A la lumière des informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux et reprises par certains médias concernant ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Tahkout, le ministre de l'Industrie et des Mines a réagi en indiquant qu'une inspection mixte sera dépêchée à l'usine de montage des véhicules Hyundai de Tiaret, de la société «Tahkout manufacturing company» (TMC). Une première réaction officielle à une affaire qui risque de faire grand bruit si l'enquête venait à confirmer les faits. En effet, la TMC est soupçonnée d'importer des véhicules clés en main auxquels ne manqueraient que les roues. Des photos de véhicules de la marque sud-coréenne plastifiés, dans des conteneurs, ainsi que des clichés ayant filtré de l'intérieur même de l'usine de Tiaret posent des questions auxquelles le gouvernement doit répondre et donner suite. Pour le moment, la réponse du premier concerné, le ministre de l'Industrie reste évasive, évitant de trop impliquer et son département et son Premier ministre. Bouchouareb se contentera d'annoncer l'envoi, par Sellal, d'une inspection mixte comprenant l'Inspection générale des Finances, l'Inspection générale des Douanes et l'inspection générale de l'Industrie ainsi que les représentants de l'ENACTA (Etablissement national de contrôle technique automobile), sur le site de l'usine. «On verra ce qu'il y a lieu de faire», dira-t-il encore. Comme première ligne de défense, le ministre a relevé que «TMC a signé un engagement et un cahier des charges, et la première inspection a donné un résultat positif», sans pour autant donner des précisions sur ce premier contrôle de l'usine. A sa décharge, Bouchouareb a indiqué avoir averti, il y a quelques semaines, que les investisseurs dans l'activité de montage des véhicules «seront observés et les conséquences seront tirées au cas où il y aurait des défaillances». Un balisage prémonitoire qui met, néanmoins, le gouvernement dans une position délicate, vis-à-vis de ce sujet puisque TMC a reçu toutes les aides des pouvoirs publics pour mener à bien son projet à Tiaret. Théoriquement la fiche technique de l'usine annonçait, en début 2016, que l'usine emploie 4.000 travailleurs et commence à monter 60.000 véhicules pour atteindre les 100.000 à l'horizon 2020. Cette usine de montage, sur 24 ha, a coûté 250 millions de dollars. L'enquête gouvernementale, si elle est déclenchée et va au bout, devra répondre à beaucoup de points d'interrogation concernant une prétendue fraude, à grande échelle, et définir les responsabilités et les complicités de chacun. A ceux qui voyaient un lien, de cause à effet, entre l'usine de montage de Tahkout et l'interdiction supposée d'importer des véhicules neufs, le ministre de l'Industrie a expliqué que si le quota d'importation des véhicules, pour 2017, n'a pas été arrêté, c'est à cause du Comité interministériel chargé de définir la quantité à importer qui ne s'est pas, encore, réuni. A ce propos, il a rappelé que les licences d'importation des véhicules relevaient d' «une décision d'un comité présidé par le Premier ministre». L'année dernière, 98.374 unités ont été importées. Quant à la facture d`importation des véhicules de tourisme durant les deux premiers mois de cette année, elle s'est établie à 158,67 millions de dollars contre 243,04 millions sur la même période de 2016. Les véhicules de transport de personnes et de marchandises ont coûté 104,96 millions de dollars contre 142,22 millions et la facture des parties et accessoires des véhicules automobiles, elle s'est élevée à 59,24 millions de dollars contre 66,85 millions de dollars en 2015.