Si la violence règne en maître dans nos stades, c'est parce que nous lui avons cédé la place. En considérant que le phénomène est une fatalité, que le stade est, par la force des choses, un lieu malfamé, un coupe-gorge où l'on risque sa peau, l'on souille ses oreilles et ses yeux, nous nous rendons coupables de complicité passive. D'abandon de poste, à tout le moins. Lutter à distance contre la violence rien qu'avec des «il faut qu'ils fassent ceci, fassent cela», c'est combattre contre des moulins à vent. Reconquérir progressivement les gradins, c'est le premier pas dans le chemin de la lutte, la vraie, contre la violence dans les stades. C'est, en substance, l'idée-force, le pivot du raisonnement et le germe de l'action, initiée par un collectif pluridisciplinaire, dont le noyau dur est composé d'anciens joueurs et arbitres, journalistes et commentateurs sportifs et élus d'assemblées nationales et locales, à la faveur d'une première rencontre tenue, samedi à Oran, dans le cadre d'une démarche citoyenne commune contre la violence dans les stades. Genèse de l'idée. « C'est simple. Comme tout être humain normalement constitué, comme tout Algérien, qu'il soit passionné de football ou pas, j'étais choqué par les images horribles qui se reproduisent, en boucle, dans nos stades. En Oranais qui se souvient, avec une certaine nostalgie, de la belle époque où le foot se conjuguait, tous les samedis et dimanches, avec le fair-play, le spectacle et le régal, aussi bien sur la pelouse, que dans les gradins et dans tout le pourtour du 19-Juin, j'étais peiné, consterné, outré, par ce qu'il en est advenu aujourd'hui. Connaissant d'anciens joueurs locaux, nationaux et internationaux, ainsi que d'anciens arbitres fédéraux et internationaux et autres journalistes et speakeurs sportifs, il m'est venu l'idée d'inviter ceux-ci avec des élus d'assemblées locales et des deux chambres du Parlement, avec comme objectif : se mettre en action, tous ensemble, pour stopper la violence dans nos stades», résume Bentria Hamid, qui tient à souligner que son initiative n'a aucune consonance politique, et ce pour preuve qu' «il y a parmi l'assistance de toutes les couleurs politiques et de tous les sigles partisans». Des familles dans le «19-juin»: un défi à relever Nouredinne Boukhatem, a eu à prononcer le propos d'ouverture de la rencontre, en sa qualité de maire de la ville, où il a affirmé que «la commune d'Oran ne ménagera aucun effort pour accompagner et soutenir cette bonne action visant à restaurer la paix, la quiétude et la sérénité dans nos stades, ce qui ne serait, tout compte fait, qu'un retour à la normale, à la nature des choses ». Abondant dans le même sens, les sénateurs Kazitani Abdelhak et Kacha Saïd ont, par ailleurs, insisté sur, d'une part, le rôle de l'action de sensibilisation auprès des jeunes et des comités de supporters, notamment, et de l'autre, le rôle clé et prépondérant que doivent jouer les présidents de clubs, en ce sens. Plusieurs icônes du ballon rond et noms emblématiques du foot oranais, parmi lesquels le doyen des joueurs du Mouloudia d'Oran, Hadj Lahouari Beddiar, l'ancien joueur et actuel porte-parole du même club, Abd El-Nacer Benchiha, l'ancien joueur mouloudéen et de l'équipe nationale, Guemri Mohamed Redouane, l'ancien arbitre international (1967 1991) Mohamd Hansal et l'ex-entraîneur Abdallah Mechri. Ont pris part à l'action également les célèbres commentateurs sportifs Benyoucef Ouadia et Mohamed Merzougui, qui ont été honorés par la même occasion. La rencontre a vu la naissance -en attendant l'accomplissement des procédures administratives- de l'association contre la violence dans les stades, dont les noms précités sont membres fondateurs, et qui sera présidée par M. Bediar, assisté par M. Hansal. Le statut et le plan d'action de cette association seront élaborés lors d'une prochaine rencontre, a-t-on précisé. D'ores et déjà, les membres fondateurs se sont donné un engagement et un mot d'ordre de faire en sorte que : « des familles et des femmes puissent assister aux matchs du championnat national au stade d'Ahmed Zabana, d'ici à février prochain, et ce, ne serait rien pour donner l'exemple ». Aussi, des rencontres seront organisées, prochainement, pour, entre autres, lancer un appel à l'ensemble des clubs locaux, aux joueurs, aux staffs techniques et en particulier aux supporters, afin de participer à la lutte contre la violence, dans les stades et à rendre plus hospitaliers nos stades et plus agréables les rencontres de football, organisées à travers tout le territoire national.