« Nul n'est censé ignorer la loi. » Depuis que le prix du pétrole a chuté, la loi s'est mise à frapper à l'aveuglette, implacable sur le dos de centaines de milliers voire de millions d'Algériens afin de renflouer les caisses étatiques. Heureusement, ils existent. On voit mal comment la République aurait pu trouver aussi facilement de l'argent autre que chez ceux qui ne respectent pas ses lois et qui sont sous son contrôle. L'arnaque de la « Caisse de solidarité » ne peut être renouvelée. De nos jours, les femmes se contentent du faux plaqué or et fausses perles pour se faire belles. Au mieux, les chanceuses préfèrent aux bijoux en or, une voiture assurée contre le vol. Les honnêtes investisseurs étrangers ne veulent pas investir en Algérie, les riches Algériens envoient leur argent à l'étranger grâce à d'insondables canaux dont ils refusent de révéler le secret. Avant même l'affaire Khalifa, l'Algérien lambda n'avait pas beaucoup confiance dans le système bancaire de son pays. Que dire des émigrés, qui se comptent par millions, sauvés par le change informel, qui a cessé d'être interdit pour devenir tolérable. Mais l'Etat se venge en multipliant le prix du billet d'avion par des nombres entiers naturels confortables tout en gardant la mainmise sur l'oxygène de l'espace aérien. Qui croyait prendre est pris. Au point où aucun émigré ne peut se permettre de venir en famille passer ses vacances au bled s'il n'est pas un ayant-droit officiel, un assisté par la famille au bled ou un trafiquant de drogue. Le billet s'arrache au minimum à 600 euros obligeant certains grands-parents en forme à se déplacer afin d'embrasser leurs petits- enfants. Le voisin Marocain, moins nanti, rentre sur un tapis rouge dans son petit royaume à moins de 60 euros pour une plus longue distance. Comment on a pu dégonfler si vite un matelas de devises estimé à des centaines de milliards de dollars que nous enviait hier le FMI et finir par baver sur les oripeaux de la populace ? Pourquoi ordre a été donné à la meute de commettre un hold-up sur les moins-que-rien qui arrivent à cacher quelques piécettes çà et là. La star du filon d'or : le retrait automatique du permis de conduire. On se demande pourquoi le législateur algérien en copiant le législateur français a trouvé le moyen de l' « algérianiser » en ignorant le retrait des points. A la première entorse, le permis est confisqué. Comment faire si la voiture est le seul gagne-pain de la famille ? Le législateur dans son bon droit a raison : la France et l'Algérie n'ont pas le même peuple. « Pourquoi il va bouger ? » C'est la réponse de Boumediene quand on lui a parlé du risque que le peuple s'oppose à son coup d'Etat. Le plus prestigieux président de l'Algérie indépendante ne croyait pas à l'existence du peuple algérien. La façon dont il a envahi avec ses chars Alger le prouve aisément. A aucun moment il n'a eu l'occasion de rencontrer les bougnouls en guerre contre la domination coloniale. Ce qui n'a pas empêché le Zaîm de la Régence de se fabriquer un peuple sur mesure. Benjamin Stora explique : « pour une histoire résumée par la formule lapidaire « par le peuple et pour le peuple », qui, en réalité, consiste à éliminer tous les acteurs du mouvement national (avant et pendant la guerre) que les canons du système n'ont pas retenus. » Formule baraka que les islamistes plus tard se sont empressés d'utiliser en remplaçant le mot Peuple par Allah remontant ainsi toute la smala berbère à l'Arabie Koraïchite. Boumediene aurait pu devancer Khomeiny et proclamer la République islamique, il a préféré la République Démocratique et Populaire tout en combattant les étudiants acquis à Voltaire avant d'envoyer les autres dans les universités islamiques des pays frères. C'est compliqué de faire des lois valables pour la tribu et la République en même temps. Ce qui explique que le législateur algérien copie la loi française en siphonnant tout l'« esprit ». Dans le livre « De l'esprit des lois », Montesquieu précise dès la première ligne : «Les lois, dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses » Dans la loi, il y a donc le nécessaire et le naturel. S'il y a du nécessaire pour le policier de donner un avertissement à celui qui a garé sa voiture au mauvais endroit, qui a-t-il de naturel à vouer illico à la mendicité toute une famille durant des mois ? S'il est nécessaire de confisquer les devises qu'une mamie a mises dans sa poitrine (comme nos vieilles d'antan) pour que sa petite-fille âgée de 6 ans handicapée puisse faire une opération du cœur sans trop peser sur la charité chrétienne d'une Belgique désargentée, qui a-t-il de naturel à l'humilier à la considérer comme une terroriste, un danger publique, la cause de la ruine algérienne ? Qui a- t-il de naturel quand on ajoute à la confiscation de cet argent, durement acquis, un procès avec le risque d'une amende calculée deux fois le montant du délit ? Sans compter 2 à 5ans de prison en cas où l'indigne aïeule oubliait le respect dû à la haute Institution. Au lieu d'exprimer des regrets sincères, d'avouer son crime son Panana papers, elle se mettait à piquer sa crise nerveuse made in bled ? On croit rêver, et oui, le soutien-gorge de la mamie qui contient à peine la moitié du prix de l'ablation d'un sein cancéreux, va aider à remplir les caisses nationales vidées par des djinns. Au diable la fillette handicapée et malade du cœur à charge dune mère seule, assistée par un Etat étranger et impie. Le temps où le fils émigrait pour travailler afin de nourrir la famille au bled est terminé. De plus en plus, on constate que c'est les parents qui se sacrifient, la famille élargie qui se solidarise quitte à vendre des biens précieux, faire un prêt pour aider celui qui est à l'étranger afin qu'il reste réglo, évite les dérives. Et parce qu'il arrive à des Algériens « originaux » de ne pas supporter que leurs enfants exilés profitent de la compassion des autres. Notamment quand le pays d'origine, « stable » et bien « gouverné » est plus riche naturellement que tous les pays européens réunis. Pendant ce temps là, les zaouïas fêtent le retour de l' « enfant prodige » et rient de la détresse des « bâtards » qu'on saigne à cause de leur idiotie. L'Algérie n'a pas enfanté un Rousseau qui puisse dire : « c'est pour ne pas souffrir que je ne veux pas qu'il souffre. » Cet humaniste ne conçoit aucune justice sans l'amour d'autrui. Pour Aristote l'homme juste est un homme heureux. Pour Platon, aucune République ne peut exister sans les 4 vertus : la sagesse, le courage, la tempérance et la justice. L'Algérie n'a pas encore accédé au stade de la « lumière qui fut », elle est encore au niveau des méandres méphitiques du caniveau genre : « les plus féroces parmi les chefs et les agents de la direction de la police, sentaient toujours notre supériorité morale et sans le vouloir elle leur servait de critère pour mesurer leur dégradation et la bassesse de leur besogne. Mais c'était précisément ce sentiment qui les incitait encore davantage à nous torturer jusqu'à la mort pour nous voir domptés, moralement brisés, ravalés jusqu'à leur niveau.»(2) En Angleterre une femme sort le soir du boulot, elle est fatiguée, va sans doute boire un verre ce qui explique la suite. Avant de rentrer à la maison, elle achète une barre de chocolat et un paquet de couches utilisant la carte du ministère où elle travaille. La sanction ne tarde pas : elle rembourse et perd son boulot. En Angleterre, la reine paie ses impôts rapporte le double de ce qu'elle coûte et le Premier ministre a dû s'expliquer en suant à la barre au sujet de l'affaire du Panama papers. La malchanceuse a de fortes chances comme la plupart de ses concitoyens de voir grandir ses enfants ses petits-enfants dans le royaume qui fait fantasmer tout le monde arabo musulman notamment les plus islamiques. Un royaume, berceau de la démocratie occidentale, qu'une autre reine Elisabeth a construit et qui a dominé un jour la quasi-totalité de la planète. Combien d'Algériens ont été « soulagés » de leur permis pour une faute habituellement tolérée acceptée ignorée y compris par les agents de l'ordre. Combien d'Algériens tués handicapés à vie à force de faire refaire une route cabossée, une autoroute sabotée, à force d'acheter des voitures camelote à l'origine indéterminée qui sont de vrais cercueils ambulants ? Combien de jeunes désorientés désenchantés défoncés par la drogue prennent le volant en espérant en finir minés par la haine et le sentiment du chaos après moi ou avec moi. Combien de chauffards bien protégés dans leur bolide ne craignant aucune fausse manœuvre puisqu'ils s'en sortent toujours blanc comme neige « dans le feu, ils ne brûlent pas » parole de poète. Combien d'Algériens vont à l'étranger se contentent du seul change de 115 euros quand ils ont la chance d'en bénéficier après avoir supplié au guichet de plusieurs banques, ameuter le moindre piston. Combien font confiance aux lois de la République et vont jusqu'à ouvrir un compte en devises convaincus que le jour où ils en auront besoin, ils seront servis illico ? « s'il est vrai qu'un grand prince est un homme rare, que sera-ce d'un grand législateur ? Le premier n'a qu'à suivre le modèle que l'autre doit proposer.»(2) Dans les pays considérés comme démocrates, les gens s'ils n'ont plus confiance dans leurs politiciens, ont confiance dans leurs institutions. Sans ce minimum de consensus, il n'y a pas de République. Il y a plus d'un siècle, le juriste américain Lysander Spooner ( 1808-1887) dans « Outrage à chefs d'Etats » a démontré en se basant sur les principes du Droit naturel de la morale et de la justice que toute « législation est une absurdité » et que tout gouvernement n'est qu'« une association secrète de voleurs et d'assassins ». En voyant la situation du monde actuel, ce magistrat se révèle plus près du prophète que de l'anarchiste. Il a suffit du bon plaisir de 7 hommes pour envoyer à la fosse commune de la Seconde guerre mondiale 50 millions d'innocents et 40 millions de migrants à travers des pays dévastés détruits, atomatisés. Il n'a fallu pas plus pour basculer des 30 Glorieuses à septembre 2001 et la crise de 2008 qui a provoqué plus de morts, par suicide, que tous les attentats depuis celui Sarajevo. Spooner critique la plus belle des Constitution au monde en précisant que tous ses signataires étaient des esclavagistes qui n'avaient aucune ambition de la transmettre même pas à leurs enfants. Ils ont concoctés des lois selon leurs convictions et intérêts de l'époque. En Algérie, qui fait la loi et pour qui ? Copier la façade des institutions républicaines sans se soucier d'un mode d'emploi minimum a fini par détraquer complètement une société lessivée déjà par des années de guerre pour se soustraire à la colonisation. Ce qui implique que le fonctionnement des lois est proche de celui de la mafia sans l'être vraiment. Même la mafia a son code de l'honneur. Elle n'utilise aucune idéologie encore moins la religion. Il reste au moins à la victime la possibilité de se refugier dans la prière. La justice italienne, mettant en danger la vie de ses juges, a enquêté sur les profits du système mafieux : 100 milliards d'euros par an, 1/7 du PIB italien. On trouve rarement dans la justice algérienne un courage basique, terre à terre, élémentaire, inoffensif en un mot humain. On a l'impression que les magistrats eux-mêmes finissent par être contaminés par le désordre psychologique des « truands » qu'ils jugent. Combien dorment la conscience tranquille ? Certes, il est facile de les blâmer quand on n'est pas à leur place quand on écrit sous un pseudo, mais tous ces « quand » n'ajoutent-ils pas un mal au mal ?... Une jeune avocate a failli être radiée du barreau. Son crime, elle n'a pas pu supporter le verdict tombé sur son client et elle a pleuré. La justice algérienne lui a reproché d'utiliser son cœur non sa raison, faute impardonnable. Si les avocats se mettent à pleurer, que dire du comportement pathologique des accusés. Certains ne réagissent même pas, ils sont déjà des zombies, d'autres lécheraient les souliers du juge s'il les laisserait faire et enfin il y a ceux qui se suicident en direct en vomissant sur un système qui les pulvérise aux moindres broutilles en encensant les siens coupables des pires crimes. Le plus terrible dans ces lois algériennes c'est qu'elles sont pondues par une dictature fossilisée qui prend l'allure d'une république liftée à la Frankenstein. Terreau idéal pour le terrorisme. Personne n'a confiance ni ceux qui en profitent pour la cocufier ni ceux qui l'encaissent pour sauver leur peau. Dopée par deux malédictions, la chute du pétrole et les attentats terroristes, la République dépoussière en hyène hybride des lois scélérates pour activer l'agonie de ses proies. « la Constitution de la V République affirme trouver sa source, et donc sa prétendue autorité, sa prétendue légitimité, dans le « peuple français », mais quels individus sont nommément le « peuple français) ? demanderait Spooner. Comble d'ironie, dans un étonnant glissement ontologique, ce « peuple » fantomatique se transforme rapidement au fil des articles de la « Constitution » en d'étranges entités appelées « France » ou « République », abstractions elles mêmes vite supplantées par des titres ou dignités (« présidents », «ministre »etc.) qui organisent le fonctionnement de la machine, bien concrète, elle, à asservir. »(3) Si le peuple voulu par le General de Gaulle est fantomatique que dire de celui d'un Boumediene ? En 2000, Elisabeth Shemla écrivait dans « Mon journal d'Algérie » : « Une petite semaine de lecture des journaux donne le vertige. Le nombre de trafics mafieux à grande échelle qui y sont racontés est invraisemblable. La drogue, la Malboro Connection, la datte de Deglet Enour, les médicaments Tout ceci se fait au grand jour et en toute impunité puisque partout, des notables, des apparatchiks, des fissistes hommes d'affaires en sont complices, et touchent. C'est pourri... une opération de recensement fait apparaitre qu'il y a en Algérie 269000 faux commerçants sur 847115 inscrits. Les APC, les municipalités, ont délivré 73825 certificats de complaisance. » Si l'envie lui prenait d'écrire un nouveau journal sur l'Algérie 2016, vaccinée déjà contre le vertige, elle ne pourra plus s'entretenir avec le Président comme avant. Le trafic dont elle parlait a fini par faire partie de la routine, pour séduire sa muse il faudrait qu'elle fasse un tour dans les prisons, les commissariats, les hôpitaux, les tribunaux pour se rassurer que l'opération de dératisation est bien en marche avec l'aide précieuse des « produits » de l'Elysée. Seulement elle risque de ne trouver aucun notable aucun apparatchik ni fissiste homme d'affaires ni le plus minable de leur protégé. Que des « sans-dents », expression d'un Hollande. On dit bien que ceux qui se ressemblent, s'assemblent. Il suffit de lire Philipe Pascot, ex élu français, auteur de « Pilleurs d'Etat », pour s'en convaincre. La différence entre l'Elysée et la Régence, c'est que l'auteur a eu la chance d'écrire son livre sans être menacé sans être contraint de s'exiler sans avoir peur d'être ruiné jeter en prison encore moins assassiné par un « fou » et surtout avoir les preuves. Les chiffres et les noms pour dénoncer l'infamie de certains élus français et pris au sérieux. Quand on sait qu'il suffit d'une seule tomate pourrie pour contaminer le cageot en tête du chargement, l'impossible risque de devenir français comme il l'est depuis l'an 0 en Algérie. « Plus les élus montent en haut de la pyramide plus ils s'en mettent plein les poches. » (Pascot) Pourquoi se gêneraient-ils puisqu'il y a ceux qui paient à leur place en toute légalité grâce aux lois de la République surtout quand les élus sont autoproclamés pour sévir à volonté ? (1)Du Contrat social (Jean-Jacques Rousseau) (2) Orline Vassilev (3) Outrage à chefs d'Etat ( Lysander Spooner)