Finalement, la réaction la plus sage et la plus logique en ces moments de forte tension, qui rappelle l'angoisse de la guerre froide, est venue de la Russie et de la Chine dans ce front ouvert par le président américain Donald Trump contre la Corée du Nord. Jeudi au Conseil de sécurité, au lendemain de déclarations incendiaires de Trump contre son homologue nord-coréen, Moscou et Pékin avaient appelé les deux camps au calme. Si le chef de la diplomatie chinoise avait rappelé les vertus du dialogue et de la « négociation, seule solution » pour résoudre cette crise, son homologue russe Serguei Lavrov n'a pas hésité, quant à lui, à dénoncer « l'hystérie militaire qui mène non seulement à l'impasse mais aussi à la catastrophe ». Le bellicisme du président américain, ses provocations répétées contre Pyongyang, et l'isolement diplomatique, économique et militaire du régime nord-coréen font craindre le pire dans cette région devenue un terrain de jeux politico-militaires entre les trois superpuissances du monde, la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Mais, alors que Pékin et Moscou tentent de calmer l'hystérie du président américain et le jusqu'au-boutisme de Kim Yong-Un, Washington a envenimé la situation en imposant de nouvelles sanctions économiques contre le régime nord-coréen, notamment en interdisant toutes transactions financières ou commerciales avec Pyongyang, et en traquant les éventuels contrevenants à cet embargo non déclaré. La situation est telle qu'une forte tension se dégage de cette partie du monde, en partie après le dernier tir de missile nucléaire nord-coréen. Ce que beaucoup redoutent, c'est que la diatribe verbale actuelle mène à l'irréparable entre les deux dirigeants, tous les deux classés dans la catégorie des « fous » autant aux Etats-Unis pour Trump que dans le reste du monde pour Kim Yong-Un, qui a même dénoncé « l'attitude mentalement dérangée d'un président des Etats-Unis », avant d'annoncer qu'il fera payer cher « à l'homme à la tête du commandement suprême aux Etats-Unis son discours appelant à la destruction totale de mon pays ». Mais, hier samedi, Donald Trump, peut-être le plus « va-t-en-guerre » des présidents américains depuis Roosevelt, a vu s'ouvrir un second front, et non des moindres, contre sa politique diplomatique insensée, belliqueuse. Après la menace d'un acte suicidaire, un tir de missile à tête nucléaire de Pyongyang contre un pays de la région allié des Etats-Unis, Téhéran a annoncé le tir réussi d'un nouveau genre de missile à têtes multiples et d'une portée de 2.000 km, c'est-à-dire pouvant atteindre Israël. Le missile « Khoramshahr » donne une nouvelle configuration et rééquilibre les forces en présence dans cette partie du monde, comme il recontextualise la crise actuelle entre Washington et l'Iran, après que Trump ait menacé de sortir son pays de l'accord sur le nucléaire iranien. L'annonce de ce missile dont la portée peut être rallongée intervient dans un climat de tensions géopolitiques nées de déclarations intempestives et agressives du chef de la Maison blanche, qui est en train de se mettre à dos progressivement autant ses alliées que ses ennemis, menant tout droit les Etats-Unis vers une crise sans précédent avec le reste du monde. Les deux garde-fous que sont Moscou et Pékin ne pourront indéfiniment protéger le monde contre des actes insensés, désespérés de nations blessées par l'arrogance d'un président. Et même la Russie et la Chine ne pourront dans des situations pareilles calmer « rocket man », capable d'un geste irréparable. Du style, la peur doit changer de camp, que pourrait adopter l'Iran si par malheur Donald Trump viendrait à franchir les limites politiques du tolérable pour les Gardiens de la révolution.