Constat ■ Quarante-cinq personnes décèdent chaque jour en Algérie en raison de maladies particulièrement graves causées par la consommation de tabac. Selon les spécialistes de la santé, 7 000 cas d'infarctus du myocarde sont causés annuellement par le tabagisme en Algérie, outre 3 500 à 4 000 cas de cancer du poumon et entre 7 000 à 10 000 naissances prématurées avec décès du fœtus en Algérie. La sonnette d'alarme est tirée. «Dans nos services, 60 % des patients admis pour des soins sont fumeurs», a révélé ce jeudi matin dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale le Pr Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie à l'hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet). C'est dire que le tabagisme représente un grand problème de santé publique dans notre pays. «Il est la première cause de mortalité évitable. Il est certain que protéger les populations des méfaits du tabac est une affaire d'une extrême importance liée, bien entendu, à des actions de santé publique», a-t-il ajouté. Pour faire de la santé publique, il est évident d'émettre des lois. Ces lois existent. Elles sont nombreuses même. En 1985 déjà, il y avait la loi 85-5 du 16 février interdisant de fumer dans les lieux publics et qui protège de ce fait le citoyen de ce qu'on appelle le tabagisme passif. Il est à rappeler également l'arrêté du 15 juillet 1999 portant création du Comité médical national de lutte antitabac. Il y avait eu aussi des circulaires ministérielles allant dans ce sens. Malgré cet arsenal juridique interdisant de fumer dans des lieux publics, les fumeurs continuent de «polluer» l'air dans ces endroits. Pour le professeur, il est peut être temps de passer du passif au répressif, comme ce fut le cas pour la ceinture de sécurité «imposée» par une amende. «Lâcher sa cigarette dans les lieux publics, relève aussi d'un problème de société. Ainsi, il faudrait d'abord que notre société soit sensibilisée», a insisté le Pr Djamel Eddine Nibouche. Il est question de sensibiliser au fait que celui qui ne fume pas a le droit d'exiger à ce qu'il ne soit pas enfumé. «Car, celui qui fume a le devoir de ne pas empoisonner l'autre», a-t-il affirmé, estimant d'autre part que fumer en présence de ses enfants à la maison est «un crime». «Cet enfant risque de devenir le premier consommateur une fois adulte», a averti le Pr Nibouche. La prévention constitue également un des axes essentiels de lutte contre le tabagisme, selon l'invité de la Radio nationale. «Cela pourrait débuter à partir des bancs de l'école où l'enseignant devrait, lui aussi sensibiliser ses élèves quant aux méfaits du tabagisme», a-t-il souligné à propos.