Les exportations hors hydrocarbures sont au fil du temps devenues un véritable serpent de mer. Jamais l'Algérie, en dépit des différents programmes et facilitations depuis les années 1990, n'a pu aller au-delà des 1,8 à 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures. Avec la crise financière actuelle née de la baisse des recettes pétrolières, il est plus que vital que la tendance soit inversée, avec plus de volume d'exportations hors hydrocarbures. Selon Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens, cela est possible, mais.... Dans une intervention à la radio nationale hier mardi, il a estimé que le nouveau gouvernement de M. Tebboune qui avait assuré l'intérim du ministère du Commerce, sera 'très utile'' pour relancer cet objectif. Il a souligné que «le passage du Premier ministre en tant que ministre du Commerce nous a été très utile». «2017 va être une année de l'exportation. Il nous a demandé de travailler dans ce sens et il y a cette volonté, nous sommes dans l'action. Nous nous attendons à ce que 2017 soit le début de ce processus. Ali Bey Nasri, qui a reconnu que l'objectif des trois milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures n'a jamais été atteint, estime qu'il faut d'abord «donner confiance aux exportateurs», «aller vers des plans déclinés de manière sectorielle», «présenter des plans sectoriels de développement des exportations». Il a également rappelé qu'«il y a des propositions. Nous avons besoin de cette vision, d'une stratégie. Il faut que tous les partenaires aillent vers un diagnostic» de la situation, explique M. Nasri. «Ce diagnostic doit être sectoriel, pour voir quels secteurs potentiels» doivent soutenir les exportations. «Il y a eu des assises de l'Industrie pour identifier les filières d'exportation, mais le diagnostic sectoriel n'est pas encore fait», a-t-il affirmé. Pour le président de l'association des exportateurs algériens, «il faut aller vers un diagnostic général et une diversification des exportations algériennes». La baisse des réserves de changes sont passées de 194 milliards de dollars en 2012 à 114 md de dollars en 2017. Entre 2012 et 2017, «nous avons perdu 77 milliards de dollars» du fait de la faiblesse du niveau des exportations hors hydrocarbures, a-t-il encore indiqué. «On aurait pu injecter cet argent dans une industrie des exportations». La solution est donc d'aller vers la diversification des exportations et aller vers les filières. «On importe pour l'équivalent de 600 millions de dérivés de phosphates alors que ce produit peut être exporté». Mais, il y a les blocages et une réglementation des changes dépassée, a-t-il estimé. A la Tripartite de 2011, 70 mesures d'encouragement des exportations ont été prises, identifiées, mais «seulement 6 ou 7 ont été appliquées». Selon Ali Bey Nasri, «notre hantise en tant qu'association c'est que le gouvernement aille vers une plus grande limitation des importations et qu'on n'aille pas suffisamment vers l'exportation». «Tous les efforts du gouvernement vont aller à l'effort de substitution des importations par les exportations», a t-il dit avant de fustiger l'actuelle réglementation des changes en dépit de quelques améliorations. «Il y a beaucoup de contraintes et de rigidités dans la réglementation des changes», car «il y a tout un dispositif à revoir. Le dernier règlement date de 2007, il faut qu'il s'adapte à 2017, et les gens ont besoin de visibilité à l'international et de s'installer à l'international». M. Nasri affirme en outre que «le règlement 01-07 est dépassé, et il faut que la Banque d'Algérie règle ce problème, il faut réviser la loi 14-04». «Nous avons bon espoir que la confiance revienne aux exportateurs», estime M. Ali Bey Nasri. «Il faut que l'Etat mette le cadre global de facilitation, et aux entreprises de s'y insérer à l'intérieur». D'autant plus qu'il faut également «laisser les régions exporter. Il ne faut plus que l'administration décide de manière ésotérique quoi exporter». Estimant d'autre part que le premier débouché des exportations algériennes est l'Europe, le président de l'association des exportateurs algériens relève que l'ouverture de la Transaharienne est importante. Cette route «va faire augmenter nos exportations vers l'Afrique. «On peut multiplier par dix nos exportations avec l'ouverture de cette route».