Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) s'est joint au concert des critiques de certains programmes télévisuels proposés par les chaînes privées, surtout en prime-time. Dans un communiqué rendu public hier, l'organisme présidé par Mme Benzerrouki Fafa Sid Lakhdar a exprimé son inquiétude au sujet de certaines chaînes de télévision privées dont les programmes «incitent ouvertement à la violence contre les femmes», appelant les autorités judiciaires à «appliquer les lois en vigueur pour mettre fin à toutes les formes de discrimination véhiculées par ces médias». La discrimination et l'incitation publique à la discrimination perpétrée par des personnes physiques ou morales sont punies par la loi conformément aux articles 295 bis 1 et 2 du Code pénal. Le CNDH évoque des discriminations basées sur le sexe, la race, la couleur et le handicap et recommande que les cahiers de charges inhérents aux médias aillent dans ce sens en comportant des clauses bannissant toutes les formes de discrimination, conformément aux dispositions du code pénal. A ce propos, le Conseil a appelé l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) «à prendre les mesures nécessaires, qui lui sont conférés par la loi, pour s'assurer du respect de tous les programmes audiovisuels, quels que soient les moyens utilisés, des lois et règlements en vigueur». L'ARAV, rappelons-le, qui a été au centre de toutes les interrogations sur son rôle et ses missions après la diffusion d'une caméra cachée, piégeant grossièrement l'homme de lettres Rachid Boudjedra. La séquence avait provoqué l'ire et l'indignation de beaucoup de gens et un sit-in avait été tenu face au siège de l'Autorité pour dénoncer ces dérives. Face à ce tollé, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, avait affirmé que l'ARAV doit «pouvoir assumer ses responsabilités». Lors de sa rencontre avec le président de l'Autorité, le ministre l'a assuré de sa disponibilité et du soutien du gouvernement afin de lui permettre d'assumer pleinement ses responsabilités et ses missions telles que le stipulent les textes de loi en vigueur. La loi 14-04 du 24 février 2014 relative à l'activité audiovisuelle stipule que l'ARAV doit veiller à l'impartialité des personnes morales exploitant les services de communication audiovisuelle. Aussi, à la veille du ramadhan, l'ARAV avait exhorté les chaînes de télévision algériennes à observer les «principes d'intérêt général» afin d'éviter les «dérives» constatées les années précédentes, prenant en exemple des émissions comme celles de la caméra cachée qui «doivent faire l'objet d'un examen attentif». L'ARAV avait averti qu'«il arrive souvent que ce genre d'émissions livre, sous couvert de divertissement, des séquences dont la brutalité et la vulgarité sont une insulte à la dignité humaine». Il faut se rendre à l'évidence que les mises en garde de l'Autorité n'ont pas eu beaucoup d'effets sur la qualité des programmes proposés, ce qui a poussé le CNDH à réagir. Le Conseil estimant que ces programmes censés divertir, particulièrement pendant le mois du carême, dégradent la dignité de la femme et incite publiquement, à travers les images et la parole, les adultes et les enfants, à passer à l'acte, banalisant la violence faite aux femmes. Le communiqué souligne aussi l'influence des médias sur le développement psychologique de l'enfant.