Chiffre n Plus de la moitié des élèves de 15-17 ans (62,35%) a fumé des cigarettes durant les 30 derniers jours. C'est ce qui ressort d'une enquête récente réalisée par le Conseil des lycées d'Alger (CLA), qui précise que ces élèves ont pris moins d'une cigarette par jour tandis qu'environ 25% fument plus de 5 cigarettes par jour. Cette catégorie d'usagers réguliers pourrait être déjà concernée par un usage problématique du tabac. De son côté, le professeur Djamal-Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie à l'hôpital Nafissa-Hamoud (ex-hôpital Parnet, Hussein-Dey) lors de son intervention hier lundi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a attiré l'attention sur le danger pernicieux que représente la consommation de ce produit, particulièrement pour la population juvénile, en raison de la facilité avec laquelle il peut être acquis auprès des buralistes. S'appuyant sur des statistiques, le professeur Nibouche a révélé que 20% des jeunes fumeurs ont été répertoriés en milieu scolaire, appelant les pouvoirs publics à réprimer pénalement la vente de tabac aux mineurs. Il relève, aussi, que le tabagisme est en train de prendre de l'ampleur chez les femmes. «En Algérie, nous sommes passés des maladies de la misère, à celles observées dans les pays développés où se sont étendues les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l'hypertension, dont la cigarette représente l'une des principales causes», a-t-il déploré rappelant que le tabac provoque la mort de 15 000 personnes par an. Pour la lutte contre le tabagisme, ce praticien estime qu'elle doit prendre en compte des aspects pluridisciplinaires dont le plus important, selon lui, réside dans l'éducation de la société. «C'est, un problème de civisme et de respect d'autrui, vis-à-vis duquel, aucun effort n'a encore été entrepris», a-t-il regretté. Appelant à l'instauration d'un plan national anti-tabac, à l'exemple de celui institué pour mener la lutte contre le cancer, le professeur Nibouche a, en outre, proposé la création de services de sevrage tabagique et la formation de médecins spécialisés en tabacologie chargés de les animer. La consommation de tabac en Algérie, est à l'origine de 35% des cancers diagnostiqués. «Le tabac, est devenu une drogue très facile d'accès», a averti le professeur Nibouche. Le tabagisme est désigné par les spécialistes de la santé publique comme étant la première cause de mortalité «évitable». Pourtant, les lois contribuant à lutter contre ce fléau ne manquent pas. Elles sont nombreuses même. En 1985 déjà, il y avait la loi 85-5 du 16 février interdisant de fumer dans les lieux publics et qui protège de ce fait le citoyen de ce qu'on appelle le tabagisme passif. Il est à rappeler également l'arrêté du 15 juillet 1999 portant création du Comité médical national de lutte antitabac. Il y a eu aussi des circulaires ministérielles allant dans ce sens. Malgré cet arsenal juridique interdisant de fumer dans des lieux publics, les fumeurs continuent de «polluer» l'air dans ces endroits. Pour le professeur Nibouche, il est peut être temps de passer du passif au répressif, comme ce fut le cas pour la ceinture de sécurité.