La campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole s'est déroulée cette année dans des conditions exécrables, au milieu de rumeurs extravagantes et d'une psychose qui ont fait que beaucoup de parents d'élèves ont refusé de faire vacciner leurs enfants. Au départ, près de 6 millions d'élèves, du primaire et du moyen, des secteurs publics et privés, étaient concernés, quel que soit leur statut vaccinal. Après une panique générale qui s'est emparée des parents d'élèves et de ceux-ci eux-mêmes, la campagne de vaccination avait été interrompue. Invité hier mercredi par la radio nationale à faire le bilan de cette campagne de vaccination et expliquer ce qui s'est vraiment passé dans les établissements scolaires, le Pr. Smail Mesbah, directeur général de la Prévention au ministère de la Santé, a d'abord relevé que «si on s'en tient aux résultats, c'est mitigé. Sur 6 millions d'élèves, seulement 1,5 million ont été vaccinés dans des conditions de sécurité optimales». Par contre, «sur le point de vue sécurité, c'est appréciable, même si du point de vue nombre c'est mitigé», a-t-il ajouté. Selon le Pr. Mesbah, «c'était une étape avec l'objectif d'avoir 90% d'enfants vaccinés» pour la rougeole et la rubéole. Commentant certaines informations faisant état d'accidents et d'enfants gravement malades après avoir été vaccinés, il a souligné qu'«il y a eu de petits incidents bénins observés suite à la campagne de vaccination, mais il y a eu des frayeurs, une psychose et des inquiétudes d'enfants». Selon lui, «il y a eu des informations infondées sur cette campagne de vaccination, et ces rumeurs infondées ont été ravageuses, comme cette exigence de la signature d'un document par les parents a été responsable de ces frayeurs». Pour autant, le Pr. Mesbah, a dégagé la responsabilité des services de santé affirmant qu'en «aucun cas les services de santé n'ont demandé une quelconque décharge». Il n'a pas voulu vraiment pointer le doigt vers la partie responsable de cette psychose et du refus des parents de faire vacciner leurs enfants. «L'obligation était de réunir les conditions optimales de sécurité de cette vaccination, mais il y a eu ce document qui a circulé et que nous réfutons». Un document avait été présenté aux parents d'élèves qui devaient le signer avant la vaccination, ce qui a jeté le trouble sur cette vaccination et un grand émoi au sein des élèves dans les établissements scolaires. Etait-ce un zèle intempestif de certains chefs d'établissements scolaires? «Je ne peux me prononcer sur cela. Pour nous elle est intempestive», a-t-il seulement répondu. Ces incidents ont provoqué un charivari entre les ministères de la Santé et de l'Education. Pour clore l'incident, on a décidé d'interrompre la campagne de vaccination et de la reprendre sous une autre forme. Le Comité national de vaccination avait été saisi. Après sa réunion sur ces incidents, le comité a d'abord dit, selon le Pr. Mesbah, que «la vaccination est un impératif de santé publique ; qu'elle doit être poursuivie pour éliminer ces maladies graves et mortelles. S'agissant de la vaccination contre la rougeole et la rubéole, elle doit se poursuivre, par rapport au risque de retour», a ensuite expliqué le comité national de vaccination. D'autant plus qu'aux Etats-Unis et en Europe où il n'y a plus de vaccination, elle est réapparue, a ajouté M. Mesbah en rappelant les cas de décès en Roumanie. «Tout recul de la vaccination est un retour puissant de cette maladie. En 2017, nous n'avons plus de cas de rougeole, après l'élimination de la poliomyélite», a-t-il affirmé. Mais, après ce qui s'est passé en ce mois de mars, le ministère de la Santé a décidé de poursuivre la vaccination contre ces deux maladies, mais sous une autre forme. «Nous avons estimé que cette campagne va se poursuivre dans le cadre du dispositif annuel de rattrapage à la rentrée scolaire prochaine. Ceux qui n'ont pas été vaccinés le seront dans des structures de santé», a-t-il confirmé. D'autre part, le directeur général de la Prévention au ministère de la Santé a affirmé que la qualité des vaccins importés par l'Algérie ne peut-être remise en cause. «Il y a 5 ou 6 producteurs mondiaux de vaccins connus et reconnus, et c'est auprès de ces producteurs que l'Institut Pasteur achète ses vaccins. Tous ces vaccins sont homologués par l'OMS, garante de leur efficacité et leur innocuité», insiste le Pr. Mesbah. Les vaccins «sont aux normes optimales et universelles. Ce qui nous importe, c'est qu'ils obéissent aux normes et standards internationaux. On achète les vaccins dans des proportions importantes, l'essentiel est que cette garantie soit là», ajoute t-il. Sur le coût de cette campagne de vaccination, il a expliqué que la dose pour la rougeole et la rubéole est de 0,78 euro. Pour 6 millions de doses, faites vos comptes !» Cette campagne de vaccination avait mobilisé 5.000 médecins et 8.000 paramédicaux, avec l'objectif d'arriver à l'éradication totale de la rubéole et de la rougeole d'ici 2020, selon le ministère de la Santé. En Algérie, la couverture sanitaire est de 90%. «Nous n'avons pas de flambée épidémique. Par contre, tout relâchement de la vaccination expose au risque de flambée épidémique». Le Pr. Mesbah souligne encore que l'«objectif est de vacciner tout le monde. Avec un taux de 90%, nous avons protégé la population et les 10% restants est le virus a été vaincu». Sur le cas du vaccin Pentavalent, le Pr. Mesbah a rappelé que «des mesures de protection ont été prises par le ministère dès le lendemain de l'accident pour la poursuite de la vaccination, quels que soient les résultats de l'enquête judiciaire». Pour rappel, la vaccination des enfants au Pentavalent avait été suspendue au mois d'octobre dernier par le ministère de la Santé après le décès de deux nourrissons dans une polyclinique de Rouïba. Le vaccin avait été dans une première étape retiré, puis la vaccination avait repris deux mois plus tard, en décembre. L'enquête judiciaire est toujours en cours, a par ailleurs confirmé M. Mesbah.