Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, a minimisé l'ampleur et le degré de gravité des irrégularités ayant entaché la campagne électorale pour les législatives du 4 mai. M. Derbal a précisé hier, au forum d'El Moudjahid, que mis à part les dépassements signalés lors de la confection des listes électorales où des personnes ont été arrêtées par les services de sécurité pour marchandage avec des listes, le reste «ce sont des irrégularités qui ne sont pas si graves et ne discréditent en aucun cas le processus électoral». En poursuivant «notamment quand on constate l'existence d'une certaine interactivité entre l'instance et les partis politiques concernés», autrement dit, affirme-t-il, «il y a eu toujours une réponse positive ou des tentatives de rattrapage après chaque mise en demeure formulée par l'instance à l'endroit des partis responsables de dépassements». L'invité du forum d'El Moudjahid a évoqué les irrégularités sévèrement critiquées par les internautes et la presse, celles relatives aux candidates sans visage, appelées «candidates fantômes», sur les listes de certains partis. Le président de la HIISE a justifié cet état de fait par la pudeur de certaines candidates ou par l'attitude de leurs époux, notamment ceux de lintérieur du pays, qui refusent toujours que le visage de leurs femmes candidates soit dévoilé dans les lieux publics. Une justification qui a été vite commentée par les journalistes, «les personnes notamment les femmes qui ne veulent pas afficher leur photo n'ont pas à se porter candidates, puisqu'elles seront appelées à siéger au Parlement et elles seront filmées automatiquement par la presse audiovisuelle». Ne voulant pas polémiquer sur cette question, Abdelwahab Derbal reconnaît qu'il y a en fait un vide juridique, puisque la loi a laissé la voie libre pour les candidats et les candidates qui veulent afficher leur photo ou ceux qui se contentent d'afficher leur nom. Il rappelle que ce qui est formellement interdit par la loi est de mettre la photo d'un mannequin ou la photo de personne étrangère sur le nom de celui qui s'est porté candidat. Il a, pour l'occasion, salué le parti du FFS, parmi les partis concernés par cette anomalie et qui s'est vite rattrapé tout en demandant des excuses auprès de l'Instance. L'autre irrégularité signalée par M. Derbal, c'est l'utilisation de procédé publicitaire commercial au profit de certains candidats pourtant interdits par la loi. «Malheureusement, nous avons constaté lors de cette campagne l'affichage publicitaire commercial de certains candidats y compris dans le secteur public», a-t-il averti, précisant que malgré nos mises en demeure, certains continuent à le faire. Interrogé sur les dépassements constatés dans le discours électoral, M. Derbal a reconnu l'existence de certaines «exagérations» et un certain «excès de zèle» mais pour lui, cette façon de s'exprimer reflète en fait «le problème culturel algérien». Il a toutefois minimisé ces dépassements. «On est loin des insultes directes, on a constaté certains dépassements chez des candidats qui sont passés à la radio, mais il s'agit beaucoup plus de critique du programme de l'autre, ce qui peut être normal dans une campagne électorale». En ce qui concerne l'utilisation des mosquées dans le processus électoral, Derbal n'y voit aucun inconvénient quand il s'agit d'un exercice d'intérêt général au profit de la nation et non pas au profit des personnes ou des partis politiques. Ce qui est interdit, précise-t-il, c'est l'utilisation de la mosquée en faveur d'un parti politique contre un autre ou à la faveur d'une personne contre une autre. Ceci dit, M. Derbal n'est pas contre que des imams s'impliquent en appelant les Algériens à aller voter. «L'administration et les walis ne sont pas des colonisateurs» Le président de la HIISE a affirmé que son instance est jeune et son introduction dans la Constitution de 2016 ainsi que ses prérogatives définies dans la loi fondamentale, elle est une des garanties qui mènera notre pays vers des élections libres et démocratiques. Il a affirmé que ceux qui doutent de la transparence de ces élections ont peur en fait de la démocratie et non de la fraude. Et de préciser «si on veut fermer la porte à la fraude, il faut plus de travail, plus de militantisme et de nationalisme». Il a appelé, dans ce sens, tous les acteurs des sociétés d'éviter les préjugés précoces, «les walis et l'administration ne sont pas des colonisateurs». Et de rappeler que toute personne impliquée dans une tentative de fraude électorale sera punie pour haute trahison. M. Derbal a évité d'appeler directement les Algériens à aller voter, mais il a beaucoup insisté lors de son intervention sur le danger que guette notre pays, en raison de la situation préoccupante qui prévaut dans la région, notamment sur le plan sécuritaire. Il rejoint ainsi l'avis du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, qui avait affirmé à Boumerdès que «la participation au prochain scrutin est la meilleure voie à même de préserver les acquis de sécurité et de stabilité». Les observateurs internationaux seront au rendez-vous Au-delà de la contribution effective de la HIISE au bon déroulement en toute «démocratie» et en toute «transparence» des élections, des observateurs internationaux seront aussi au rendez-vous, selon l'invité du Forum d'El Moudjahid. Le président de la Haute Instance a affirmé qu'une délégation de l'Union européenne contrôlera les élections législatives du 4 mai prochain. Et d'affirmer que 150 observateurs sont issus de la Ligue arabe, 150 autres de l'Union africaine, une vingtaine de l'Organisation de la coopération islamique, outre des observateurs de l'Union européenne et de l'ONU, qui seront aussi présents.