La colonisation israélienne avance, le Conseil de sécurité déplore Avec la résolution qui réaffirme l'attachement à la solution dite des deux Etats comme seule démarche pouvant régler le conflit israélo-palestinien, ils ont proprement enfoncé une porte ouverte depuis des décennies. La question est devenue une ritournelle. A quoi peuvent bien servir les sommets arabes dont une enième session vient de se tenir jeudi à Amman? A rien, répond la vox populi, de l'Atlantique au golfe arabo-persique, si ce n'est à permettre aux rois et aux quelques chefs d'Etat conviés, d'adopter des résolutions qui demeureront, presque toutes, lettre morte jusqu'à la réunion nouvelle. Bien sûr, la veille de ces rendez-vous, les médias s'attardent sur la dimension historique des retrouvailles et sur l'importance des thèmes inscrits à l'ordre du jour. Toujours les mêmes, en général, et toujours abordés avec le même détachement. Ainsi, pour le peuple palestinien, par exemple, combien de sommets ont défilé depuis la guerre des Six Jours suivie de l'occupation par Israël des terres palestiniennes de Cisjordanie et de Ghaza? Si, par miracle, une résolution avait suscité le versement par chacun des Etats membres de la Ligue arabe d' 1% seulement de ses revenus au bénéfice de la cause palestinienne, nul doute qu'on ne verrait pas, comme c'est le cas depuis de nombreuses années, ce peuple martyre faire face non seulement à l'oppression barbare d'un Etat sioniste aveuglé par sa puissance et son impunité totale, mais aussi à une misère socio-économique indicible, noyée dans l'insondable indifférence de dirigeants détenteurs de fortunes colossales grâce aux richesses pétrolières dont profitent les multinationales, les pays occidentaux et ce même Etat sioniste qui neutralise jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU. Jeudi dernier, donc, le cérémonial a été identique à ceux des sommets précédents. En grande pompe, ils se sont retrouvés pour sceller les mêmes promesses sans lendemain et ratiociner sur la nécessaire solidarité des peuples arabes confrontés au défi sioniste. Rompus dans l'art de brasser du vent, les participants ont malgré tout réussi quelque chose, faire honneur à la mer Morte. Avec la résolution qui réaffirme l'attachement à la solution dite des deux Etats comme seule démarche pouvant régler le conflit israélo-palestinien, ils ont proprement enfoncé une porte ouverte depuis des décennies. Et c'est depuis des décennies que cette revendication est répétée encore et encore, le droit du peuple palestinien à recouvrer sa souveraineté sur les territoires occupés en juin 1967, y compris El Qods la capitale de son Etat légitime. Un voeu pieux, pour lequel on ne peut pas dire que les sacrifices ont été immenses et les efforts inlassables. A l'heure où Donald Trump valide allègrement la voracité de la colonisation israélienne qui a déjà avalé des terres et des villes à en veux-tu en voilà, et promet même de transférer l'ambassade des Etats-Unis à...El Qods dont l'Etat hébreu voudrait faire sa capitale éternelle, envers et contre le monde musulman tout entier, voilà donc l'arme fatale des sommets arabes qui oeuvrent paisiblement à la sauvegarde des lieux saints de l'Islam. Trump veut conclure une solution américano-israélienne qui se fonde sur un seul Etat dans lequel Israéliens et Palestiniens seraient des compatriotes heureux. Une fumisterie dont il n'est même pas nécessaire de se demander qui serait le dindon de la farce! A Amman, la riposte a été foudroyante car le sommet en a appelé à la communauté internationale pour faire barrage au projet israélo-américain. Est-ce pour cela que l'administration Trump a reconnu hier que l'expansion des colonies n'est «pas bonne pour la paix»? De fait, la mise en garde du nouveau secrétaire général de l'ONU, mardi, en Jordanie même, a été édifiante, bien qu'elle fût consacrée à la Syrie. Lors d'une visite dans le camp de réfugiés de Zaâtari, Antonio Guterres a déclaré que «l'unité arabe était un élément très important dans le but de stabiliser la région»... «Quand les pays arabes sont divisés, cela permet à d'autres d'intervenir, de créer de l'instabilité, de faire naître des conflits et de faciliter la vie des organisations terroristes», a-t-il asséné, la veille du sommet annuel de la Ligue arabe. Sans doute, les dirigeants des pays membres de cette organisation, devenue un «machin» depuis l'avènement du Printemps arabe, n'ont-ils pas entendu ce message...