Les partis en campagne pour les élections législatives de mai 2017 ne se préoccupent pas et n'accordent pas d'intérêt aux questions de santé publique, à la santé du citoyen. C'est du moins le constat du Pr Djamel Eddine Nibouche, chef du service cardiologie à l'hôpital Nafissa Hamoud' (Ex Parnet), hier lundi, dans son intervention à la radio nationale. Durant cette campagne électorale, aucun candidat n'a abordé les questions de santé publique, le fléau du tabagisme, le manque de médicaments. «Il y a un désintérêt des politiques à des questions importantes pour la société», souligne le Pr Nibouche, pour qui «les préoccupations du citoyen en matière de santé sont énormes, dont le fléau du tabagisme». «Il est certain que la santé du citoyen devrait être une des priorités de la campagne électorale de ces partis», affirme-t-il, avant de regretter que «cette problématique a été toujours marginalisée, et des préoccupations plus importantes d'ordre politique sont mises en avant, mais les questions de santé du citoyen sont également sérieuses», relève t-il. Parmi les fléaux menaçant la santé publique, il cite en particulier le tabagisme, qui est la principale cause de décès prématurés, en Algérie, dont 35% de cancéreux et 15.000 morts par an. «En 2030, 2 millions d'Algériens mourront de tabagisme», a-t-il prévenu, estimant que le «tabagisme est précoce (en Algérie), et c'est un problème de santé publique majeur auquel devraient s'intéresser les candidats.» Il a, ainsi, rappelé une enquête sur le tabagisme en milieu scolaire qui a révélé que 20% de lycéens fument, 40% sont des fumeurs passifs, et 70% des fumeurs sont au courant des méfaits du tabac dans nos lycées.» «C'est quand même un problème de santé publique majeur, qui devrait être au devant des campagnes des partis politiques», souligne-t-il, avant d' insister : «il faut absolument que la loi sur le tabac soit effective sur le terrain.» Corrélativement, il a expliqué que les maladies cardiaques sont la première source de mortalité, en Algérie, 32% dans le monde, et l'Algérie n'y échappe pas, car 45% d'Algériens mourraient de leur coeur.'' Le Pr Nibouche a, également, rappelé que le plan antitabac existe dans le plan stratégique national multisectoriel de lutte intégrée contre les maladies transmissibles, 2015-2019. «Il y a dans ce plan 4 objectifs: renforcer la législation et la règlementation antitabac avec la convention cadre de l'OMS, réduire le tabagisme, l'aide au sevrage tabagique et mettre en place un système complet et permanent de surveillance du tabagisme», explique t-il, avant de préconiser la mise en place d' «un comité de surveillance de tous les fléaux sociaux en Algérie.» Dès lors, «il faut sensibiliser les politiques, car ils ne le sont pas assez sur ces problèmes cruciaux, en Algérie, pour qu'ils puissent être à même de pouvoir donner les meilleures actions possibles, qui soient effectives et efficaces.» Par ailleurs, le Pr Nibouche estime que «les futurs représentants du peuple sont partout, mais pas à la rencontre des malades et des médecins, c'est un oubli malheureux, le malade est un problème citoyen, il faudrait qu'ils aillent voir ces malades, et prendre conscience des problèmes de santé publique», estime t-il. «C'est une préoccupation citoyenne pour se mettre au courant des fléaux de la santé, et les problèmes de santé et du citoyen doivent être parmi les priorités des politiques et des représentants du peuple», estime, encore, le Pr Nibouche pour qui «la nouvelle loi sanitaire doit être discutée dans les deux chambres du parlement. On attend son adoption, c'est une loi sérieuse élaborée par des experts sérieux, et toute loi sur la santé est la bienvenue.» Mais, il relativise les choses en affirmant: «'encore faudrait-il que cette loi soit appliquée. La faisabilité des lois est importante, elle est fondamentale pour discuter une loi.» Il a, ainsi, rappelé que 70% de l'ancienne loi sanitaire n'ont pas été appliqués sur le terrain, et «là les décideurs doivent être attentifs à l'application du moindre détail de la loi sur la santé, qui doit être adoptée par les deux chambres du parlement. Une loi, si elle existe, est là pour être appliquée», insiste le Pr Nibouche. Sur le dualisme secteur privé-public en matière de santé, il a affirmé «qu'il n y a qu'une seule santé dans le pays.» Il faut éviter, a-t-il suggéré, «la séparation entre secteurs public et privé. Il y a des normes, comment peut-on mettre un mur entre le privé et le public ? Ils doivent être complémentaires et se préoccuper des problèmes de santé publique et du citoyen. C'est fondamental, la nouvelle loi l'a prévu pour cette complémentarité, dans la santé en Algérie.» Il a, par ailleurs, préconisé que les hôpitaux algériens soient «mieux gérés», car il y a «beaucoup de gaspillage». Enfin, il a dénoncé les pratiques de la médecine illégale, parallèle, et la désinformation sur certains médicaments.