Les chiffres sont en deçà de la réalité 8461 cas de femmes victimes de violences ont été enregistrés par la Dgsn durant les 9 premiers mois de l'année en cours. La violence contre les femmes s'ancre de plus en plus dans la société algérienne. Le nombre de cas de femmes violentées que les services de la Sûreté nationale ont eu à traiter cette année est effrayant et en nette augmentation par rapport à celui de l'année dernière. En effet, 8461 cas de femmes victimes de violences ont été enregistrés durant les neuf premiers mois de l'année en cours, a précisé hier la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) dans un communiqué rendu public à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes correspondant au 25 novembre de chaque année. La Dgsn note avec regret dans son communiqué, l'enregistrement de 310 nouveaux cas, comparativement à l'année dernière où il n'a été enregistré que 8151 cas. La forme de violence dont souffrent le plus les femmes en Algérie, selon le communiqué de la Dgsn, est la violence corporelle. Sur 8461 cas de femmes violentées, environ 5047 ont été victimes de violence corporelle. Les femmes victimes de mauvais traitement arrivent en deuxième lieu avec 1570 cas. Pour ce qui est des autres formes de violence, la même source, fait part de 273 cas de femmes victimes de harcèlement sexuel, de 24 cas d'homicide volontaire et de quatre cas d'adultère de la part des proches. Les statistiques de la Dgsn, bien qu'elles soient révélatrices d'un phénomène galopant, ne reflètent pas le nombre exact de femmes violentées dans la société, a jugé la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme dans un communiqué posté sur son site électronique. La Laddh qui déplore l'inefficacité de l'adoption de la loi réprimant la violence contre les femmes, conteste la véracité des statistiques données, pour la simple raison que beaucoup de femmes violentées n'osent pas déposer plainte et dénoncer publiquement la violence qu'elles subissent Et ce, explique la Laddh, pour des considérations propres à la société algérienne. Le constat de la Ligue algérienne est partagé parfaitement par Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa) qui trouve que les femmes en Algérie manquent encore de courage pour pouvoir déposer plainte, particulièrement contre un membre de la famille. «Ce chiffre ne traduit pas la réalité de la violence exercée contre les femmes en Algérie. Les femmes n'osent pas encore déposer plainte contre un membre de leur famille», a-t-elle dit, ajoutant que les femmes victimes de violences sont désormais devant la violence, qu'elles soient instruites ou non. Pour Nouria Hafsi, l'origine de la montée du phénomène de la violence contre les femmes en Algérie, est essentiellement la perte par la société des valeurs morales. Afin de mettre fin au phénomène de la violence contre les femmes, la présidente de l'Unfa a appelé les femmes victimes de violences à ne pas hésiter à déposer plainte, y compris contre les proches et les membres de la famille. «Les femmes victimes de violences doivent savoir qu'en Algérie il y a des lois qui les protégent.» Houari Kaddour, secrétaire général chargé des dossiers en rapport avec la défense des droits de l'homme, soutient de son côté que la plupart des raisons qui sont derrière la violence de manière générale trouvent leur explication dans la cellule familiale. C'est la raison pour laquelle, explique-t-il, «il est grand temps, pour intensifier les campagnes de sensibilisation en direction de la famille, notamment via les médias ». De son côté, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, a appelé jeudi à Alger, la société civile à contribuer efficacement aux efforts visant à mettre fin à la violence faite aux femmes. Les experts, selon la ministre, «doivent poursuivre les études et les recherches autour de la problématique de la violence au sein de la société en vue d'adopter des référents scientifiques pour tracer une politique nationale en la matière,afin de pouvoir cerner la source de ce fléau et prendre en charge les facteurs aggravants». Le phénomène de la violence contre les femmes ne doit pas avoir lieu en Algérie, a laissé entendre la ministre. «L'Algérie qu'on cite comme un exemple sur les plans arabe et africain dans la mise au point de stratégies nationales visant la promotion de la femme dans divers domaines, doit aussi être un exemple à donner en ce qui concerne l'absence de la violence contre les femmes». Par ailleurs, la ministre de la Solidarité nationale a précisé que les campagnes médiatiques et les cycles de formation initiés par le secteur pour renforcer les capacités des équipes multisectorielles chargées d'accueillir les femmes victimes de violences ou en difficulté, de les écouter et de les accompagner en vue de leur réinsertion, constituaient un des axes majeurs sur lequel repose la stratégie globale de lutte contre la violence faite aux femmes. Le Prix national sur la lutte contre la violence faite aux femmes, a été initié pour constituer un «précieux acquis pour les chercheurs, les professionnels, les inventeurs et les religieux appelés à contribuer à travers leurs travaux, à la lutte contre cette violence», a estimé la ministre.