Le droit se mondialise, il est partout. Mais quand on le cherche, on ne le trouve nulle part. Quant au chapelet infini des devoirs, c'est automatique. Prélevés à la source comme les impôts. Avec la devise : s'acquitter d'un devoir ne veut pas dire être récompensé par un droit. Pour faire passer la pilule, on a pensé à la Déclaration des droits pas celle des devoirs. « Rendre à César ce qui appartient à César ». Mais est-ce que quelque chose appartenait à César avant qu'il ne dépouille le cadavre de ses victimes ? Certes mourir de la main d'un César ou d'un brigand, ce n'est pas kif-kif. Rome et son armée soutenait le héros tandis que seule la peau du gibier de potence lui servait de bouclier. Il suffit donc de donner des bras au crime pour l'habiller en gloire. C'est comme cela que les mensonges de l'Histoire nous sont contés sur les bans de l'école. Lire entre les lignes pour saisir les anomalies qui font le roi et l' « anti-roi ». Le premier a le droit de les fabriquer, le second de les propager et l'entre-deux de les subir. Les Constitutions sont censées assurer nos droits. Par exemple la Constitution algérienne, sans rire, assure l'égalité des sexes, la liberté de conscience, interdit les partis religieux puisque l'Islam est religion de l'Etat et ne lésine pas sur la citoyenneté pour tous. C'est inscrit sur tous les documents officiels à tous les niveaux avant qu'ils se soient remplis et signés : « République Populaire et Démocratique. » Même les Pères fondateurs de l'Amérique n'avaient pas pensé à cette méthode Coué exploitée par les politicards. Barberousse, le premier roi d'Alger, d'origine grecque, a eu la bonne idée de rejoindre volontairement les janissaires. Comme un grand, il a fini par s'emparer de la Blanche par la violence et la trahison. Quelques siècles plus tard, aucune originalité chez les Raïs de l'Algérie indépendante pour s'accaparer de la Régence et fouler au pied les Constitutions qu'ils signent à tour de bras. Quelle hérésie de les soupçonner de méconnaitre l'Histoire. Et à défaut de piraterie qui exige au moins la maitrise pour construire des bateaux, ils ont misé sur les bijoux des femmes avant de se baigner à perpétuité dans le miel de l'or noir. C'est pour cela que les femmes ont eu droit à la première liquidation, suivies fissa par les hommes. Il faut payer le prix de l'inutilité. Et pour finir idiot à 100 %, il ne restait plus que le droit à maudire le mauvais œil et la main invisible. Le juriste américain Lysander Spooner a démontré avec des mots simples et précis que tout gouvernement n'est qu'une « association secrète de voleurs et d'assassins »(1) et « toute législation est une absurdité, une usurpation et un crime. ». On s'est moqué de lui, on l'a traité d'anarchiste. De nos jours, on aurait dit complotiste. Il a prouvé le mythe de la Constitution américaine et française. Un siècle environ après la mort de ce prophète du malheur, les philosophes américains doivent se mordre les doigts de ne l'avoir pas pris au sérieux. Comme un Bernanos ou un Camus en France, un Ferhat Abbas ou un Rachid Mimouni en Algérie, on se méfie des pessimistes et de leur boule de cristal. On croyait que seule l'espérance peut faire vivre, on découvre dans le tard qu'elle seule réussit le crime parfait. L'optimiste, écrit Bernanos : « approuve tout, subit tout, croit tout, c'est par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc l'a dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste s'abonne à une revue nudiste et déclare qu'il se promène ainsi par hygiène, qu'il ne s'est jamais mieux porté.»(2) L'auteur parle du contribuable français qui représente le pétrole de l'Elysée. En Algérie, ce dernier ne doit rien à aucun Algérien. Il se trouve au milieu du désert bien enfoui sous des dizaines de kilomètres de sable. Avant que la France coloniale n'intègre le Sahara au territoire algérien, il était un lieu de passage pour tous les Africains. Il n'a pas changé de statut, il a seulement intégré la mondialisation et le mondialisme en expulsant ses chameaux vers le Nord Sponner, virulent abolitionniste, a écrit un article en 1870 pour exprimer son dégoût à la boucherie de la Guerre de sécession qui soi-disant permettrait de mettre fin à l'esclavage. Il avait raison puisque les Afro-Américains ont dû attendre le milieu des années 60 pour avoir le droit d'appartenir au genre humain. Au moment où la rentabilité des machines l'emportait sur celle de l'esclavage. Au moment où la colonisation du sol perdait son attrait au profit du sous-sol. Comme on n'arrête ni le progrès ni la diversité surtout quand ils nous parlent de nos droits, c'est le 21e siècle qui sacre l'Arabie saoudite représentante des Droits de l'homme quitte à ce qu'il soit apte à être décapité. D comme désir Dans un monde aussi instable et déshumanisé, que peut-on désirer de plus que la paix. En Algérie personne ne souhaite plus à personne un bonjour ou un bonsoir mais la paix, salam. Les femmes n'aiment pas la guerre quant aux hommes, ils n'y vont pas d'un pas pressé quand on voit les lois qui régissent l'armée. Par contre, leurs chefs rentrent en transe dès que la hache de guerre est déterrée. Ils existent, enfin ! Le troupeau se met illico en rangs serrés derrière son dieu vivant. La boucherie peut commencer et bénie soit la saignée. Il suffit de suivre les infos, c'est la routine. L'homme évite de se suicider en temps de guerre pour ne pas provoquer de pénurie de sang. L'ennui s'envole quand la mort frappe les autres. Les caméras orientées par les vampires médiatiques vers la Syrie et les camps de migrants où il n'y a pratiquement pas de femmes, de vieux et d'enfants. On ne sait pas s'ils sont tous morts sous les bombardements ou s'ils n'avaient pas assez d'argent pour payer les passeurs ou simplement dépourvus du désir de fuir. Il y a d'autres migrants que les caméras évitent de filmer. Dernièrement en France, un représentant du syndicat des policiers invité à la télé explique la colère qui secoue sa profession. Dans la foulée, il parle du manque des effectifs et du malaise dont souffrent les policiers affectés à la surveillance de portes qui gardent le« vide ». Traduction : l'Elysée protège avec l'argent du contribuable français les familles de personnalités venues de pays amis dits « sensibles ». A ce stade-là, on n'envie pas seulement les comptes en Suisse, mais le privilège de bénéficier gratuitement de la baraka de policiers gaulois surtout si on est un ex indigène ayant vue sur la plus belle avenue du monde, les Champs-Elysées. Il faut seulement expliquer à ce syndicaliste que les bougnouls du bled contribuent aussi à la facture. Dans ce domaine-là, il n'y a que des doublons. Les uns protègent les puits du pétrole des barbares enracinés et les autres assurent l'éden à la smala des « émirs » en tenant à distance sous la menace de leurs armes les barbares délocalisés Contrairement à ce que pensait Bernanos, la meilleure des pensées c'est celle qui n'agit pas et la meilleure des actions c'est celle qui ne pense pas. Le désir de paix est désormais à ce prix D comme drogue On s'est amusé à calculer que si la mafia de la drogue prenait la tête d'un pays son PIB lui donnerait la 21ème place mondiale avec ses 243 milliards d'euros par an de revenus d'après l'ONUDC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime). Certains parlent de 300 milliards, les mathématiques ont beau être une science exacte, tout est relatif concernant les chiffres. Sans surprise, l'Afrique est devenue la plaque tournante du trafic de drogue. L'Algérie y est bien placée avec les tonnes saisies quasi quotidiennement sachant qu'elles ne représentent qu'à peine 10 % du pétrole blanc en circulation. Pourcentage effrayant, d'après la presse. Pourcentage normal comparé à celui des commissions et retro commissions, à celui du vol à l'étalage, du leurre électoral, des dommages collatéraux d'un bombardement, etc. Le risque est étudié, intégré d'avance. S'ils gagnent autant d'argent pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman, s'était demandé l'économiste américain Steven D. Levitt. Grâce à un mathématicien indou introduit dans le gang des Black Disciples, il a pu découvrir que l'organisation du trafic de crack fonctionne comme une entreprise capitaliste ordinaire. C'est-à-dire plus riche est la minorité dominante, plus pauvre est la majorité dominée. Dans les tribunaux algériens qui passent plus de 99 % de leur temps à traiter des affaires de drogue, certains accusés n'ont même pas de quoi se payer le dernier des avocats et quand ils en bénéficient, ils se le partagent à plusieurs. On comprend pourquoi la prison au lieu de ralentir le trafic, le booste. Un chef de gang a fourni l'explication à Venkateh (le mathématicien indou) : « Y a tous ces nègres au-dessous de toi qui veulent ta place, tu piges ? Alors t'essaies de prendre soin d'eux, tu vois, mais tu dois aussi leur faire voir que t'es le chef. Tu dois toujours te servir le premier, sinon t'es pas vraiment chef. Si tu te mets à lâcher un peu de lest, ils te prennent pour une mauviette, pour une merde. » En plus de leur paie d'esclaves, ces « nègres » risquent leur vie au moindre faux pas comme des prostituées sous l'emprise d'un proxénète psychopathe. Le célèbre juge italien Falcone a parlé de 3 cercles formant la Pieuvre. Le premier sont les hommes de main, les hommes d'affaires mafieux constituent le second et le troisième c'est les infiltrés dans la sphère politique. Dès qu'il a voulu s'attaquer à ce dernier, on l'a éliminé n'hésitant pas à faire des dizaines de morts en explosant une autoroute sur 50 mètres dans un pays européen où siège le Saint-Père. En Algérie, on a fait du trois en un à cause du retard pris. A partir de 1990, la consommation s'est jumelée avec la délinquance et le fanatisme religieux. Quel traumatisme a dû subir le jeune survivant d'Octobre 88 pour oublier ses revendications de liberté dans ce plongeon triangulaire ? Un seul point positif, il ne représente plus un danger. Il a vieilli et père sans doute de rejetons qui empruntent les ruelles défoncées des cités dortoirs pour rejoindre leur école où les attendent les petits dealers, leurs voisins d'à-côté. Aux USA, l'université d'Harvard a subi les ravages de la drogue dans les années 70 avec le L.S.D.25 combiné au phénomène hippie. Il faut préciser que cette drogue est le résultat d'une découverte mystico-chimique qui a échappé au chercheur qui voulait la tester pour contrôler l' « esprit humain » en cas de maladie mentale. Pouvoir des champignons hallucinogènes qui n'avait pas échappé à l'auteur du Meilleur des mondes (3). L'Algérie n'a pas Harvard ni ses savants fous ni le pedigree de ses étudiants ni un prédicateur à l'image d'un Aldous Huxley encore moins d'un président à l'américaine fusse un Trump Si la drogue, ce pétrole blanc, peut causer des dégâts chez la jeunesse d'un Oncle Sam, elle ne laisse aucune chance à la nôtre qui singe tout de loin avec de la poudre plein les yeux. D comme prime et déprime Les plus à plaindre sont ceux qui ne manquent pas de primes et malgré tout dépriment. La cause : l'obligation de patienter pour en profiter. On le voit dans le faciès des hommes du Pouvoir, le moral ne remonte pas en les contemplant. Ils donnent l'impression de toujours servir sans jamais être servis. Certes à quoi ça sert d'avoir des résidences mirifiques dans le top des capitales, des comptes dans les paradis secrets à ne plus compter les zéros et rester paralysé dans un pays qui ne sert que de vache à lait folle et vieillissante à surveiller 24h sur 24h. Le droit à la prime semble impliquer le devoir à la déprime. Heureusement que le discours psychiatrique fut inventé à temps pour soutenir le discours politico-économique. Quand la dépression est là, elle circule démocratiquement : du marché à la météo jusqu'à la cervelle hypnotisée par le petit écran. La télévision, premier objet de luxe à portée du gourbi, pour nous instruire de la puissance de notre impuissance. Elle a multiplié nos névroses, haché notre langage et éliminé le modeste héritage des Anciens. « Les images, a écrit Gabriel Salomon, ont besoin d'être reconnues, les mots ont besoin d'être compris. » Grâce à l'image, on reconnait l'objet, mais comment l'exprimer avec zéro idée ? Trois cerveaux et on est contraint d'utiliser seulement le reptilien, le plus fossilisé. Le problème avec le reptile c'est que si on peut le faire valser avec une simple flute, il mord sans calmer sa faim. En attendant, les surveillants s'énervent et les surveillés ne voient du ciel que les trainées neigeuses qu'abandonnent les avions de l'OTAN au moment où ses pilotes souffrent de migraines. Souvenons-nous de ceux d'Air Algérie et leur courage à dénoncer leur bas salaire suivis par les toubibs et les universitaires. C'est vrai que leurs collègues d'Air France leur ont montré le chemin. Sauf qu'un innocent jeté en prison ne commence pas ses revendications en exigeant de la brioche à la place du pain. C'est mauvais pour la santé On maudit la sécheresse, mais aussi la pluie qui va de l'anorexie à la boulimie. Malgré eux, nos intellectuels désargentés ont contribué à la stabilité du régime en lui fournissant l'idée qui lui manquait. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont fréquenté avec succès l'école primaire coloniale et tenu tête sur les bancs de l'université à Boumediene. C'est ainsi que les primes et les salaires des hauts fonctionnaires, des « élus », des courtisans, des gradés aux plus petits uniformes ont été multipliés sans aucune compensation sociale en aval. Plus le fossé se forait, plus le pays devenait l'exception qu'aucune règle ne pouvait confirmer. Les sujets dans leur désarroi constant ânonnent le sempiternel « qu'Allah leur pardonne ! » Tout en espérant que le Puissant réveille leur conscience en misant sur le Jugement dernier. Dans Science.fr, on peut lire une étude faite par des universités de Londres et de Durham en Caroline du Nord sur le comportement malhonnête. Comment le cerveau apprend à tricher ? Comment disparait la conscience ? Les neuroscientifiques ont remarqué que plus on échappe à la sanction plus on est malhonnête plus notre conscience se rétrécit jusqu'à s'autodétruire. Ils affirment que la triche est un germe qui sommeille en chacun de nous prêt à éclore en l'absence de la peur. Or dans la pyramide sociale où la peur fait son nid ? Où elle peut être enterrée ? Où elle n'a jamais existée ? Le juriste Spooner avait raison. Seuls les puissants c'est-à-dire les politiciens qui modifient à leur guise nos destins peuvent sans aucun risque multiplier à l'infini les injustices, les fraudes les harcèlements, les abus, les détournements, les corruptions et les crimes. Les lois sont faites pour les protéger. Aux autres de s'y soumettre. Les forces armées leur obéissent et ils sont allés jusqu'à signer leur immunité à vie et nous la faire avaler tel un élixir. On continue à croire qu'à force de les voir se pavaner au sommet, ils sont bien placés pour remédier à la misère qu'ils ont causée à condition qu'ils y soient encore sensibles. Seulement, les chercheurs ont conclu qu'être au-dessus du commun des mortels conduit inéluctablement à une désensibilisation progressive. Déprimant. - ( 1) Outrage à chefs d'Etats ( Lysander Spooner) - (2) La liberté pour quoi faire ? (Bernanos) - (3) Je veux regarder Dieu en face, le phénomène hippie (Michel Lancelot)