«C'est un projet d'autant stratégique qu'il est directement lié à la sécurité alimentaire, dans un contexte de flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché international », a souligné le wali à l'occasion de la pose de la première pierre, hier, au pôle agroalimentaire en devenir d'El Hamoul, d'un complexe de trituration de graines oléagineuses, raffinage et conditionnement des huiles végétales, premier projet du genre en Algérie. Tout l'intérêt de cet investissement du groupe SIM, d'un montant de 13 milliards de DA, est dans le fait qu'il sonne le glas d'une dépendance quasi totale de l'Algérie vis-à-vis de l'étranger en matière d'huile de table, mais également pour ce qui est de l'aliment à bétail. En ce sens qu'il s'agit de la première usine qui fera dans la trituration des graines oléagineuses, tous les opérateurs existant sur le marché national se contentant de raffiner les huiles brutes importées. Avec entre autres retombées économiques à moyen terme : la réduction à 22% de l'importation des huiles brutes, soit un gain de 110 millions de dollars par an, et à 50% de l'importation de tourteaux, soit un gain de 300 millions de dollars par an ainsi qu'un dividende de 50 millions de dollars/an sur la balance des devises. Abdelkader Taïeb-Ezzraïmi, le PDG du groupe SIM, a réitéré, lors de la cérémonie marquant le coup d'envoi du chantier, son engagement à mettre sur pied ce complexe dans 26 mois, laissant le soin à son fils la présentation du planning et autres aspects techniques de la réalisation du projet, lequel se fera en partenariat avec le groupe Avril à travers sa filiale Lesieur. Investissement de 13 milliards de DA, 1.200 emplois directs Et ce, dans le cadre d'une alliance stratégique conclue entre les deux groupes, qui ont notamment ceci de commun qu'ils sont présents dans des secteurs aussi diversifiés que l'alimentation humaine, la nutrition animale, les énergies renouvelables, etc. Le complexe projeté par le groupe SIM à Oran, via sa filiale ACG basée à El Hamoul, qui sera mis en exploitation en juin 2019, aura une capacité de trituration d'un million de tonnes/an de graines oléagineuses, pour en extraire 760.000 tonnes de tourteaux et 194.000 tonnes d'huile alimentaire. «Nous comptons fournir aux opérateurs locaux l'huile brute et couvrir ainsi une bonne part du marché national en cette matière première importée à 100% de l'étranger. Mieux, nous pourrons en exporter vers 2020. C'est valable pour le tourteau dont notre pays importe 1,6 million de tonnes par an », annonce le patron du groupe. Taïeb-Ezzraïmi est ambitieux autant qu'il a le vent en poupe : il ne veut pas se contenter de «presser» les graines de soja, colza et tournesol pour en extraire l'huile, mais il veut lui-même cultiver ces plantes oléagineuses quelque part au Sud, et boucle ainsi la boucle. Et il est bien placé pour le savoir. En Algérie, si on prend comme référence une consommation moyenne de 12 litres d'huile par habitant par an, pour une population de 36 millions d'habitants, les besoins seraient de 432.000 tonnes par an. C'est la totalité de ces huiles qui sont importées sous forme d'huiles brutes qui sont raffinées en Algérie. Avant la suppression de la culture de certaines plantes oléagineuses durant la décennie 1980, on cultivait du tournesol et du carthame et la trituration se faisait localement. Avec ce type d'importation, nous perdons un produit de valeur, «le tourteau», qui, à son tour, sera importé séparément pour satisfaire les besoins alimentaires des animaux d'élevage (aviculture et élevage bovin). Projet d'usine d'aliments à bétail sur le même site C'est ainsi qu'un pays d'Europe trouve en l'Algérie un grand pays importateur, bon client qu'il faut à tout prix fidéliser. Les bonnes intentions de développer les cultures de colza et de tournesol en Algérie sont toujours au stade d'étude et ce, depuis 2003 ! Si le tournesol et le carthame étaient cultivés dans un passé récent, le cotonnier l'était aussi, il a été introduit en Algérie au VIIIe siècle. En 1967, plus de 4.000 ha étaient cultivés dans les régions de Annaba, Chlef et Mostaganem. Le colza et le soja ont fait l'objet de plusieurs essais durant plusieurs années dans les périmètres du Haut Cheliff, de la Mitidja, de Mohammadia et d'Annaba. Sous climat sub-humide, en Kabylie (Itmas de Boukhalfa), plusieurs essais factoriels menés ces dernières années confirment les potentialités de ces cultures tant sur le rendement en huile qu'en richesse en protéines. Le PDG du groupe SIM a fait savoir également qu'il projetait de monter, sur un terrain mitoyen à celui du futur complexe de trituration, une autre usine de fabrication d'aliments à bétail, semblable à celle d'Aïn Defla, par le biais de la coentreprise franco-algérienne SIM Spa et Sanders (filiale du groupe Avril), inaugurée en 2015, pour une capacité de production de 150.000 tonnes.