C'est la flambée sur le marché de la cigarette. Les consommateurs s'insurgent, encore une fois, à propos de ces augmentations des prix de cigarettes qui tombent sans crier gare, faisant grimper les prix de plusieurs marques étrangères de cigarettes. On signale une hausse sauvage atteignant plus de 20 dinars par paquet, chez certains buralistes. Il est vrai que les augmentations des prix des cigarettes sont devenues monnaie courante, car des hausses périodiques sont appliquées par les buralistes, qui ne sont que le dernier maillon de la chaîne ou du circuit de distribution, mais il y a comme une odeur de roussi, dans ce secteur qui semble échapper au contrôle de l'Etat, parce que les augmentations en question sont, pour la plupart unilatérales, pas forcément décidées par le producteur, qui garde, quand même, une grande part de responsabilité, dans cette fluctuation des prix, ni par l'Etat qui influe, généralement, une fois l'an, sur ces prix avec l'introduction de hausses sur les taxes par le biais de la Loi de finances. «Les producteurs qui s'en lavent les mains des ces augmentations, car l'essentiel pour eux est d'approvisionner les quatre gros commerçants qui tiennent, en main, ce marché juteux, très juteux, au prix officiellement déclaré, sans ce soucier de la suite des évènements», révèlent des sources proches des circuits du marché des tabacs. La STAEM, la société qui produit des marques étrangères en Algérie, avait rendu public un communiqué, au début de l'année, indiquant les nouveaux tarifs qui concernent tous les détaillants, sur le territoire national, suite aux hausses prévues dans la Loi de finances 2017, signalant que Marlboro est cédé à 230 dinars, LM et Winston à 180 dinars, Camel à 210 dinars et Gauloises à 200 dinars. Plus de 3 mois après ce communiqué, on est très loin des prix fixés par ce producteur. Qu'on en juge à partir de cet exemple de prix actuels de 3 marques étrangères, en l'occurrence Gauloises à 250 dinars, LM et Winston à 220 dinars et Marlboro à 270 dinars. Et ce ne sont pas des prix qu'on peut trouver chez tous les buralistes, parfois c'est plus cher. «Effectivement, le marché est très instable, imprévisible, variant des fois entre deux buralistes situés à quelques mètres l'un de l'autre», nous dira un buraliste. Continuant son explication, il dira que «cela dépend de la source d'approvisionnement», car le phénomène de la spéculation est plus lourd dans ce marché. C'est pour cela que le consommateur perd totalement le nord. Il faut demander chaque jour le prix de son paquet de cigarettes. «Malgré l'absence totale des opérations de contrôle, nos prix obéissent à ce que nous fixent les grossistes, et notre marge bénéficiaire ne subit en fait aucun changement», plaide sa cause un buraliste. Bizarre que le marché de la cigarette ne fasse l'objet d'aucune opération de contrôle ?! «Est-il un marché où les prix sont librement fixés, qu'on nous le dise alors», s'exclament, dans ce sillage, des consommateurs. En tout cas, il s'agit de sommes colossales qui échappent au fisc. On notera, dans ce cadre, que le marché algérien du tabac est l'un des plus florissants, en Afrique, avec quelque 30 milliards de cigarettes vendues par an, d'une valeur de 2,3 milliards de dollars, et il ne s'agit que de chiffres qui percent la fumée opaque, enveloppant les transactions dans ce domaine où le trafic a tissé sa toile, y compris les tabacs de production locale, notamment la Chemma' ou le tabac à chiquer. Selon certains avis, la hausse qui intervient, en ce mois d'avril, est un prélude à d'autres augmentations sauvages qui interviendraient durant la saison estivale, où l'on enregistre un pic de la consommation. Mais, ce n'est pas, toujours, la grogne qui suit ces hausses de prix, car des professionnels de la santé et les associations de lutte contre le tabagisme affichent leur satisfaction totale sur ce registre. Pour ces derniers, «il est même souhaitable de rendre le prix du paquet de cigarettes inaccessible pour de larges couches de la population, car c'est le seul moyen de casser la consommation».