En dépit de la mobilisation des pouvoirs publics et la société civile et l'entrée en vigueur de la loi criminalisant les violences faites aux femmes depuis janvier dernier, les violences contre les femmes restent pourtant très fréquentes dans la société. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, 8.461 femmes ont subi des violences corporelles, sexuelles, d'homicide volontaire et d'inceste, ainsi que de la maltraitance, depuis janvier dernier, contre 8.151 femmes violentées en 2015 pour la même période. C'est ce qu'a indiqué jeudi dernier Yasmine Khawass, directrice du bureau de protection de l'enfance de la police judiciaire, lors d'une journée de sensibilisation tenue au forum de la Sûreté nationale à l'Ecole de police Ali Tounsi. La conférencière a indiqué que les services de la police reçoivent régulièrement des appels de la part de femmes ayant subi des violences, mais regrettent le fait que certaines victimes retirent leurs plaintes pour préserver leurs familles. Elle a également souligné que les victimes ayant déposé plainte auprès de la police sont violentées par des personnes étrangères, leurs époux, ainsi que par un membre de la famille. La directrice centrale du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Maktaf Karima, a indiqué pour sa part que l'Algérie dispose d'un cadre réglementaire et social de lutte contre la violence faite aux femmes. Mais, a-t-elle affirmé, la lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants doit être l'affaire de tous. «Tout le monde doit s'impliquer pour éradiquer ce phénomène». La secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA), Nouria Hafsi, a parlé, elle, lors d'une conférence au siège de l'Union, de 7.400 femmes qui ont été violentées depuis le début de l'année 2016. En précisant toutefois que ce chiffre ne reflète pas la réalité, car certaines femmes n'osent pas déposer plainte, notamment quand il s'agit d'un membre de leurs familles, rapporte l'APS. Elle a affirmé que certaines femmes violentées continuent à souffrir en silence et ne portent pas plainte et regrette que beaucoup de femmes ignorent les lois mises en place pour les protéger. Nouria Hafsi a exhorté, par ailleurs, les secrétaires de l'UNFA à se rapprocher des femmes, notamment les victimes de violences, pour les sensibiliser et les convaincre de déposer plainte et de ne pas la retirer. Elle a lancé dans ce sens un appel aux autorités compétentes pour assurer des cadres appropriés pour protéger la femme violentée et ses enfants.