Malgré le danger et les campagnes de sensibilisation, les Oranais continuent de s'approvisionner auprès des colporteurs d'eau dont une bonne partie ne respecte pas les règles. C'est le constat fait dans plusieurs points de vente d'eau. Les propriétaires de certaines citernes galvanisées non entretenues et complètement rouillées ne se gênent guère et continuent à vendre une eau dont l'origine est très douteuse. Au lieudit El Hassi, à l'ouest de la ville d'Oran, dès les première heures, une multitude de camions-citernes de toutes dimensions et toutes formes commence à affluer pour s'approvisionner des puits qui se trouvent un peu partout dans cette région. Des puits dont la majorité sont illicites et non contrôlés. Sous un soleil de plomb, bactéries et autres germes pullulent. On retrouve même des citernes en plastique, vrai nid à microbes ! Du côté du bureau d'hygiène communal, même si certains puits sont contrôlés, on apprend que la délivrance des autorisations pour les colporteurs a été suspendue il y a déjà des années, ce qui laisse entendre que des colporteurs exercent sans aucun contrôle. C'est un vrai sujet de préoccupation pour les services sanitaires qui soupçonnent la présence d'éléments dangereux dans le liquide servi aux citoyens par des colporteurs peu scrupuleux. Même si l'eau fournie par la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR) est potable, surtout que SEOR détient la certification ISO 17025 qui spécifie les exigences de qualité et de compétence propres aux laboratoires d'essais et d'analyses, l'Oranais ne consomme pas l'eau du robinet. C'est parce qu'il s'est habitué depuis des décennies à consommer de l'eau distribuée par les colporteurs alors que la prolifération des maladies à transmission hydrique (MTH) n'est pas écartée. Il y a lieu de signaler que l'eau transportée et stockée dans ces citernes plastiques ayant contenu auparavant des produits chimiques ou non alimentaires est hautement toxique. C'est à ce titre que la sonnette d'alarme vient, une nouvelle fois, d'être tirée par la direction de la santé qui met en garde contre la consommation, à long terme, de l'eau des citernes «jetables». Il faut aussi savoir que l'exploitation de l'eau des puits à Oran n'est souvent pas respectée, surtout lorsqu'on sait que dans la seule localité d'El Hassi 50% des puits sont exploités illicitement. D'autre part, le stockage prolongé de l'eau par des revendeurs activant dans des locaux est un autre danger pour la santé. Dans plusieurs quartiers d'Oran, le constat est le même. Des locaux au bas des immeubles, dans les caves ou autres, sont utilisés pour stocker l'eau dans des citernes. De nombreux habitants de la ville ont recours aux citernes d'eau et n'ont pratiquement aucune idée sur les conditions d'hygiène ni de l'endroit où s'approvisionnent les colporteurs d'eau. Chaque année, près de 200 cas d'hépatite A sont enregistrés à Oran. Ce chiffre est loin de la réalité. Selon les statistiques de la DSP, seulement 10% des cas sont pris en charge par les services de la santé, les autres se dirigent vers la médecine alternative. Parmi les causes de l'hépatite A, la consommation d'une eau insalubre entraînant une infection et une inflammation du foie. Contrairement à l'hépatite B et à l'hépatite C, l'hépatite A n'entraîne pas de maladie hépatique chronique et est rarement mortelle, mais peut provoquer des symptômes débilitants et une hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë) qui conduit souvent à une issue fatale. Concernant la médecine alternative, en 2013, le service de prévention à la direction de la santé de la wilaya a recensé trois décès d'enfants suite à des séances de «scarification» (incision) où le malade avale des surdoses d'une plante connue sous le nom «mélisse». En 2014, deux décès ont été signalés.