Selon Soufiane Djilali de Jil Jadid, il s'agit aujourd'hui d'évaluer les enjeux politiques d'une participation de tous les partis ou bien d'un boycott collectif. Ce parti a déjà tranché la question en retenant l'option du boycott des prochaines élections législatives dans l'attente que le Conseil national l'entérine vers la fin de l'année en cours. «Ces élections ne seront ni libres ni transparentes, et donc nous estimons que l'opposition doit avoir une même voix par rapport aux événements majeurs. Le choix du boycott ou de la participation doit être justifié», tranche une source de l'iCSO, qui pense qu'«il est quasiment impossible de justifier une participation aux législatives lorsque l'opposition ne cesse de critiquer un pouvoir qui passe son temps à humilier l'opposition et qui s'appuie sur la répartition des quotas. Principe dénoncé par l'opposition». Pour certains partis de l'ICSO, il est inadmissible de prendre part à une élection dont les résultats seront trafiqués et que l'institution n'est pas légitime. «Cette question va diviser les partis membres de l'ICSO et certains qui envisagent de participer vont tenter d'atténuer malheureusement leur discours», regrette un membre de cette instance. L'idéal, affirme notre source, serait que toute l'Instance adopte un même mot d'ordre, qu'il soit le boycott des prochaines élections législatives ou la participation pour, explique notre source, pouvoir peser «lourdement» et amener le pouvoir ne serait-ce qu'à «revoir» la loi électorale et celle instituant une haute instance indépendante de surveillance des élections. Seulement cette option relève de l'impossible dès lors que des partis ont affiché ouvertement leur participation alors que d'autres nourrissent des velléités de participation. Le sommet d'aujourd'hui est «ordinaire» pour certains, mais décisif pour d'autres car il scellera l'avenir de l'ICSO. Certains partis, tel Jil Jadid, comptent peser de leur poids pour convaincre leurs partenaires de l'ICSO à rester dans l'esprit de la plateforme de Mazafran, fruit d'un laborieux travail de plusieurs partis et autres personnalités, toutes tendances confondues. Un document prônant une transition démocratique «pacifique».