Prise à la gorge par la baisse des recettes pétrolières, l'Algérie doit, impérativement, muscler ses exportations et sortir de l'impasse financière dans laquelle elle a été plongée par la baisse des cours du brut. C'est le message lancé, hier mardi, sur les ondes de la Chaîne 3 par le président de l'Association des Exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri. Pour lui, il faut inverser la tendance et encourager, par tous les moyens, les exportations, avec un soutien en amont aux exportateurs et industriels. M. Nasri, qui a estimé «positives» les mesures prises récemment par la cellule d'écoute mise en place par le Premier ministre, a relevé que «les exportateurs attendaient un geste positif, cela a été réalisé, et les problèmes sont en train d'être résolus.» Pour autant, le vrai problème demeure, et c'est celui de la législation des changes qui doit être «revisitée». «Dans la réglementation des changes, il n'y a pas eu d'évolution», a-t-il dit, relevant que «le problème est la législation des changes qu'il faut revoir. Il faut que le Conseil de la Monnaie et du Crédit rende attractif l'acte d'exporter», soutient le président des Exportateurs algériens, pour qui «il faut réviser la législation des changes», et «s'il y a un obstacle à l'exportation, c'est celui-là». Pour lui, «la législation actuelle fait que l'exportateur est un suspect en puissance, et donc il faut revoir cette législation.» Le gouverneur de la Banque d'Algérie a été saisi par écrit, selon M. Ali Bey Nasri, «mais ça ne bouge pas!». «Le déficit commercial va se creuser, à la fin de l'année, à plus de 21 milliards de dollars, et il faut, donc, booster les exportations et lever les obstacles administratifs.» Pour lui, il est plus qu'urgent de «positionner l'Algérie dans la demande mondiale, (car) nous sommes dans un état d'urgence économique.» Sur les 3,5 milliards de dollars exportés en 2014 vers les pays africains, 80% sont des produits d'hydrocarbures, et seulement 54 millions de dollars de produits hors cette filière, déplore le président des Exportateurs algériens. «C'est très peu. Il y a un diagnostic à faire et aller en profondeur, dans cette stratégie de développement de l'exportation vers l'Afrique.» Et, surtout, «rendre attractif l'acte d'exporter, et ne plus considérer les exportateurs comme des délinquants. La législation des changes nous plombe et plombe les exportations», a-t-il fait remarquer, car «nous sommes à 300 millions de dollars d'exportation, (et) c'est très peu». S'il estime qu'il faut renégocier certains accords commerciaux régionaux, il se pose la question de savoir pourquoi «le secteur public n'est pas exportateur, alors qu'il a des potentialités.» Il estime que la prochaine tripartite va, encore, discuter de la nécessité de booster les exportations, mais cela ne «servira à rien tant que la législation des changes ne bouge pas.» Pour lui, il faut que les exportateurs puissent rapatrier rapidement leur argent, et en disposer «comme ils l'entendent.» Il estime, en outre, que le Conseil de la Monnaie et du Crédit, dépendant de la Banque d'Algérie, revoit sa perception des exportateurs et ouvre une nouvelle ère pour les soutenir, ne cachant pas, à demi-mot, les facilités accordées aux importateurs. Enfin, signe du déclin des exportations algériennes, il a indiqué que le taux de couverture des importations par les exportations va passer de 74%, en 2015 à 51%, en 2016.