C'en est fini pour le championnat professionnel de Ligue 1 Mobilis, cuvée 2016-2017. Une saison très mal jugée par les spécialistes, qui estiment unanimement que c'est le pire exercice depuis l'avènement du professionnalisme, lequel demeure, bien évidement, l'arbre qui cache la forêt. Le rideau est donc tombé mercredi avec le déroulement de la 30e et dernière journée, qui a vu le RCR emboîter le pas au CAB et au MOB, relégués avant l'heure. Or, cette fin de saison n'a pas échappé à la règle et, comme chaque année, des voix de se sont élevées pour dénoncer le jeu de coulisses, l'arbitrage, le favoritisme et la corruption, qui gangrènent le sport roi en Algérie, qui fut jadis la fierté de tous. C'est dire que les saisons se suivent et se ressemblent et on parle d'un championnat «pourri» ou en partie corrompu, mais rien n'est fait pour arranger les choses, notamment en ce qui concerne la programmation des matches qui laisse vraiment à désirer cette fois-ci, ne prouvant que l'incompétence des responsables de la LFP. C'est donc avec un lot de déceptions, et elles sont nombreuses, qu'a été marquée la saison qui vient juste de connaitre son épilogue. A noter que l'attaquant du NAHD, Ahmed Gasmi, a saisi l'occasion du déroulement de la dernière journée pour secouer les filets contre le MOB (1-1) pour la 14e fois de la saison et s'adjuger le titre de meilleur buteur du championnat, devant Mohamed Amine Hamia (CRB -13 buts). Au total, 490 buts ont été inscrits lors des 240 matchs de Ligue 1, soit une moyenne de 2,04 buts par rencontre. Avec 50 buts inscrits, l'USMA a terminé meilleure attaque, alors que le paradoxe concerne l'USMH, qui avec 21 buts encaissés détient la meilleure défense, mais la plus mauvaise attaque (15 réalisations). L'Entente un champion par défaut Dire que l'Entente de Sétif est un champion par défaut, n'est finalement pas sévère, car les statistiques parlent d'elles-mêmes. Or, et sans vouloir diminuer de la valeur du groupe, ni des efforts consentis par les joueurs, entraîneurs et dirigeants, nous avons l'impression que l'ESS s'est retrouvée leader, puis champion sans vraiment se donner à fond. Sinon, comment expliquer qu'avec seulement 16 victoires et avant deux journées de la fin, le team d'Aïn El Fouara s'est adjugé le huitième titre de son histoire, alors qu'il ne dispose ni de la meilleure attaque, ni même de la meilleure défense ? En tout cas, et au vu de leur début très difficile cette saison, se voyant même «disqualifiés» prématurément de la Ligue des champions d'Afrique, personne n'aurait misé sur les Sétifiens, puisque les répercussions se sont vite fait ressentir, après notamment le départ de l'entraîneur Abdelkader Amrani. Cependant, et en dépit de ses cinq points de retard sur le MCA, champion de l'aller, l'Entente est parvenue à revenir au-devant de la scène et le retour de Kheïreddine Madoui a eu l'effet escompté, lui qui est l'architecte du sacre africain de 2014. Toutefois, l'on retiendra surtout que c'est n'est pas forcément le plus fort qui a remporté le championnat cette saison, et cela prouve effectivement que le nivellement des valeurs s'est effectué par le bas, et cette saison a été très en deçà des attentes. Le MCA, l'USMA, l'USMBA et la JSS sur un sentiment d'inachevé Le champion sortant, l'USMA, a terminé sur le podium certes, mais a fait preuve d'une irrégularité inexplicable, notamment en dehors de ses bases en concédant plusieurs défaites en dépit d'une ligne offensive très performante, avec 50 buts inscrits. Les gars de Soustara, entraînés par le Belge Paul Put avaient dès le départ du mal à conserver leur couronne. Or, toujours en course en Ligue des champions d'Afrique, les Usmistes n'ont vraiment pas l'intention de se rater, puisque c'est le seul moyen désormais pour sauver leur saison. Par ailleurs, un peu dans l'ombre durant les premières journées, le MCA a quand même enchaîné de bons résultats, notamment lors de la fin de la phase aller, ce qui lui a valu le titre honorifique de champion d'automne. Il faut avouer que le travail accompli par Mouassa Kamel n'est pas fortuit. Pour l'heure, le MCA, qui a terminé la saison en tant que dauphin, joue encore sur deux tableaux, à savoir la Coupe d'Algérie et la Coupe de la CAF. L'autre équipe, qui a fait preuve de régularité, n'est autre que l'USMBA, drivée par Chérif El Ouazzani Si Tahar, considéré comme l'un des principaux artisans de cette belle saison des «Scorpions» qui, sans la crise financière, les problèmes administratifs et la programmation hasardeuse, auraient pu prétendre à mieux. Enfin, la JSS, l'équipe intransigeante à domicile, est parvenue à terminer la saison au pied du podium, laissant toujours cette bonne impression de la saison écoulée où elle avait réussi à arracher une place de vice-champion d'Algérie. La grosse satisfaction pour les gars de Béchar, c'est qu'ils demeurent invaincus chez eux depuis janvier 2015. Des déceptions à la pelle C'est une grosse désillusion qui est venue de la part de grosses pointures telles que le CRB, le NAHD, le CSC, la JSK et le MCO. Le constat est d'autant plus amer pour ces formations en raison essentiellement de la mauvaise gestion et la vision erronée de certains dirigeants, qui n'ont jamais tracé de réels objectifs. Le CRB, qui a eu du mal à décoller, a fait les frais de l'instabilité prévalant au niveau organisationnel, se montrant irrégulier pendant toute la phase aller. La venue du président Hadj Mohamed et l'engagement du technicien marocain Badou Zaki ont été les deux tournants décisifs dans l'avenir du club, qui disputera prochainement la demi-finale de la Coupe d'Algérie. L'autre équipe, qui n'aurait certainement pas mieux espéré pour cette fin de saison, le NAHD, a récolté 40 points. Un bilan juste moyen, certes, mais satisfaisant pour le team d'Alain Michel qui a remplacé Youcef Bouzidi, limogé au terme de la 8e journée. Aussi, le MCO qui a laissé une bonne impression à la fin de la phase aller, s'est complètement effondré lors du cycle retour, faisant preuve d'une incroyable inefficacité, ce qui a débouché sur le départ de Belatoui Omar, même si son successeur, Jean Michel Cavalli, qui s'est dit venu en pompier, n'a pas trouvé utile l'idée de signer un contrat. Mais comme chaque saison, le Mouloudia fait les frais de son entourage et la naïveté de son président Baba. Dans le lot des équipes qui ont énormément déçu, il y a incontestablement la JSK, complètement méconnaissable et avec des joueurs qui n'ont pas forcément fait l'unanimité et n'était-ce le retour des enfants du club, à savoir Moussouni et Rahmouni, l'avenir de l'équipe était très indécis. Fait marquant: la JSK a attendu les trois dernières journées pour assurer sa survie, au terme d'une saison à marquer d'une pierre noire l'histoire du club, d'où la nécessité pressante d'un grand remue-ménage à la JSK. Pour sa part, le CSC, habitué à jouer les premiers rôles, a également déçu, faisant les frais d'une instabilité technique avec pas moins de trois entraîneurs consommés : Didier Gomes, Karim Khouda et Miguel Viccario, avant que Abdelkader Amrani ne vienne arrêter l'hémorragie. Ceci dit, le parcours du Chabab est complètement raté, car ce n'est que lors de l'avant-dernière journée que l'équipe a sauvé sa peau de la relégation. Par ailleurs, considéré comme une véritable révélation la saison passée, le DRB Tadjenanet n'a pas été capable de rééditer ses belles performances. Drivé par Meziane Ighil, qui a remplacé le sympathique Liamine Boughrara, le Difaâ a sué avant de se mettre à l'abri lors de ces deux dernières semaines. Une copie à revoir pour les dirigeants. Enfin, l'USMH, qui ne s'est maintenue que grâce à la «baraka» du dernier match, termine la saison à la traîne, en raison de l'insouciance des dirigeants. L'O Médéa a faussé le championnat Considéré comme l'agréable surprise à la fin de la phase aller, l'Olympique de Médéa, qui avait gagné l'estime des puristes, a complètement faussé le championnat lors des dernières journées, lâchant inexplicablement du lest. D'ailleurs, le dernier match à domicile face à l'USMH, a ressemblé beaucoup plus à une séance d'entraînement qu'un match officiel dans un spectacle pitoyable et flagrant. Une pratique indigne d'un club comme l'O.M, qui a indirectement condamné le RCR au purgatoire. Ceci dit, les dirigeants de Médéa estiment qu'ils n'ont jamais cautionné le foot-business. Or, la réalité est toute autre ! Le RCR, le CAB et le MOB retour à l'envoyeur ! Autant le dire tout de suite: Ce ne sont pas les plus faibles qui ont rétrogradé. Ce sentiment est partagé par tous, car comment se réjouir de la descente du RCR une équipe qui pratique un beau football et qui «a été sacrifiée pour sauver certains, soi-disant grands clubs», dénonce l'entraîneur du Rapid, Moaz Bouakez. Pourquoi les responsables de la LFP continuent de faire la sourde oreille concernant l'affaire des trois points défalqués au RCR ? Que dire du MOB, qui en novembre 2016 disputait la finale de la Coupe de la CAF, qu'il avait perdue au profit du TP Mazembe ? Toutefois, et de l'avis des spécialistes, si le CAB, habitué lui à prendre l'ascenseur, n'a rien fait pour éviter la descente, le MOB, confronté à une crise financière aiguë, a également fait les frais d'une programmation hasardeuse, où il s'est retrouvé à jouer trois matches en l'espace d'une semaine, alors que le RCR a été nettement victime du jeu de coulisses. Mais attention ! Une probable décision du TAS pourrait chambouler toutes ces données Ceci dit, et sans vouloir accuser quiconque, il faut tout de même avouer que la faute incombe également aux dirigeants de clubs, qui ne se mettent à bouger que lorsque les feux passent au rouge et lorsqu'il est souvent trop tard.