Lors de l'entretien qu'il a accordé avant-hier à un média français, François Hollande a plaidé sur le confit syrien pour une solution politique impliquant toutes les parties. Ce qui de sa part revenait à admettre implicitement qu'il a fait fausse route sur ce dossier tout le temps où il a soutenu que pour la France la seule issue au conflit est le départ à tout prix de Bachar El-Assad et la chute de son régime. S'en tenant à cette exigence et conforté par la passe militaire difficile que le régime de Damas a subie à un moment du conflit sous les coups de l'hétérogène rébellion armée syrienne à laquelle Paris n'a ménagé ni ses aides militaires ni son soutien diplomatique, François Hollande s'est ingénié à faire échouer toutes les initiatives internationales ayant visé à promouvoir la solution politique dont il admet désormais la pertinence. L'on fera remarquer que pour convenir pour le conflit syrien qu'il n'est pas d'autre issue que la solution politique impliquant toutes les parties, il a fallu au président français que résonnent à ses oreilles les affirmations sans équivoque du nouveau président américain élu sur son intention de rompre sur le dossier syrien avec la politique de son prédécesseur ayant visé au même but, à savoir en finir par tous les moyens avec Bachar El-Assad et son régime. Le revirement qui s'opère dans la position française sur le dossier syrien n'exonère aucunement Paris de la faute d'avoir contribué à installer le conflit armé dans la durée et être de ce fait en partie responsable du chaos qu'il a engendré et de la tragédie humanitaire dont le peuple syrien paie le prix. La France est mal placée pour dénoncer les atrocités qui se commettent dans ce conflit ayant été elle-même parmi les puissances dont l'ingérence a été le facteur ayant provoqué la situation qui les a rendues inévitables. Ce n'est d'ailleurs pas cette considération qui a poussé Hollande à ne plus s'affirmer intransigeant sur le préalable du départ du président syrien, mais le constat que la France est en train d'être totalement isolée dans son maintien avec pour seules alliées les pétromonarchies moyen-orientales. Il comprend que cela va devenir intenable et injustifiable pour la France de persévérer dans la position jusqu'au-boutiste qu'il lui a fait adopter de concert avec ces pétromonarchies dès lors que les Etats-Unis ont décidé d'y renoncer. Non seulement la France n'est plus en situation de faire cavalier seul dans les conflits internationaux mais en risque également de ne plus être considérée comme un acteur dont le rôle sur la scène internationale mérite considération. Il y a à parier que pour espérer conserver cette considération, François Hollande va imprimer un profil bas à la diplomatie française sur le dossier syrien. Il ne peut en être autrement pour elle tant Moscou et Washington à présent émettent le signal que le règlement du conflit syrien est de leur seul ressort et de ce fait n'admettront pas les interférences des puissances mineures dont la France qui s'y sont impliquées.