Le «bras de fer» engagé par l'Algérie avec l'Union européenne (UE), à propos de l'évaluation de l'Accord d'association sera-t-il résolu ? On se dirige vers la fin d'un « malentendu» entre Alger et Bruxelles, si l'on croit le directeur de la Coopération avec l'UE, auprès du ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani qui a annoncé que le document y afférent sera validé «en mars prochain à Bruxelles». Cette réunion, qui sera présidée, côté algérien, par son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, et Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l'UE, devra valider un document de référence «finalisé par les experts et les hauts fonctionnaires», dans le but de «renforcer et apaiser» les relations bilatérales, précisera Ali Mokrani. Ce dossier, au centre de tensions e,ntre Alger et Bruxelles, avait été sévèrement, critiqué par les économistes algériens du fait du déséquilibre flagrant, dans la balance des échanges commerciaux entre les deux parties. La raison en est simple, l'accord signé en avril 2002 a fait de l'Europe le premier partenaire économique de l'Algérie, représentant plus de la moitié des échanges commerciaux. Pourtant, l'accord, en l'état actuel, est vu d'Alger comme étant à sens unique, au profit du partenaire européen. Censé être «basée sur la réciprocité des intérêts et sur les avantages, mutuellement partagés», le constat, dix ans, après son entrée en vigueur, en 2005, ne laisse aucune place à une autre interprétation. La disparité dans le flux des échanges est flagrante, en dehors de la donne des hydrocarbures qui continuent de représenter 97 % des exportations algériennes vers l'UE. Sur dix ans, les exportations vers l'UE, hors-hydrocarbures, ont représenté 12,3 milliards de dollars contre quelque 195 milliards de dollars d'importation. C'est dans ce contexte de tension que le gouvernement algérien a, officiellement, demandé en octobre dernier, à Bruxelles «une évaluation du volet économique et commercial de l'accord». En octobre 2015, Ramtane Lamamra, et lors d'un Conseil des ministres, tenu sous la présidence du chef de l'Etat, avait considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'Accord. Il avait, aussi, convenu que la chute de près de la moitié des revenus extérieurs du pays, du fait de la crise du marché pétrolier, «rend, davantage, nécessaire cette évaluation» déclarant que «dans ce partenariat, l'Algérie a donné plus qu'elle a reçu». En 2014, Amara Benyounes, alors ministre du Commerce, faisait savoir que l'Algérie n'est pas contente des résultats de l'accord en question, remettant en cause sa dynamique qui signifiait, du côté algérien, une promotion de ses exportations hors-hydrocarbures, en direction de l'Europe. Dans une interview parue dans «The Parliament Magazine», le ministre reproche à l'accord, paraphé avec l'UE, de ne pas avoir répondu aux attentes algériennes, principalement, en termes d'échanges économiques et d'investissements directs étrangers (IDE) qui constituent, pour l'Algérie, en plus des exportations hors-hydrocarbures, «deux objectifs motivant la conclusion de tout accord de libre-échange». Et pour étayer son réquisitoire, M. Benyounes reviendra sur trois faits majeurs qui ont marqué les échanges commerciaux algériens avec l'Europe et qu'il estime qu'ils ont joué en défaveur du pays. Il évoquera un «déséquilibre structurel» de la balance commerciale hors-hydrocarbures en faveur de l'UE et conséquemment, un attrait qualifié de timide des IDE européens, notamment ceux orientés vers l'exportation dans les branches industrielles et filières agroalimentaires. Pour le directeur de la Coopération avec l'UE, l'évaluation de cet accord va permettre aux deux partenaires de «centrer leurs relations», durant les trois prochaines années, sur un «rééquilibrage des intérêts», notamment sur la diversification de l'Economie algérienne.