Les 20 et 21 mai prochain, Ryad la capitale saoudienne abritera un sommet arabo-islamique-américain en présence du président américain Donald Trump dont il est attendu qu'il s'entretiendra avec les chefs d'Etats arabes et musulmans qui y prendront part. Les hôtes saoudiens de l'évènement se sont employés à lui assurer une participation de ces chefs d'Etat qui soit démonstrative de la volonté du monde arabo-islamique d'entretenir de bonnes relations avec l'Amérique et poursuivre avec elle une coopération renforcée. Il y a toutefois que ce sommet peut donner lieu à des malentendus en raison que les Américains et les Saoudiens qui en sont les initiateurs vont chercher à obtenir son accord sur d'autres dossiers et problèmes que ceux avancés pour sa tenue. Washington et Ryad ne cachent pas en effet qu'ils oeuvrent à la constitution d'une alliance américano-arabo-islamique dirigée contre l'Iran, de même qu'ils sont en accord sur les modes de règlement des conflits dont le monde arabo-musulman est le théâtre, dont celui entre Israël et les Palestineins. Une concordance de vue que Donald Trump et les hôtes du sommet ne manqueront pas d'afficher et d'inviter les autres participants à partager. Si pour l'Arabie Saoudite une alliance de la sorte a l'avantage de constituer pour elle une protection dissuasive contre la prétendue menace que représenterait l'Iran, pour les Américains, elle a celui d'entraîner les Etats arabo-islamiques à accepter le remodelage géopolitique de leur région que l'Amérique s'est fixé pour objectif depuis son intervention militaire en Irak. En acceptant de s'y intégrer, les Etats arabo- islamiques qui le feront deviendront « nolens volens » les supplétifs d'un plan et d'une stratégie qui, au-delà de viser à contrer les ambitions iraniennes, prétendument hégémonistes et clivantes du Monde musulman, donneront une réalité à celle dont les dirigeants de l'Etat sioniste sont totalement imprégnés et qui dans le but de la faire aboutir, sont les maîtres à penser de la politique américaine à l'égard du monde arabo-islamique telle qu'elle s'esquisse depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. L'alliance dont Donald Trump et le roi d'Arabie Selman essayeront de jeter les bases au sommet de Ryadh disposera quasi implicitement que l'Etat sioniste en sera partie prenante, d'où l'obligation pour ses autres contractants de normaliser leurs relations avec lui et d'emmener les Palestiniens à accepter le règlement du conflit israélo-palestinien sous l'égide américano-saoudienne. Laquelle égide convient on ne peut mieux à l'Etat sioniste du moment que l'Amérique et la monarchie saoudienne ont donné leur acquiescement aux conditions qui sont les siennes et sont déterminés à les imposer aux Palestiniens. En se rangeant derrière l'Amérique et l'Arabie Saoudite sous prétexte de faire front à la prétendue menace iranienne (celui de la lutte contre le terrorisme n'étant que subsidiaire pour les initiateurs du sommet) les Etats participants ne feront que donner l'ultime coup de poignard à la résistance du peuple palestinien et sa lutte pour la reconnaissance de son droit à avoir son propre Etat tel qu'il lui est reconnu par la communauté internationale et les Nations Unies.