Les délégués des transporteurs de la wilaya d'Oran sont en colère. Ils brandissent la menace d'une protestation sans précédent et promettent de descendre dans la rue pour dénoncer des «manœuvres opaques visant à introduire un grand opérateur de transport de voyageurs dans des lignes saturées». «Tout à commencé quand l'entreprise de transport d'Oran (ETO) a lancé un avis d'appel d'offres national (N°04/DG/ETO/2016) pour choisir un opérateur pour desservir des lignes urbaines (4G, P1, B, 51) et suburbaines (Oran/Boutlélis et Oran/Aïn El Turck). Nous avons appris de nos sources que cet appel d'offres n'est en fait qu'une manœuvre pour introduire un opérateur privé connu à travers le territoire national. Cet opérateur privé convoite des lignes de transport urbain et suburbain qui sont saturées. «Ils ont certes changé les noms des lignes pour nous tromper, mais nous sommes conscients de la gravité de la situation. Dans ces temps d'austérité, nous avons appris que cet opérateur aura droit à un contrat de trois ans avec une rémunération de 17.500 dinars par jour et pour chaque bus. L'ouverture des plis de cet appel d'offres national est prévue aujourd'hui et au cas où nos craintes se confirment, nous allons lancer un mouvement de protestation d'une grande envergure», menace un membre du bureau local du syndicat national des transporteurs SNTT/UGTA. Il soutient que les transporteurs sont prêts à tout pour défendre leur gagne-pain. «La tutelle a gelé depuis plusieurs années les autorisations pour les lignes de transports urbain et suburbain en raison de la saturation du secteur. La quasi-totalité des transporteurs privés sont des jeunes chômeurs qui avaient bénéficié du dispositif ANSEJ pour lancer leur activité. Les lignes convoitées par cet opérateur sont surexploitées et il n'y a pas de place pour un concurrent de taille qui va écraser les petits transporteurs», confie ce délégué des transporteurs. Il est à noter que le secteur de transport par bus ou par taxis est au bord de la saturation à Oran. Les premières victimes de cette saturation sont les jeunes bénéficiaires du dispositif ANSEJ qui exercent dans un créneau «rassasié». Plus de la moitié des nouvelles sociétés créées dans le cadre de dispositif ANSEJ sont menacées de disparaître en raison de l'anarchie qui prévaut dans ce secteur. La quasi-totalité des nouvelles sociétés des jeunes bénéficiaires du dispositif ANSEJ ont été injectées dans des lignes saturées. Nombreux jeunes bénéficiaires sont en situation de cessation paiement. Ils arrivent difficilement à rembourser leurs crédits bancaires.